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Les banques créent-elles spontanément des dépôts bancaires?
Dans le sillage de la crise financière de 2008, l’émission de monnaie de la part des banques commerciales est aujourd’hui fréquemment critiquée, notamment par les tenants des cryptomonnaies et les partisans de l’initiative «Monnaie pleine», écrit l’économiste Jonathan Massonnet, de la Haute Ecole de gestion de GenèveL’initiative «Monnaie pleine», qui vise à laisser à la Banque nationale suisse la totalité de l’émission des francs, part de l’idée que les banques créent de la monnaie à travers leur activité de crédit. Le problème serait que, quand elles octroient des crédits sans ressource préalable, les banques n’émettent en réalité qu’une promesse de monnaie: les banques offrent du «virtuel contre du réel», donc «achètent» des ressources (un titre) aux emprunteurs en ne «vendant» rien en contrepartie.Cela se pourrait dans un «système à réserves fractionnaires», au sein duquel les banques ne détiennent en monnaie centrale (les billets de banque et les réserves auprès de la banque centrale) que l’équivalent d’une fraction de leurs engagements, en particulier les dépôts à vue. Aussi les déposants ne retrouveraient-ils qu’une partie de leurs dépôts à vue quand ils décideraient de les retirer en billets, la différence constituant une promesse que les banques ne peuvent, par définition, jamais tenir.Une lecture tronquée de l’histoireSi séduisant qu’il soit, cet argumentaire ne résiste pas à l’étude de l’émission monétaire et de la comptabilité à partie double, à laquelle l’activité bancaire est soumise. Déjà, les initiants proposent une lecture tronquée de l’histoire de la monnaie, qui n’est pas uniquement le fait du prince ou de l’Etat, mais également celui du marchand et du banquier, la monnaie étant appelée (elle est endogène) par l’activité économique.
Dans le sillage de la crise financière de 2008, l’émission de monnaie de la part des banques commerciales est aujourd’hui fréquemment critiquée, notamment par les tenants des cryptomonnaies et les partisans de l’initiative «Monnaie pleine», écrit l’économiste Jonathan Massonnet, de la Haute Ecole de gestion de Genève
L’initiative «Monnaie pleine», qui vise à laisser à la Banque nationale suisse la totalité de l’émission des francs, part de l’idée que les banques créent de la monnaie à travers leur activité de crédit. Le problème serait que, quand elles octroient des crédits sans ressource préalable, les banques n’émettent en réalité qu’une promesse de monnaie: les banques offrent du «virtuel contre du réel», donc «achètent» des ressources (un titre) aux emprunteurs en ne «vendant» rien en contrepartie.
Cela se pourrait dans un «système à réserves fractionnaires», au sein duquel les banques ne détiennent en monnaie centrale (les billets de banque et les réserves auprès de la banque centrale) que l’équivalent d’une fraction de leurs engagements, en particulier les dépôts à vue. Aussi les déposants ne retrouveraient-ils qu’une partie de leurs dépôts à vue quand ils décideraient de les retirer en billets, la différence constituant une promesse que les banques ne peuvent, par définition, jamais tenir.
Une lecture tronquée de l’histoire
Si séduisant qu’il soit, cet argumentaire ne résiste pas à l’étude de l’émission monétaire et de la comptabilité à partie double, à laquelle l’activité bancaire est soumise. Déjà, les initiants proposent une lecture tronquée de l’histoire de la monnaie, qui n’est pas uniquement le fait du prince ou de l’Etat, mais également celui du marchand et du banquier, la monnaie étant appelée (elle est endogène) par l’activité économique.
