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Eviter la 3ème guerre mondiale ?

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Une solution pour terminer la 3ème guerre mondiale déjà commencée selon le Pape François, c'est la monnaie-pleine qui achète la fin du système absurde de la monnaie dette aux banquiers en leur laissant tout ou partie de leur stock énorme de monnaie-vide bancaire ainsi que le temps de réduire leur personnel . Mais on doit alors aussi établir le revenu de base inconditionnel qui permet de donner , sic, donner un dividende qui libère enfin les hommes de leurs chaînes et leur permettent de mieux choisir leurs activités nobles grâce aux robots super productifs.


http://desiebenthal.blogspot.ch/2015/02/initiative-monnaie-pleine-questions.html



https://www.facebook.com/LePeupleEstRoi/videos/465320713675905/?comment_id=465742220300421&offset=0&total_comments=6

Un banquier suisse, votre serviteur, explique en 3 minutes l'arnaque de la création monétaire, avec le Canada comme exemple.
Vidéo Facebook :
https://www.facebook.com/LePeupleEstRoi/videos/vb.152656254942354/398971633644147/?type=3&theater



Tiré de l'émission "Qu'est-ce qu'elle a ma girl" de becurioustv.com.


http://becurioustv.com/fr/show/qu-est-ce-qu-elle-a-ma-girl/episode/19-mai-les-suisses-aiment-ils-vraiment-leurs-banques

La suite de la démonstration est encore plus précise, particulièrement entre 10:00 et 13:00 ! La pression monte !
https://www.youtube.com/watch?v=dmwtBcU0qtA


http://desiebenthal.blogspot.ch/2015/05/la-monnaie-7-fonctions-principales.html


http://desiebenthal.blogspot.ch/2015/06/loue-sois-tu-encyclique-laudato-si-sur.html





L'Union de Fribourg reconnaît que :


1° Le régime actuel du crédit constitue ce qu'on appelle « le système capitaliste » ou « le capitalisme » tout court. Ce système suppose, à tort, que la valeur des choses séparées de leur substance a, en elle-même, une utilité économique et que, par conséquent, on peut tirer de cette valeur séparée des choses un intérêt fixe ; tandis qu'au contraire, considéré en lui-même, ce procédé a les traits caractéristiques de l'usure, telle qu'elle est définie dans le 5e Concile de Latran par Benoît XIV et les Pères de l’Église.



2° Ce système s'appuie sur la liberté absolue du travail, de la propriété et de l'échange, sur la reconnaissance doctrinale de l’intérêt individuel (égoïsme), comme moteur unique du travail économique et social, sur l'individualisme, sur l'idée de la productivité du capital et de l'argent, sur la considération de l'argent comme producteur général et suprême qui fructifie toujours.



Par suite de ce système, on sépare les moyens matériels du travail humain ; leur réunion économique s'opère par le crédit et on arrive à la capitalisation universelle.



3° Quelques-uns des effets de ce régime du crédit sont :


a) Une concentration démesurée des puissances économiques et des fortunes et un grand développement matériel éphémère ; la diminution relative de la rétribution des travailleurs, malgré l’augmentation de la productivité et de la production ; la diminution de la capacité de consommation qui doit nécessairement produire un excès relatif (partiel) de production et des crises économiques, comme nous le constatons de nos jours.


b) L'augmentation de la productivité sert principalement à la classe capitaliste et tourne au détriment des producteurs réels, sur­tout des journaliers, dont la situation devient de jour en jour plus précaire. Les salaires ne suivent pas la marche ascendante des capitaux.


c) La combinaison du système de crédit et de la liberté absolue de la propriété a entraîné la capitalisation et la mobilisation de la propriété foncière.


d) Au début de l'application de ce système, la valeur vénale du sol éprouve une augmentation pour les propriétaires, mais cet avantage n'est que passager et est suivi de rudes mécomptes.


e) Grevée par l'hypothèque, la terre n'a plus à faire vivre seulement les propriétaires et leurs employés, mais encore, avec les ouvriers et les exploitants, les prêteurs hypothécaires.


f) Le commerce perd sa base solide et voit augmenter son élément aléatoire ; la morale doit nécessairement en souffrir : poursuivre les richesses par n'importe quels moyens éloigne de la religion et nuit à la morale privée et publique.


g) La création de la dette publique perpétuelle, contractée par les États, les provinces et les communes, même pour entreprises non lucratives. Cette dette permet aux capitalistes de s'enrichir, aux dépens de l’État, par les bénéfices qu'ils réalisent sur le prix d'émission des emprunts. Elle fournit aux spéculateurs un élément considérable pour l'agiotage et les jeux de •bourse et aux rentiers le moyen de s'approprier les fruits du travail du peuple.


h) De grandes richesses à côté de grandes misères et non seulement de misères individuelles, mais la misère des masses ; en un mot, le paupérisme.


4° Les suites de ce régime ont été funestes, surtout pour la masse du peuple dépourvue de biens matériels et qui doit vivre du travail des mains.


Par suite du « libre jeu des forces » et de la soi-disant « loi d'airain », on peut dire que, tant que régnera le régime économique actuel, les classes ouvrières se trouveront dans une situation qui ne leur laissera aucun espoir d'amélioration sensible et durable.


5° Ce n'est pas toujours du reste tel ou tel acte qui est à incriminer, c'est le régime lui-même qui est usuraire et il l'est dans son essence, puisqu'il repose tout entier sur l'intérêt des valeurs improductives.


6° Cet état de choses, une fois établi, ne peut être modifié par des efforts individuels. Le pouvoir public, par certaines mesures, comme la protection des ouvriers, — surtout des femmes et des enfants —, les organisations du crédit, la défense de saisie des petites propriétés pour cause de dette, l'introduction de meilleures lois de succession, etc., pourra diminuer les effets du système de crédit, mais non les détruire.


7° Du reste, le capitalisme se détruit lui-même, en frappant les consommateurs dont il a besoin pour l'écoulement des produits du travail, — source de son revenu —, et en provoquant la révolte des travailleurs contre les propriétaires et la société qui les protège.


L'Union de Fribourg se propose de rechercher, dans les di­verses sphères de l'activité économique, les manifestations de l'usure et d'indiquer les remèdes aux maux de toutes sortes qu'elle en­gendre. A ce double point de vue, elle étudiera le régime industriel, le régime commercial, le régime de la propriété foncière et le régime budgétaire,



4. Rôle des pouvoirs publics.



Dans le domaine économique, le pouvoir public a d'abord les attributions relatives à l'administration des finances et des biens de l’État. Il s'agit ensuite


a) Pour régler législativement, s'il y a lieu, en conformité du droit naturel et des droits existants, les rapports mutuels entre les divers facteurs de la production ;


b) Pour réprimer les abus qui nuisent gravement au bien gé­néral;


c) Pour diriger la politique économique du pays vis-à-vis de l'étranger au point de vue de la prospérité nationale ;


d) Pour mettre l'activité, des entreprises particulières en har­monie avec le bien général, tout en laissant le plus grand essor possible à l'initiative privée.


En raison du désordre actuel, le pouvoir public doit, législative­ment, au moyen de mesures limitatives, prévenir l'exploitation des ouvriers par ceux qui les emploient et empêcher que les conditions du travail ne portent atteinte à la moralité, à la justice, à la dignité humaine, à la vie de famille du travailleur. Les chefs d'entreprise doivent être également protégés contre toute violence de la part des ouvriers.


A cet ordre d'idées appartiennent les thèses spéciales adoptées par l'Unionsur la réglementation du travail, le salaire et les assu­rances.



5. Régime corporatif.



1. La société est désorganisée ou, si l'on veut, elle n'est, sui­vant une parole royale très profonde, « organisée que pour être ad­ministrée ». Elle n'est plus un être vivant, mi chaque organe, auto­nome dans une juste mesure, joue un rôle et exerce une fonction elle est un mécanisme, composé de rouages plus ou moins ingé­nieusement assemblés, obéissant à une force centrale motrice toute puissante ; bref, elle est un automate et n'offre plus que l'appa­rence et l'illusion d'un corps animé. La cause de cette dissolution est dans la destruction des organismes, l'on pourrait dire des cel­lules sociales, qui composaient le corps vivant de la nation ; l'effet direct de cette pulvérisation a été partout, avec la prédominance d'un individualisme sauvage, le triomphe brutal du nombre s'incar­nant dans le despotisme d'un seul ou d'une foule.


Dès lors, le remède est tout indiqué : il se trouve dans le éta­blissement d'un régime corporatif.



2. L'établissement du régime corporatif ne saurait être rceuvre de décrets « a priori » ; il faut, par les idées, les moeurs, les encou­ragements, les faveurs, l'impulsion efficace des pouvoirs publics et la reconnaissance légale d'un droit propre, préparer activement l'éta­blissement du régime corporatif indispensable à l'ordre social, selon un plan général conforme à la nature des intérêts privés, en même temps qu'aux fins sociales dernières auxquelles il doit conduire.



3. L'on peut définir de la sorte ce régime : Le régime corpo­ratif est le mode organisation sociale qui a pour base le groupe-



ment des hommes d'après la communauté de leurs intérêts naturels et de leurs fonctions sociales et, pour couronnement nécessaire, la représentation publique et distincte de ces différents organismes.



4. Le rétablissement de la corporation professionnelle est une des applications partielles de ce système.



5. Le régime corporatif, dans sa perfection, comporte l'union des maîtres et des ouvriers ; mais cette union, destinée à constituer le véritable, corps professionnel, peut être préparée par la formation de groupes distincts les uns des autres.



Les principes du régime corporatif et ses avantages :



1° La similitude des devoirs, des droits et des intérêts rapproche et groupe naturellement les hommes qui exercent une même fonc­tion sociale.


2° Les groupes naturels et permanents qui résultent de ces rapprochements doivent posséder une forme organique et jouir d'une vie propre.


3° Leur coordination dans la société n'est pas 'Moins nécessaire que leur organisation intérieure. En cette coordination consiste le régime corporatif.


4° Le régime corporatif est le seul dans lequel la représentation de tous les intérêts peut être assurée.


5° 11 est également le plus favorable à la connaissance de tous les droits et à l'accomplissement de tous les devoirs sociaux.


6° On peut donc dire que le régime corporatif est la condition nécessaire d'un bon régime représentatif ou encore que l'ordre professionnel est la base normale de l'ordre politique.


7° La corporation, étant une institution publique, doit avoir ses représentants dans les conseils de la commune, de la province et de l'Etat.


8° La plus grande diversité régnera d'ailleurs, selon les pays, les traditions historiques et les besoins passagers des intéressés, dans le mode d'élection, la composition des corporations et la proportion dans laquelle elles seront représentées dans les différents conseils du pays.


9° Le pouvoir public devra maintenir la bonne harmonie entre les différents groupes sociaux et exercer, sans se substituer à leur gouvernement intérieur, ses droits de police, de contrôle et de direc­tion générale, dans l'intérêt supérieur de la société.



Cf. MASSARD, li-Œuvre du Cardinal Mermillod, Louvain 41914).







Son Eminence le Cardinal Mermillod



(1824-1892)




http://desiebenthal.blogspot.ch/2014/06/monnaie-pleine-vollgeld-positive-money.html


Lettre du Pape pour l'obtention de l'indulgence jubilaire


Cité du Vatican, 1 septembre 2015 (VIS). Le Saint-Père a envoyé une lettre à Mgr.Rino Fisichella, Président du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, à l'occasion du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, dans laquelle il fait part de son souhait que l'indulgence jubilaire parvienne à chacun comme une "expérience authentique de la miséricorde de Dieu", et explique comment les prisonniers peuvent également l'obtenir. Il accorde également à tous les prêtres pour l'Année jubilaire, la faculté d'absoudre du péché d'avortement, aussi pour ceux qui l'ont provoqué et qui le cœur repenti en demandent pardon, et dispose qu'au cours de l'Année sainte de la Miséricorde, ceux qui s'approcheront des prêtres de la Fraternité saint Pie X pour célébrer le sacrement de la réconciliation, recevront l'absolution valide et licite de leurs péchés. Voici le texte intégral:

"L’approche du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde me permet de me concentrer sur certains points sur lesquels je considère qu’il est important d’intervenir afin de permettre que la célébration de l’Année Sainte soit pour tous les croyants un véritable moment de rencontre avec la miséricorde de Dieu. Je désire en effet que le Jubilé soit une expérience vivante de la proximité du Père, permettant presque de toucher du doigt sa tendresse, afin que la foi de chaque croyant se renforce et que le témoignage devienne ainsi toujours plus efficace.

Ma pensée va, en premier lieu, à tous les fidèles qui, dans chaque diocèse ou comme pèlerins à Rome, vivront la grâce du Jubilé. Je désire que l’indulgence jubilaire soit pour chacun une expérience authentique de la miséricorde de Dieu, qui va à la rencontre de tous avec le visage du Père qui accueille et pardonne, oubliant entièrement le péché commis. Pour vivre et obtenir l’indulgence, les fidèles sont appelés à accomplir un bref pèlerinage vers la Porte Sainte, ouverte dans chaque cathédrale ou dans les églises établies par l’évêque diocésain, ainsi que dans les quatre basiliques papales à Rome, comme signe du désir profond de véritable conversion. De même, j’établis que l’on puisse obtenir l’indulgence dans les sanctuaires où est ouverte la Porte de la Miséricorde et dans les églises qui sont traditionnellement identifiées comme jubilaires. Il est important que ce moment soit uni, avant tout, au sacrement de la réconciliation et à la célébration de la sainte Eucharistie par une réflexion sur la miséricorde. Il sera nécessaire d’accompagner ces célébrations par la profession de foi et par la prière pour ma personne et pour les intentions que je porte dans mon cœur pour le bien de l’Eglise et du monde entier.

Je pense, en outre, à ceux qui, pour divers motifs, n’auront pas la possibilité de se rendre à la Porte Sainte, en premier lieu les malades et les personnes âgées et seules, que leurs conditions empêchent souvent de sortir de chez eux. Pour ces personnes, il sera d’une grande aide de vivre la maladie et la souffrance comme expérience de proximité au Seigneur qui, dans le mystère de sa passion, mort et résurrection, indique la voie maîtresse pour donner un sens à la douleur et à la solitude. Vivre avec foi et espérance joyeuse ce moment d’épreuve, en recevant la communion ou en participant à la Messe et à la prière communautaire, également à travers les divers moyens de communication, sera pour elles la façon d’obtenir l’indulgence jubilaire. Ma pensée va aussi aux détenus, qui font l’expérience de la restriction de leur liberté. Le Jubilé a toujours constitué l’opportunité d’une grande amnistie, destinée à toucher de nombreuses personnes qui, bien que méritant une peine, ont toutefois pris conscience de l’injustice qu’elles ont commise, et désirent sincèrement s’insérer à nouveau dans la société en apportant leur contribution honnête. Qu’à toutes ces personnes parvienne de façon concrète la miséricorde du Père qui désire être proche de ceux qui ont le plus besoin de son pardon. Dans les chapelles des prisons, elles pourront obtenir l’indulgence et, chaque fois qu’elles passeront par la porte de leur cellule, en adressant leur pensée et leur prière au Père, puisse ce geste signifier pour elles le passage de la Porte Sainte, car la miséricorde de Dieu, capable de transformer les cœurs, est également en mesure de transformer les barreaux en expérience de liberté.