L’émission monétaire par les banques
Ceci renvoie à l’étude de l’émission de la monnaie par les banques, qu’il s’agit de mener sans se donner une monnaie centrale préexistante (au contraire des partisans de la théorie du multiplicateur monétaire). Faisant table rase, les initiants pensent que les banques créent de la monnaie par la voie du crédit bancaire: en octroyant ex nihilo un crédit à un client, une banque ouvre à son passif un dépôt à vue et inscrit à son actif le crédit. Si elle laisse croire que la monnaie procède d’une création spontanée, une telle affirmation n’est pas valide pour deux raisons:– Il n’y a pas de création nette de la part de la banque puisque le client est créancier (il est titulaire d’un dépôt à vue) de celle-ci, qui est elle-même créancière (au niveau du crédit) de ce même client, d’où la nullité de l’opération d’ensemble.– Les banques n’ouvrent jamais ex nihilo de dépôts à vue, ces derniers étant toujours le résultat d’une opération économique, à savoir un paiement. En pratique, les banques ouvrent des lignes de crédit, sur lesquelles les clients tirent (ce qui inscrit des crédits à l’actif des banques) pour effectuer leurs paiements (pensez à l’exemple du crédit à la construction), cela au bénéfice des payés, qui deviennent alors titulaires de dépôts à vue. Elles ne peuvent devenir créancières (en achetant un titre au payeur) qu’en devenant simultanément débitrices (en vendant un titre au payé), la comptabilité à partie double interdisant toute alchimie telle que décrite ci-dessus.Si la monnaie procède des paiements, c’est que toute émission monétaire revêt un objet, qui est le fait du circuit économique. Il faut ainsi étudier l’émission monétaire des banques dans le cadre de la production, de la transmission (sur le marché financier) et de la consommation des richesses (des revenus), la question n’étant jamais celle de l’identité de l’émetteur de la monnaie, mais bien celle de la cause de l’émission monétaire.En cela, il ne s’agit pas de nier les pathologies (notamment en regard de la financiarisation) du système économique, et de croire que les réglementations bancaires actuelles sont suffisantes pour les soigner, mais bien de replacer l’émission de monnaie dans la réflexion économique.L’erreur des initiants est de tenir un discours légaliste sur la monnaie, qui nie (et vise à les ignorer) les implications de la comptabilité à partie double pour l’activité bancaire, et déconnecte entièrement la monnaie de la production nationale. La principale prémisse de l’initiative «Monnaie pleine», à savoir le pouvoir des banques de créer ex nihilo un actif financier net (et un pouvoir d’achat) étant fausse, il devient difficile de justifier la réforme radicale que celle-ci propose.
Ceci renvoie à l’étude de l’émission de la monnaie par les banques, qu’il s’agit de mener sans se donner une monnaie centrale préexistante (au contraire des partisans de la théorie du multiplicateur monétaire). Faisant table rase, les initiants pensent que les banques créent de la monnaie par la voie du crédit bancaire: en octroyant ex nihilo un crédit à un client, une banque ouvre à son passif un dépôt à vue et inscrit à son actif le crédit. Si elle laisse croire que la monnaie procède d’une création spontanée, une telle affirmation n’est pas valide pour deux raisons:
– Il n’y a pas de création nette de la part de la banque puisque le client est créancier (il est titulaire d’un dépôt à vue) de celle-ci, qui est elle-même créancière (au niveau du crédit) de ce même client, d’où la nullité de l’opération d’ensemble.
– Les banques n’ouvrent jamais ex nihilo de dépôts à vue, ces derniers étant toujours le résultat d’une opération économique, à savoir un paiement. En pratique, les banques ouvrent des lignes de crédit, sur lesquelles les clients tirent (ce qui inscrit des crédits à l’actif des banques) pour effectuer leurs paiements (pensez à l’exemple du crédit à la construction), cela au bénéfice des payés, qui deviennent alors titulaires de dépôts à vue. Elles ne peuvent devenir créancières (en achetant un titre au payeur) qu’en devenant simultanément débitrices (en vendant un titre au payé), la comptabilité à partie double interdisant toute alchimie telle que décrite ci-dessus.
Si la monnaie procède des paiements, c’est que toute émission monétaire revêt un objet, qui est le fait du circuit économique. Il faut ainsi étudier l’émission monétaire des banques dans le cadre de la production, de la transmission (sur le marché financier) et de la consommation des richesses (des revenus), la question n’étant jamais celle de l’identité de l’émetteur de la monnaie, mais bien celle de la cause de l’émission monétaire.