J’ai demandé que l’Eglise redécouvre en ce temps jubilaire la richesse contenue dans les œuvres de miséricorde corporelle et spirituelle. L’expérience de la miséricorde, en effet, devient visible dans le témoignage de signes concrets comme Jésus lui-même nous l’a enseigné. Chaque fois qu’un fidèle vivra l’une ou plusieurs de ces œuvres en première personne, il obtiendra certainement l’indulgence jubilaire. D’où l’engagement à vivre de la miséricorde pour obtenir la grâce du pardon complet et total en vertu de la force de l’amour du Père qui n’exclut personne. Il s’agira donc d’une indulgence jubilaire plénière, fruit de l’événement lui-même qui est célébré et vécu avec foi, espérance et charité.

Enfin, l’indulgence jubilaire peut être obtenue également pour les défunts. Nous sommes liés à eux par le témoignage de foi et de charité qu’ils nous ont laissé. De même que nous les rappelons dans la célébration eucharistique, ainsi, nous pouvons, dans le grand mystère de la communion des saints, prier pour eux afin que le visage miséricordieux du Père les libère de tout résidu de faute et puisse les accueillir dans ses bras, dans la béatitude qui n’a pas de fin.

L’un des graves problèmes de notre temps est sans aucun doute le changement du rapport à la vie. Une mentalité très répandue a désormais fait perdre la sensibilité personnelle et sociale adéquate à l’égard de l’accueil d’une vie nouvelle. Le drame de l’avortement est vécu par certains avec une conscience superficielle, qui semble ne pas se rendre compte du mal très grave qu’un tel acte comporte. Beaucoup d’autres, en revanche, bien que vivant ce moment comme un échec, considèrent ne pas avoir d’autres voies à parcourir. Je pense, en particulier, à toutes les femmes qui ont eu recours à l’avortement. Je connais bien les conditionnements qui les ont conduites à cette décision. Je sais qu’il s’agit d’un drame existentiel et moral. J’ai rencontré de nombreuses femmes qui portaient dans leur cœur la cicatrice de ce choix difficile et douloureux. Ce qui a eu lieu est profondément injuste; pourtant, seule sa compréhension dans sa vérité peut permettre de ne pas perdre l’espérance. Le pardon de Dieu à quiconque s’est repenti ne peut être nié, en particulier lorsqu’avec un cœur sincère, cette personne s’approche du sacrement de la confession pour obtenir la réconciliation avec le Père. C’est également pour cette raison que j’ai décidé, nonobstant toute chose contraire, d’accorder à tous les prêtres, pour l’Année jubilaire, la faculté d’absoudre du péché d’avortement tous ceux qui l’ont provoqué et qui, le cœur repenti, en demandent pardon. Que les prêtres se préparent à cette tâche importante en sachant unir des paroles d’authentique accueil à une réflexion qui aide à comprendre le péché commis, et indiquer un itinéraire de conversion authentique pour pouvoir obtenir le pardon véritable et généreux du Père qui renouvelle tout par sa présence.


Une dernière considération s’adresse aux fidèles qui, pour diverses raisons, désirent fréquenter les églises où les offices sont célébrés par les prêtres de la Fraternité Saint Pie X. Cette Année jubilaire de la Miséricorde n’exclut personne. Certains confrères évêques m’ont fait part en plusieurs occasions de leur bonne foi et pratique sacramentelle, unie toutefois à la difficulté de vivre une situation pastorale difficile. J’espère que dans un proche avenir, l’on pourra trouver les solutions pour retrouver une pleine communion avec les prêtres et les supérieurs de la Fraternité. Entre temps, animé par l’exigence de répondre au bien de ces frères, j’établis, par ma propre disposition, que ceux qui, au cours de l’Année Sainte de la Miséricorde, s’approcheront, pour célébrer le sacrement de la réconciliation, des prêtres de la Fraternité saint Pie X recevront une absolution valide et licite de leurs péchés. M’en remettant à l’intercession de la Mère de la Miséricorde, je confie à sa protection la préparation de ce Jubilé extraordinaire".


La Cupidité ou l'avarice
La Cupidité : son sens et son extensionCupidité et avarice sont des termes pratiquement équivalents. Tous deux signifient un désir immodéré des richesses ou de l'argent. Cependant, le terme cupidité, qui vient du latin " cupere ", désirer, porte en lui-même une insistance plus marquée sur le désir, c'est-à-dire sur l'aspect formel de l'avarice, qui est essentiellement un désordre affectif. Par ailleurs, la cupidité a une extension plus large que l'avarice, car l'avarice concerne un vice personnel par rapport à l'usage de l'argent, tandis que la cupidité embrasse, avec celle des individus la soif immodérée des richesses, qui peut se concrétiser dans des sociétés qui exploitent de toutes sortes de manières la confiance populaire. Comme il s'agit de ces nuances entre les termes cupidité et avarice, tout ce que nous disons de l'avarice s'applique à la cupidité, en retenant que la cupidité a une portée plus générale, comme lorsque l'Écriture, parlant des crimes de Jérusalem, dit que "les chefs au milieu d'elle étaient comme des loups qui déchirent leur proie cherchant à répandre le sang et à faire des gains" (Ézech. 22, 27).
La Cupidité : son objetLa cupidité a pour objet toutes les richesses, c'est-à-dire tous les biens extérieurs utiles à la conservation de la vie, au bien-être et à l'épanouissement humain complet des personnes et des familles qui composent la société. Ces richesses sont donc bonnes en elles-mêmes; leur usage raisonnable en fait même un élément important du bonheur humain temporel. L'extrême pauvreté, l'expérience le prouve, engendre habituellement de déplorables désordres. Voilà pourquoi il y a un désir naturel des richesses qui ne comporte en lui-même rien de désordonné; ce désir naturel agit comme un stimulant intérieur qui pousse à se procurer, de manière raisonnable, tout ce qui est nécessaire à notre subsistance et utile à notre perfectionnement humain. Mais, en raison d'un certain déséquilibre affectif, dont tous les hommes sont plus ou moins marqués à la suite de la faute originelle, les richesses ordonnées par le Créateur au bonheur de l'homme sont devenues des biens ambigus, car mal utilisées, elles ne peuvent causer que de grands maux.
Le caractère ambigu des richessesBiens ambigus, les richesses le sont, puisque suivant l'usage que nous en faisons, elles peuvent être ou instruments d'amour ou instruments de haine, ou instruments de liberté ou instruments d'esclavage, ou instruments de service ou instruments de domination, ou instruments de paix ou instruments de guerre. Les richesses, étant des biens d'échange, fondent une foule de relations entre les personnes, les sociétés, les nations. Elles peuvent aussi bien soulager la misère que l'augmenter et même la causer.
Dans le système économique primitif, les richesses étaient échangées par le troc; il y avait alors l'échange direct d'un bien contre un autre. Les échanges de biens avaient, dans cette économie, un caractère à la fois beaucoup plus personnel et objectif. Les hommes cupides pouvaient frauder sur la qualité et la quantité de leurs produits mais sur une échelle moindre et avec beaucoup moins de facilité que dans un système où l'argent, de plus en plus impersonnel, constitue le moyen d'échange universel. En raison de l'évolution de la société et de la complication des rapports sociaux qui s'en est suivie, les richesses se sont monétisées. De sorte qu'avec de l'argent, "propre ou sale", il est maintenant possible de tout acheter : biens, services et même malheureusement personnes considérées comme des objets. Avec l'argent, on peut se procurer tout ce dont on a besoin en fait de logement, vêtement, nourriture, soins de santé, services éducatifs et culturels, et même satisfaire à tous ses caprices en fait de plaisirs. À la mesure de sa fortune, on peut surtout posséder un véritable pouvoir sur autrui.
En raison du pouvoir qu'il donne, l'argent devient symbole de puissance. Élevé en signe extérieur de pouvoir sur les individus et les peuples, l'argent en vient à exercer une incroyable séduction sur les esprits. D'où la tentation, personnelle et sociale, d'accumuler le plus d'argent possible pour être plus puissant, pour étendre son influence et sa domination. Dans cette optique, l'argent s'affirme comme un dieu tout-puissant, devant qui plient les genoux de ses adorateurs, qui eux-mêmes cherchent à se faire adorer, c'est-à-dire à mettre leur puissance matérielle au-dessus de tous les droits et de toutes les libertés. Il est donc clair que les richesses transformées en argent sont des biens ambigus.
Le rôle de l'argentNécessaire, dans certaines limites, au bonheur humain temporel, "l'argent, comme dit le proverbe, ne fait pas le bonheur mais y contribue". La finalité de l'argent est de contribuer au bonheur, lequel est inconcevable sans le service de Dieu, qui doit toujours conserver sa primauté absolue sur tout le reste. Ordonné au service de Dieu, l'argent est aussi ordonné au service des hommes, au service de tous les hommes et de leurs besoins. Or, l'argent, convertisseur universel des richesses, cesse de contribuer au bonheur personnel et social, lorsqu'il devient une fin en soi, lorsqu'il s'affirme comme source de pouvoir indépendante de toute règle morale, lorsqu'entre les mains d'êtres et d'organisations cupides et sans coeur, il tend à se soumettre l'immense majorité des hommes. À cet égard, Jésus le qualifie d'argent inique; il l'identifie au Mammon d'iniquité. Alors, mieux vaut être pauvre et spirituellement libre que de se soumettre au pouvoir tyrannique de cet argent trompeur. C'est ce qu'avaient compris de leur temps certains philosophes et poètes païens comme Sénèque, Cicéron et Virgile.
En regard de notre temps il est un passage toujours très actuel de la lettre encyclique Quadragesimo Anno du pape Pie XI, qui dénonce avec la plus grande fermeté l'argent inique, c'est-à-dire l'argent détourné de sa fin et devenu essentiellement instrument de pouvoir :
Ce qui, à notre époque, frappe tout d'abord le regard, ce n'est pas seulement la concentration des richesses, mais encore l'accumulation d'une énorme puissance, d'un pouvoir économique discrétionnaire, aux mains d'un petit nombre d'hommes qui d'ordinaire, ne sont pas les propriétaires, mais les simples dépositaires et gérants du capital qu'ils administrent a leur gré.
Ce pouvoir est surtout considérable chez ceux qui, détenteurs et maîtres absolus de l'argent, gouvernent le crédit et le dispensent selon leur bon plaisir. Par là, ils distribuent en quelque sorte le sang à l'organisme économique dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que sans leur consentement nul ne peut plus respirer.

Cette concentration du pouvoir et des ressources, qui est comme le trait distinctif de l'économie contemporaine, est le fruit naturel d'une concurrence dont la liberté ne connaît pas de limites; ceux-là seuls restent debout, qui sont les plus forts, ce qui souvent revient à dire, qui luttent avec le plus de violence, qui sont le moins gênés par les scrupules de conscience.
À son tour, cette accumulation de forces et de ressources amène à lutter pour s'emparer de la puissance, et ceci de trois façons : on combat d'abord pour la maîtrise économique ; on se dispute ensuite le pouvoir politique, dont on exploitera les ressources et la puissance dans la lutte économique ; le conflit se porte enfin sur le terrain international, soit que les divers États mettent leurs forces et leur puissance politique au service des intérêts économiques de leurs ressortissants, soit qu'ils se prévalent de leurs forces et de leur puissance économiques pour trancher leurs différends politiques.
De la sagesse païenne à la sagesse chrétienneLa mentalité païenne, très centrée sur les jouissances physiques et matérielles et sur la recherche des honneurs, donnait une grande importance à l'avoir et au pouvoir. Cette mentalité foncièrement matérialiste déteignait fortement sur ceux des Juifs qui s'adonnaient au commerce ou étaient constitués en autorité, comme les docteurs de la Loi, dont l'Évangile nous dit qu'ils aimaient l'argent, c'est-à-dire qu'ils étaient cupides (Lc. 16.14). Aux païens devenus chrétiens et aux juifs convertis, saint Paul inculque, sous le nom de piété, une religion vraie, sincère, désintéressée, non considérée ou pratiquée comme une source de profits, mais toujours jointe à la modération :
"Elle est d'un grand profit, la piété jointe à la modération, écrit-il à Timothée (I Tim. VI, 6-10). Car nous n'avons rien apporté dans le monde, et nous n'en pouvons non plus rien emporter. Ayant la nourriture et les vêtements, contentons-nous en. Quant à ceux qui veulent s'enrichir, ils tombent dans la tentation et le piège, et dans beaucoup de convoitises insensées et honteuses, qui précipitent les hommes dans la ruine et la perdition. Car la racine de tous les maux est l'amour de l'argent : quelques-uns, pour s'y être livrés, ont erré loin de la foi et se sont infligés à eux-mêmes des douleurs nombreuses."
En accord avec les sages de l'Antiquité, mais avec beaucoup plus de profondeur, la sagesse chrétienne a dénoncé le grand désordre moral de la cupidité ou avarice. Jamais sage n'a condamné le mal de la cupidité en termes plus clairs et plus précis que Jésus-Christ dans l'Évangile.
L'enseignement lumineux de Jésus-Christ
Autant par l'exemple de sa vie que par sa doctrine, Jésus, dès sa naissance dans une étable à Bethléem, s'attaque à l'attachement aux richesses comme à une source principale de malheur pour les hommes. Il commence son sermon inaugural où il expose son programme spirituel, par la béatitude de la pauvreté :"Bienheureux, vous qui êtes pauvres, proclame-t-il, car le royaume des cieux est à vous"... En contrepartie, il veut faire comprendre que la voie du désir et de l'accumulation des richesses est une voie de malheur : "Malheur à vous, les riches, car vous avez reçu votre consolation" (Lc 6, 20-24). Non que Jésus méprise les riches et les condamne, car il est venu pour sauver les pauvres et les riches. C'est l'attachement aux richesses qu'il condamne, c'est-à-dire l'amour de l'argent, la cupidité ou avarice. Il y voit le premier obstacle pour entrer dans le royaume des cieux, pour vivre en enfants de Dieu et pour marcher à sa suite dans l'humilité et l'obéissance d'amour au Père ; il voit donc dans la cupidité l'obstacle premier à cette conversion du coeur qui ouvre le ciel.
Il ne faut pas se méprendre sur le langage de Jésus. Lorsqu'il dit : "Bienheureux les pauvres", ce n'est pas aux pauvres de biens matériels qu'il pense, car il y a beaucoup de pauvres qui sont très attachés aux biens de la terre. Il s'adresse à tous ceux qui ont l'esprit de pauvreté, qu'ils soient démunis ou comblés, ceux dont le coeur est détaché des richesses, et qui sont ainsi disposés à tout quitter pour le suivre, si telle est la volonté de Dieu sur eux. Dans la bouche de Jésus, la béatitude de la pauvreté est la béatitude de la sagesse de ceux qui sont libres intérieurement vis-à-vis de l'argent, et que la crainte de manquer de quoi que ce soit ne retient pas de faire part de leurs biens aux indigents. Ces hommes détachés de leurs biens et au coeur miséricordieux sont incomparablement plus sages que les plus habiles des hommes d'affaires qui ne pensent qu'à augmenter leur avoir, car ils savent se servir de l'argent, si souvent mal employé, pour se faire des amis qui les accueilleront dans les demeures éternelles. (Lc. 16, 9).
L'anathème que porte Jésus contre les riches - ceux qui aiment l'argent - sonne comme l'annonce du malheur irréparable que se préparent les insensés qui sont attachés à des biens qui passent et qui ne pourront jamais leur procurer le vrai bonheur. Les cupides sont insensés, parce que, pensant et voulant être heureux sur la terre, ils compromettent leur bonheur éternel. Ainsi, pour Jésus, la victoire sur la cupidité par le détachement des richesses n'est pas seulement, comme pour les philosophes grecs, la condition d'une félicité naturelle ; c'est une condition pour obtenir le bonheur éternel.
C'est la seule perspective de ce divin bonheur, qui consiste en la vie éternelle, qui préoccupe Jésus, lorsqu'il prêche, par la parole et l'exemple, le détachement des richesses, et donc la nécessité de triompher de toutes les formes possibles d'avarice. Ainsi, bien malheureux le jeune homme, qui refusa de suivre Jésus, à cause de son attachement à ses grand biens. À cette occasion, Jésus dira :"Avec quelle difficulté ceux qui possèdent des richesses entrent dans le royaume de Dieu ! Il est, en effet, plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille, qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu" (Lc 18,24-27). Les riches qui ne font pas du bonheur éternel le but de leur vie sont insensés, car leurs richesses leur seront bientôt enlevées, et avec elles le bonheur éphémère qu'ils se seront fabriqué. C'est la grave leçon qui se dégage de la parabole du riche insensé (Lc 12, 16-21). Cet homme s'est construit de nouveaux greniers pour y amasser les excédents de ses récoltes, car il croit son bonheur assuré pour de très nombreuses années. Mais Dieu lui dit : "Insensé! Cette nuit, on va te réclamer ton âme. Et ce que tu as préparé, pour qui sera-ce?" (Lc 12, 20). Et encore, insiste Jésus : "Que sert à l'homme de gagner l'univers entier, s'il vient à perdre son âme? L'homme, que peut-il donner en échange de son âme?" (Mt 16, 26). Ainsi, c'est à la suprême sagesse que Jésus appelle tous les hommes, lorsqu'il cherche à les guérir de l'avarice.