En cela, il ne s’agit pas de nier les pathologies (notamment en regard de la financiarisation) du système économique, et de croire que les réglementations bancaires actuelles sont suffisantes pour les soigner, mais bien de replacer l’émission de monnaie dans la réflexion économique.
L’erreur des initiants est de tenir un discours légaliste sur la monnaie, qui nie (et vise à les ignorer) les implications de la comptabilité à partie double pour l’activité bancaire, et déconnecte entièrement la monnaie de la production nationale. La principale prémisse de l’initiative «Monnaie pleine», à savoir le pouvoir des banques de créer ex nihilo un actif financier net (et un pouvoir d’achat) étant fausse, il devient difficile de justifier la réforme radicale que celle-ci propose.
20 minutes explique l'IMP, avec Ch. Gomez en interview:
La crise économique de 2008 est encore dans tous les esprits, et pèse encore sur les économies occidentales. Ce traumatisme a créé des volontés de mieux contrôler le système financier, et de lui donner de la stabilité. L’initiative Monnaie Pleine s’attaque donc à la création d’argent.
La Suisse, laboratoire d'idéesÉtudiée par de nombreux économistes, la solution proposée par Monnaie Pleine reste une nouveauté dans le paysage politique. Tout comme le Revenu de base inconditionnel (RBI), rejeté dans les urnes le 5 juin dernier, l'idée est apparue dans le débat par le biai de l'initative populaire, et s'attaque au système économique et financier jugé déficient.
Face à ces innovations, la classe politique reste sceptique. Dans le cas de Monnaie Pleine, la majorité des décideurs estiment suffisantes les mesures prises après la crise de 2008, notamment le paquet «too big to fail», qui exige par exemple que les banques disposent de davantage de capital destiné à absorber les pertes.
La BNS seule aux commandes
Comme le veut la Constitution, la Banque nationale suisse (BNS) en détient le monopole pour ce qui est des billets et pièces, mais la monnaie scripturale échappe à ce principe. Or, elle représente désormais 90% de l’argent en circulation. Cet argent virtuel est crée lorsque des banques octroient des crédits.
Dans l’idée des initiants, la BNS serait seule aux commandes de la création de monnaie scripturale, autorisant ou non les banques à donner des crédits, et agissant sur la masse totale de cet argent via des subventions à la Confédération ou aux cantons.
Scepticisme et prudence
La quasi-totalité des partis ainsi que des milieux économiques sont sceptiques, craignant que cette solution limite et complique l’obtention de crédits par les clients des banques. Le ministre chargé des finances Ueli Maurer a également exprimé son inquiétude pour l’indépendance de la BNS, qui serait seule aux commandes de la masse monétaire helvétique, et deviendrait donc l’objet des convoitises politiques.
De plus, la proposition est un concept jamais testé ailleurs, et ferait de la Suisse un cobaye, estime l’Association des employés de banque. Des conséquences inattendues risqueraient de mettre à mal la stabilité du pays
Henri Temple, un Français, parle de l'IMP ans un journal français et nous invite à Paris
ÉCONOMIE
RENDRE SA MONNAIE AU PEUPLE : UN EXERCICE DE VRAIE DÉMOCRATIE ET DE SAINE ÉCONOMIE
AUJOURD'HUILa monnaie n’est ni de droite ni de gauche. Elle devrait être un bien commun au service de l’intérêt général.
À propos du référendum suisse du 10 juin prochain
La monnaie n’est pas un phénomène facile à comprendre. Le prix Nobel américain Stiglitz la définit par ses trois fonctions d’échange, de compte (et évaluation), de réserve (et thésaurisation). Stiglitz reprend la définition de la monnaie donnée par Aristote il y a vingt-cinq siècles, tout aussi vraie et intangible que les théorèmes contemporains d’Euclide, Thalès, Pythagore, Archimède.