De cette perspective de sagesse concernant l'obstacle premier au bonheur que constitue l'attachement aux richesses, passons maintenant à l'analyse de l'avarice, comme maladie de l'âme.
L'avarice, une maladie de l'âmeIl y a, certes, différents degrés dans l'avarice. Elle peut être une tendance, venant de l'insécurité, à accumuler des biens plus qu'il ne se doit, et elle peut être un vice profond qui rend esclave de l'argent. Quand elle affecte habituellement le comportement, on peut parler d'une maladie de l'âme : une maladie d'ordre affectif, comme le remarque saint Thomas d'Aquin. Car "l'avarice implique un dérèglement concernant les affections intérieures que l'on a pour les richesses, comme quand on les aime ou qu'on les recherche, ou qu'on se délecte en elles immodérément" (IIa IIae, q. 118, a.2). À ce point de vue affectif, l'avare se fait mal à lui-même, il pèche d'abord contre lui-même par son avarice, car "tout l'ordre de ses sentiments se trouve déréglé, quoique son corps ne le soit pas, comme il l'est par les vices charnels". (ibid). Les vices charnels sont, comme l'avarice, des maladies affectives, c'est-à-dire des maladies du désir, qui ne s'arrêtent cependant pas au désir, mais ont un effet direct sur le corps.
L'avarice est une maladie dangereuseLes désirs charnels sont, dans un certain sens, moins dangereux que le désir de l'argent, car les désirs charnels s'apaisent par leur satisfaction et leur excès engendre le dégoût, tandis que le désir immodéré de l'argent, lorsqu'il ronge et domine le coeur, ne connaît pas de limite et est insatiable.
À la question posée si l'avarice est un vice incurable, saint Thomas d'Aquin répond que "l'avarice n'est pas un vice incurable en lui-même, mais qu'il l'est relativement, par suite des faiblesses de la nature humaine qui vont toujours croissant. Car plus un individu est faible, plus il a besoin du secours des choses extérieures, et c'est pour cela qu'il est plus porté à l'avarice, comme nous pouvons l'observer chez les vieillards. Par conséquent, ce qu'il y a d'irrémédiable dans ce vice ne prouve pas qu'il soit le plus grave, mais qu'il soit d'une certaine façon le plus dangereux. Ce qui rend aussi ce vice dangereux, ajoute saint Thomas, c'est qu'on se fait illusion facilement à son sujet. On trouve tant de prétextes pour l'excuser qu'on peut en être atteint sans le savoir".
Les vertus que détruit l'avariceC'est par les vertus que la santé de l'âme est assurée. En détruisant les vertus ou en les affaiblissant, les vices sont les agents premiers de toutes les maladies de l'âme. Pour savoir jusqu'à quel point un vice rend l'âme malade, il faut voir à quelles vertus il s'oppose. Or, l'avarice s'oppose d'abord à la vertu naturelle de libéralité, puis aux vertus théologales et à l'amour du prochain, et elle porte aussi facilement et gravement atteinte à la justice.
1 - L'avarice s'oppose à la libéralité
Aristote dit très justement que l'avarice s'oppose à la libéralité, qui est la vertu morale naturelle qui règle, conformément à la raison, l'usage des richesses. En tant que vertu régulatrice de l'usage des richesses, la libéralité dispose à acquérir et à conserver raisonnablement les biens extérieurs, de manière à s'en départir aisément pour subvenir à ses justes besoins et à ceux de sa famille. L'acte le plus important de la vertu de libéralité est de donner de ses biens, dans une juste mesure, pour satisfaire d'abord à ses propres besoins et contribuer aussi au bien commun de la société. L'avare pèche contre la vertu de libéralité par son appétit effréné du gain, par le désir qui le brûle d'accumuler le plus de richesses possible, et de les conserver bien au-delà de ses besoins et des exigences de sa condition sociale. L'avare veut recevoir le plus possible et il éprouve une grande répugnance à donner de ses biens, même parfois pour acheter ce dont il aurait besoin. Sa passion de l'argent le rend capable de s'imposer à lui-même et d'imposer à sa famille de dures privations pour ne pas diminuer son patrimoine, comme on le voit dans le roman de Claude-Henri Grignon "Un homme et son péché".
2 - L'avarice s'oppose aux vertus théologales
Dans la mesure où quelqu'un est esclave de l'argent, il préfère les biens temporels au bien éternel et ainsi il pèche contre Dieu. "Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres, dit Jésus. Car ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'argent". (Lc 16, 13). L'avarice ou cupidité, par l'attachement excessif du coeur aux richesses, s'oppose évidemment à la foi en la Providence de Dieu. Elle s'oppose en même temps à l'espérance, car l'avare tend à ne rechercher de soutien et de secours que dans la sécurité que lui offrent ses biens, dont la conservation lui cause souvent de grandes inquiétudes. L'avarice s'oppose par-dessus tout à la charité envers Dieu, parce que, pour acquérir et conserver son argent, il ne craint pas d'agir de mille manières contre sa volonté, en violant ses commandements. L'appât du gain non combattu ne s'arrête devant aucun crime.
L'avarice ne fait pas que s'opposer aux vertus théologales, elle s'oppose à Dieu lui-même, l'argent prenant dans le coeur de l'avare la place due à Dieu. C'est pourquoi saint Paul voit dans la cupidité une forme d'idolâtrie. (Col. 3,5). "Le cupide est un idolâtre" affirme-t-il (Éph. 5,5). À sa suite, plusieurs Pères stigmatisent ainsi l'avarice. S.Jean Chrysostome va jusqu'à dire que l'avare immole son âme à ses richesses : "On immole aux idoles des boeufs et des moutons ; mais l'avarice veut un autre sacrifice ; elle dit : immolez-moi votre âme, et l'avare lui immole son âme".
(Commentaires sur St-Jean - Homélie LXV, 3 - Voir texte complet en appendice)
3 - L'avarice s'oppose à la justice et à la charité à l'égard du prochain
Est-il possible d'être attaché excessivement à l'argent, sans être injuste? Oui. Est-ce qu'être avare signifie nécessairement être injuste? Non. Quelqu'un peut être avare sans être injuste, si son vice ne le pousse pas à employer des moyens malhonnêtes pour amasser de l'argent et le conserver. Hélas, c'est le contraire qui se produit le plus souvent. La passion de l'argent fait habituellement sauter tous les interdits, toutes les règles morales. La cupidité est le chemin par excellence des pires injustices. C'est elle qui inspire toutes les formes imaginables de fraudes, de vols, et d'abus de confiance, et cela dans tous les secteurs de l'activité humaine. La soif insatiable de l'argent, non seulement chez les requins de la finance mais aussi chez tous ceux qui sont atteints de cette maladie morale, ne connaît dans la pratique d'autre loi que la fourberie et l'habilité pour s'emparer du bien d'autrui ou le retenir. Les profiteurs au coeur ténébreux et insensibles à la souffrance de leur victimes sont un véritable fléau.
Si l'avarice ne comporte pas nécessairement de faute contre la justice, par ailleurs, elle porte toujours atteinte à la charité à l'égard du prochain,. Ainsi, le mauvais riche qui fut condamné pour ne pas avoir secouru le pauvre Lazare n'avait pas péché contre la justice, mais contre la charité. Car les richesses, acquises légitimement, nous sont données par Dieu pour subvenir à nos besoins et aussi pour venir en aide aux indigents. Ce sont des moyens qui, dans l'intention du Créateur, nous sont confiés afin de nous aider à aimer et servir Dieu ainsi qu'à aimer et servir nos frères. L'avarice ou cupidité tue dans l'âme toute compassion, car son mouvement propre est de conserver ses biens, et tout au plus de les dépenser exclusivement pour soi, plutôt que d'en faire part aux nécessiteux.
Les symptômes de la maladie de l'avariceL'avarice est une maladie de l'âme. D'où la nécessité de déceler les symptômes de cette maladie très dangereuse parce qu'insidieuse et portée à se voiler sous des dehors très raisonnables de sécurité, d'avancement social, d'amélioration de sa qualité de vie, de prospérité économique et même d'une certaine générosité. Car l'avare, celui qui manie des sommes colossales, aime à être considéré comme un philanthrope : les largesses auxquelles il consent justifient sa soif de posséder davantage, son insatiable cupidité. C'est ainsi qu'il arrive que l'avarice puisse s'accompagner de prodigalité, comme le remarque saint Thomas.
Comme l'avarice est une maladie affective, et donc d'ordre spirituel, l'avare pense constamment à l'argent et aux richesses : sa pensée est habituellement tournée vers l'argent. Les désirs qui naissent de sa pensée ainsi orientée l'obsèdent. C'est un obsédé de l'argent et des biens matériels. L'argent fait l'objet de ses plus hautes préoccupations : il est surtout anxieux de faire profiter sa fortune. La perspective d'une perte ou de certaines dépenses à faire l'attriste, et même l'irrite. Son désir de gagner toujours plus d'argent dicte son comportement. L'argent a une telle place dans sa pensée et dans son coeur que cela occasionne d'incessants conflits avec son entourage : sa famille, ses proches, ses compétiteurs dans les affaires. Comme l'illustre "l'Avare" de Molière, il ne veut pas faire les dépenses qui seraient nécessaires au bien-être de sa famille. Il cherche tous les moyens pour éviter de payer sa quote-part de taxes et d'impôts, qui serait sa juste contribution au bien commun de la société. Tels sont les principaux symptômes de la triste maladie de l'avarice.
Les filles de l'avariceDe l'avarice, qu consiste dans le désir immodéré des richesses, découlent en fait une multitude d'autres vices. C'est pourquoi elle est un vice capital. L'amour de l'argent, du dieu-argent qui promet à ses sujets de combler tous leurs désirs, engendre sept filles qui, selon saint Grégoire le Grand, sont les vices issus de l'avarice. (Moral. XXI, c.17).
Les sept filles qui naissent de l'avarice sont : la trahison, la fraude, la tromperie, le parjure, l'inquiétude, la violence, la dureté de coeur ou insensibilité à l'égard des misères d'autrui. Comment naissent de l'avarice ces différents vices? Saint Thomas nous l'explique ainsi : "L'avarice étant un amour déréglé des richesses, elle tombe dans deux sortes d'excès :
1o Elle tient trop à conserver les biens qu'elle possède, et il en résulte qu'elle rend insensible à la misère d'autrui, parce que le coeur n'est pas adouci par la compassion et excité à user de ses richesses pour venir au secours des malheureux.
2o L'avarice tient trop à acquérir des biens. Sous ce rapport, on peut la considérer de deux manières. D'abord, d'après ce qu'elle est dans l'affection. À cet égard, elle produit l'inquiétude, parce que l'homme se donne des soucis et des soins superflus; car l'avare n'est jamais rassasié, comme dit l'Écriture (Eccles. V, 9). Ensuite, on peut la considérer effectivement. Pour avoir le bien d'autrui, tantôt elle emploie la force, ce qui appartient à la violence, tantôt le dol, ce qui prend le nom de tromperie, quand il se pratique par parole simplement et celui deparjure, si on y ajoute la foi du serment. Mais si le dol se commet par des actes, il y a fraude relativement aux choses, et il y a trahison relativement aux personnes, comme on le voit par l'exemple de Judas, qui trahit le Christ par avarice" (IIa IIae, q. 118.a8).
La dépendance de l'argent - avec le désir du pouvoir qui l'accompagne - ferme donc le coeur à la compassion, le durcit, le rend inhumain. C'est l'effet de l'avarice qui a le plus frappé saint Jean Chrysostôme ; il n'a pas d'expressions assez fortes pour dénoncer cette inhumanité. La dépendance de l'argent remplit l'âme d'inquiétude. Elle inspire la violence, car pour s'emparer des biens d'autrui, on est prêt à éliminer ses légitimes possesseurs, et même à lancer de vastes opérations de guerre, si les richesses convoitées en valent la peine. Il faudra, bien entendu, cacher ses véritables intentions sous les nobles prétextes d'un combat nécessaire pour la liberté, pour la démocratie, pour le progrès de la civilisation. La soif exécrable de l'argent et du pouvoir utilise, sans sourciller, avec le sourire même, le mensonge, le parjure, la fraude à petite et grande échelle, comme dans certains scandales boursiers et cette soif démoniaque ne recule devant aucune trahison. C'est ce qui faisait dire au grand orateur Cicéron, vivant dans un milieu politique corrompu, qu'il n'y a pas de devoir si saint et si solennel que l'avarice n'ait coutume d'avilir et de violer". (De officio)
Les remèdes à l'avariceQuels sont les remèdes à l'avarice?
1. En prendre conscience
Il faut d'abord en prendre conscience. Ce qui est beaucoup moins facile qu'on puisse le penser, comme l'avait remarqué saint François de Sales. "Hélas, Philothée, écrit-il, jamais nul ne confessera d'être avare ; chacun désavoue cette bassesse et vilité de coeur : on s'excuse sur la charge des enfants qui presse, sur la sagesse qui requiert qu'on s'établisse en moyens ; jamais on n'en a trop, il se trouve toujours certaines nécessités d'en avoir davantage ; et même les plus avares, non seulement ne confessent pas de l'être, mais ils ne pensent pas en leur conscience de l'être : non car l'avarice est une fièvre prodigieuse qui se rend d'autant plus insensible qu'elle est plus violente et ardente. Moïse vit le feu sacré qui brûlait un buisson, et ne le consumait nullement : mais au contraire le feu profane de l'avarice consume et dévore l'avaricieux, et ne brûle aucunement; au moins au milieu de ses ardeurs et chaleurs plus excessives, il se vante de la plus douce fraîcheur du monde, et tient que son altération insatiable est une soif toute naturelle et suave".
Puis, saint François de Sales donne ces signes qui permettent de diagnostiquer la maladie de l'avarice ou cupidité :