Or, pour assumer sans désordre ses fonctions, la monnaie doit être adaptée à ce qu’elle mesure en restant sincère et stable. Que dirait-on d’un décimètre en caoutchouc ou d’un poids qui perdrait son contenu de plomb ? Depuis la nuit des temps, on a tenté de donner cette stabilité à la monnaie en utilisant des biens utilisables pour d’autres usages possibles (une sorte de troc transposé), dont le besoin et la diffusion géographiques permettent l’échange universel, et dont la rareté relative assure la stabilité des cours : blé, sucre, cauri, bronze, argent et or. Assez tôt dans l’histoire, le pouvoir politique a estimé qu’il était d’ordre public de garantir la sincérité de la monnaie. D’ailleurs, l’État se paye (le « seigneuriage ») pour ses missions d’émission, de frappe ou d’impression, et de contrôle.
Pourtant, il y eut des tentatives hasardeuses et catastrophiques de remplacer l’or par des billets censés le représenter : les billets de John Law sous la Régence, puis les assignats de la République. En 2008, c’est l’affaire des subprimes. Mêmes causes, mêmes effets : émission incontrôlée de monnaie scripturale par les banques privées, qui consentent des crédits insensés avec de l’argent qu’elles n’ont pas. Ce seront les contribuables qui devront financer les banques privées en faillite technique ; et ils ont aussi parfois perdu leurs économies et leur maison…
Le peuple suisse a dû, lui aussi, payer pour sauver certaines banques privées qui s’étaient mises en danger. Mais la seule vraie démocratie au monde a décidé de revenir à de sains principes. Certes, on a tenté d’organiser le secteur bancaire pour prévenir le retour d’un tel fléau ; ce sont les accords Bâle III (2010). Mais il demeure que les taux de couverture de la banque par ses fonds propres ou empruntés sont très faibles (de 2 à 10 %). Et les accords Bâle III ont ignoré le hors-bilan qui est la cause du krach de 2008… Depuis 1973 (suppression de l’équivalence garantie or/dollar), le système monétaire et bancaire est instable et injuste : il autorise des fortunes spéculatives indécentes et provoque la ruine odieuse des plus méritants et utiles à la société. Le Serpent monétaire européen (Bâle I) n’y a pas résisté. À l’heure actuelle, selon le FMI (2017), la dette du secteur non financier de l’économie mondiale a atteint un montant record de 152.000 milliards de dollars, soit plus du double (2,25) de la richesse mondiale. Certains auteurs chiffrent le total de toutes les dettes souveraines et privées à un million de milliards de dollars. Cette bulle est nécessairement vouée à éclater.
Le projet suisse « Monnaie pleine » a un triple mérite : il est démocratique, puisque le projet de loi est soumis au référendum par une initiative populaire ; il est constitutionnel, car le but est d’inscrire dans la Constitution le contrôle monétaire par l’État ; il est économiquement sain, empêchant l’apparition de bulles.
Voici ce qu’en disent les promoteurs de cette votation :
1) Seule la Banque nationale créera la monnaie scripturale ;
2) Les banques ne pourront plus créer de la monnaie scripturale ; elles ne prêteront que de l’argent existant ;
3) La Banque nationale pourra mettre en circulation la nouvelle monnaie aussi par des versements sans dette à la Confédération, aux cantons et aux citoyens.
1) Seule la Banque nationale créera la monnaie scripturale ;
2) Les banques ne pourront plus créer de la monnaie scripturale ; elles ne prêteront que de l’argent existant ;
3) La Banque nationale pourra mettre en circulation la nouvelle monnaie aussi par des versements sans dette à la Confédération, aux cantons et aux citoyens.
La monnaie n’est ni de droite ni de gauche. Elle devrait être un bien commun au service de l’intérêt général.
Un colloque est organisé le 24 mai prochain, de 14 h 00 à 18 h 00, à l’Assemblée nationale française sur le thème « Demain : quelle monnaie pour quel monde ? », 126, rue de l’Université, Paris VIIe. (Pour des raisons de sécurité, inscription obligatoire avant le 18 mai.)
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Bonne journée
Roland
Roland Leimgruber
Attaché de presse Suisse romande
078 776 21 42