"Si vous désirez longuement, ardemment, et avec inquiétude les biens que vous n'avez pas, vous avez beau dire que vous ne les voulez pas avoir injustement, pour cela vous ne cesserez pas d'être vraiment avare. Celui qui désire ardemment, longuement et avec inquiétude de boire, quoiqu'il ne veuille pas boire que de l'eau, ne témoigne-t-il pas d'avoir la fièvre"? (Introduction à la vie dévote, 3o partie, ch. XIV). Ainsi l'avarice est une fièvre de l'âme se rapportant à son intense désir des richesses. C'est de cette fièvre dont souffrait le roi Achab, dans son désir impatient de posséder la vigne de Naboth (I Rois, ch. 21).
2. La prièreLa maladie de l'avarice ne se guérit pas par le seul effort de la volonté. Après en avoir pris conscience à partir de ses symptômes il faut certes vouloir en guérir, mais la guérison du désir immodéré des richesses, qui obsède l'imagination et la pensée, ne peut s'obtenir que par la grâce de Dieu. La raison en est que cette maladie enveloppe l'âme de ténèbres si épaisses, par l'attachement aux biens extérieurs qu'elle implique, que seul le Seigneur peut de sa lumière divine percer l'épaisseur de ces ténèbres. C'est donc vers Lui qu'il faut se tourner par des supplications incessantes pour vaincre l'aveuglement derrière lequel se cache l'avarice, cet aveuglement étant le milieu favorable à la persistance et à la croissance de la maladie.
3. L'exemple et la doctrine de Jésus-ChristLa prière au Seigneur pour vaincre la terrible maladie de l'avarice doit s'éclairer des exemples extrêmement forts que nous a donnés notre divin Sauveur Jésus durant tout le cours de sa vie terrestre, dans sa naissance, sa vie cachée et publique, sa passion et sa mort. Jésus, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, à qui tout appartient en tant que Créateur, a voulu vivre dans un tel détachement et une telle pauvreté qu'il n'avait même pas une pierre où reposer la tête, comme il l'a dit lui-même : "Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel des abris, mais le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête" (Lc 9, 58). Juste le fait de regarder souvent Jésus pauvre et si humble, avec le désir de l'aimer et de compter parmi ses disciples, est un remède à l'avarice et à toutes les formes de cupidité. Tout l'enseignement de Jésus concernant le bon usage des richesses et en particulier cette prudence supérieure qui consiste à se servir des biens matériels dont on est pourvu pour soulager la misère d'autrui, nous montre en quelle direction il faut aller pour trouver les meilleurs remèdes à l'avarice.
Pour acquérir les vertus de libéralité, de compassion et de charité fraternelle, opposées à l'étroitesse et à la dureté de coeur que cause l'avarice, il n'y a pas de plus haute sagesse que la doctrine enseignée et vécue par Jésus-Christ, les apôtres et tous les saints, parmi lesquels le Poverello d'Assise, saint François, brille d'un éclat particulier.
4. Les sacrements de Pénitence et d'EucharistieÀ la considération de l'enseignement et de l'exemple de Jésus-Christ et des saints, qui nous montrent la voie à suivre pour vaincre l'avarice, il faut joindre la fréquentation des sacrements de Pénitence et d'Eucharistie. Par ces sacrements, Jésus le divin médecin, agit directement dans l'âme malade pour la délivrer de son aveuglement et de son endurcissement, et pour la guérir en profondeur de ses attachements désordonnés. Dans la mesure où l'âme, consciente de sa misère, se laisse purifier par Jésus dans le sacrement de Pénitence, elle se dispose à être envahie par l'ardente charité du Coeur de Jésus dans la Sainte Eucharistie, qui est l'antidote le plus puissant de l'avarice.
5. La Réflexion
Avec les moyens surnaturels, qui sont absolument indispensables pour guérir de l'avarice, il faut recourir aux moyens naturels à notre portée dont le premier et le plus nécessaire est la réflexion. Il faut réfléchir sur la condition des avares, qui s'accrochent sans cesse à une illusion de bonheur : une illusion, car le bonheur qu'ils cherchent dans les richesses s'éloignera toujours de plus en plus d'eux, à la mesure que grandira leur désir de l'argent. La passion de l'argent qui dévore le coeur est en effet insatiable. L'avare ne peut pas être vraiment heureux. Il se fatigue, s'impose mille privations sans même pouvoir jouir de sa fortune. Il vit dans une inquiétude perpétuelle de perdre ce qu'il a amassé. Il se rend odieux à tout le monde, néanmoins le pouvoir que lui confère son argent, car ce pouvoir est détestable, en tout cas il n'est jamais aimable. Une autre réflexion qu'on peut faire concerne la folie de s'attacher à des biens qui, de toute façon, nous seront violemment arrachés au moment de la mort. "Si vous êtes inclinée à l'avarice,écrit saint François de Sales à une dame, pensez souvent à la folie de ce péché qui nous rend esclaves de ce qui n'est créé que pour nous servir; qu'à la mort, aussi bien faudra-t-il tout quitter et le laisser entre les mains de tel qui le dissipera ou auquel cela servira de ruine et de damnation."
6. L'accompagnement psychologique et spirituel
Pour guérir de la dépendance à l'argent, surtout chez ces grands malades que sont le joueurs compulsifs, l'aide de personnes-ressources qui connaissent bien la maladie en cause est toujours très utile et parfois nécessaire. Ces personnes en qui on peut mettre sa confiance si, avec l'expérience professionnelle, elles ont une foi éclairée et vivante, agiront comme des thérapeutes spirituels, soucieux de comprendre leurs malades, de leur prescrire les remèdes les plus appropriés à leur condition, et de les soutenir dans le travail intérieur qu'ils ont à faire pour leur rétablissement. Toute dépendance à vaincre met dans une position de combat spirituel, pour lequel il faut apprendre les meilleures stratégies qui conduiront l'âme à sa libération. Il s'agit de se défaire d'une vieille mentalité d'esclave pour en acquérir une nouvelle d'homme libre. Comme l'enseigne le plus illustre des psychologues qui est Jésus-Christ, il faut, pour devenir intérieurement libre en face de l'argent, soumettre complètement le désir des richesses matérielles à un désir plus profond et plus ardent des richesses spirituelles, au point que ce soit ce désir qui détermine toute la conduite.
"N'amassez pas pour vous des trésors sur la terre, où les vers et la teigne les consument, où les voleurs percent les murs et dérobent. Amassez-vous plutôt des trésors au ciel, où ni les vers ni la teigne ne consument, où les voleurs ne percent pas les murs, ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi est ton coeur". (Mt 6, 19-21)
Un trésor est toujours source de joie, et c'est pour cela qu'on s'y attache. Mais la joie des trésors matériels si fragiles est fugace et illusoire ; elle se change vite en peine et douleur. Seul le souverain trésor des richesses infinies de Dieu mérite que notre coeur s'y attache.
7. L'aumôneOn guérit une maladie par son contraire. Les dispositions les plus contraires à l'avarice et à la cupidité sont la compassion et la charité à l'égard du prochain, qui se traduisent en actes par l'aumône. L'aumône, qui n'est vraiment aumône que lorsqu'elle est faite par compassion et pour l'amour de Dieu, est une oeuvre de miséricorde, qui attire sur soi la miséricorde de Dieu. Le mot lui-même "aumône" vient du grec eleèmozunè qui signifie miséricorde. Le retour de la miséricorde divine sur le coeur miséricordieux, qui ouvre sa bourse aux pauvres, est affirmé en plusieurs endroits de l'Écriture, en particulier au livre de Tobie (IV, 7) : "Faites l'aumône de votre bien, et ne détournez votre visage d'aucun pauvre ; la conséquence sera que le Seigneur ne détournera non plus son visage de vous".Notre Seigneur proclame cette béatitude : "Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde" (Mt 5, 7).
La miséricorde de l'aumône, tel est le remède à l'avarice, que prescrivait ce grand maître spirituel que fut saint François de Sales :
"Violentez-vous à faire souvent des aumônes et des charités. L'aumône a une double efficacité pour la guérison de cette maladie de l'âme qu'est l'avarice : l'une directe, car elle réagit, par sa nature même contre la tendance de ce vice ; l'autre indirecte, car elle est une oeuvre méritoire qui obtient de la bonté de Dieu, pour celui qui l'accomplit, des grâces de conversion et de sanctification".
J.R.B.
L'avarice selon St-Jean Chrysostome"L'avarice est un horrible, oui, un horrible fléau : elle ferme les yeux, elle bouche les oreilles de celui qui en est possédé et le rend plus cruel que les bêtes féroces : elle ne lui permet d'avoir nulle attention, nulle considération pour quoi que ce soit, ni pour la conscience, ni pour l'amitié, ni pour la société, ni pour son propre salut ; elle le détache de tout pour l'asservir au joug pesant de sa propre autorité. Et ce qu'il y a de pire dans cet esclavage, c'est qu'elle persuade à ceux dont elle fait ses esclaves qu'ils sont ses obligés ; c'est qu'on s'y complaît d'autant plus qu'on est plus asservi. Voilà par où l'avarice devient une maladie incurable : voilà par où cette bête sauvage est si difficile à prendre et à apprivoiser. Par elle, Giézi, de disciple et de prophète, devint lépreux ; elle perdit Ananie, elle fît un traître de Judas. L'avarice a corrompu les princes des prêtres et les sénateurs, leur a fait recevoir des présents, et les a mis au rang des voleurs : elle a engendré une multitude de maux, inondé les chemins de sang, rempli les villes de pleurs et de gémissements : c'est elle qui souille les repas et y introduit les mets défendus. Voilà pourquoi saint Paul appelle l'avarice une idolâtrie (Éphés, v.5) : et encore, par cette qualification, il n'en a point détourné les hommes.
Mais pourquoi l'apôtre appelle-t-il l'avarice une idolâtrie ? C'est parce que bien des riches n'osent se servir de leurs richesses, qu'ils les gardent précieusement et les remettent à leurs neveux et à leurs héritiers sans y avoir touché, qu'ils n'osent même pas y toucher, comme à des offrandes faites à Dieu. Et s'ils sont quelquefois obligés de s'en servir, ils le font avec réserve et avec respect, comme s'ils touchaient à des choses sacrées auxquelles il ne leur serait point permis de toucher. Mais encore comme un idolâtre garde et honore son idole, vous de même vous enfermez votre or sous de bonnes portes et de fortes serrures; votre coffre, vous vous en faites un temple, vous vous en faites un autel où vous déposez votre trésor et le mettez dans des vases d'or. Vous n'adorez pas l'idole comme lui, mais vous lui prodiguez les mêmes soins. Un homme ainsi préoccupé de la passion d'avarice, donnera plutôt ses yeux et sa vie que son idole. Voilà ce que font les avares qui sont passionnés pour l'or.
Mais, direz-vous, je n'adore point l'or. Le gentil non plus n'adore point l'idole, mais le démon qui demeure en elle. Vous, de même, vous n'adorez pas votre or; mais le démon qui, par vos yeux avidement fixés sur l'or et par votre cupidité, est entré dans votre âme, vous l'adorez. Car l'amour des richesses est pire que le démon : c'est un dieu à qui plusieurs obéissent avec plus de zèle que les gentils n'obéissent à leurs idoles. Ceux-ci n'obéissent pas aux leurs en bien des choses, mais les autres leur sont soumis en tout, et font aveuglément tout ce qu'elles leur prescrivent.
Que commande l'avarice? Soyez, dit-elle, ennemi de tout le monde, oubliez les devoirs de la nature, négligez le service de Dieu : vous-même, sacrifiez-vous à moi : et ils lui obéissent en tout. On immole aux idoles des boeufs et des moutons ; mais l'avarice veut un autre sacrifice ; elle dit : immolez-moi votre âme, et l'avare lui immole son âme. Ne voyez-vous pas quels autels on élève à l'avarice, quels sacrifices elle reçoit? Les avares ne seront point héritiers du royaume de Dieu (I Cor. VI, 10) ; et ils ne craignent et ils ne tremblent point. Mais toutefois cette passion est la plus faible de toutes : elle n'est point née avec nous, elle ne nous est point naturelle : si elle venait de la nature, elle aurait établi son règne dès le commencement du monde. Or, au commencement il n'y avait point d'or, personne n'aimait l'or.
Mais voulez-vous savoir d'où naît cette passion? comment elle a crû, comment elle s'est étendue? Le mal s'est propagé parce que les hommes ont porté envie aux riches qui avaient vécu avant eux, et le spectacle de la prospérité d'autrui a stimulé jusqu'à l'indifférence. Voyant que d'autres ont eu de magnifiques maisons, de vastes domaines, des troupes de valets, des vases d'argent, des armoires pleines d'habits, on n'épargne rien pour les surpasser ; de sorte que les premiers venus irritent la cupidité des seconds, et ainsi de suite. Mais, si les premiers avaient voulu vivre dans la modération et dans la frugalité, ils n'auraient pas servi de maîtres et de modèles à ceux qui sont venus après eux. Toutefois, ceux qui les suivent, et qui imitent leur luxe, ne sont pas pour cela excusables, ils ont d'autres modèles ; il se trouve encore des gens qui méprisent les richesses. Et qui est-ce qui les méprise? direz-vous. Effectivement, ce qui est le plus fâcheux, c'est que ce vice a tant de force et d'empire qu'il semble invincible : on croit que tout est soumis à ses lois, et qu'il n'est personne qui suive la vertu contraire, je veux dire la modération, la tempérance.
Je pourrais néanmoins, en compter plusieurs, et dans les villes et sur les montagnes : mais de quoi cela vous servirait-il? Vous ne changeriez point, vous n'en deviendriez pas meilleurs. De plus, je ne me suis pas proposé de traîter aujourd'hui cette matière, et je ne dis pas qu'il faille répandre ses richesses et s'en dépouiller. Je le voudrais pourtant bien, mais parce que cela paraît trop difficile, je ne vous y obligerai pas. Seulement je vous exhorte à ne point désirer le bien d'autrui, et à faire part aux pauvres des biens que vous possédez."
________________________________
S. Jean Chrysostome, Commentaire sur Saint-Jean, Homélie LXV,3.

J.R.B.
YT  Source http://www.lumenc.org/yt/malcupidite.html

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