ÉLECTIONS FÉDÉRALES
Le Valais achève sa campagne en «république bananière»
Engagé dans un duel contre le PDC pour l’élection au Conseil des Etats, le PLR entend dépêcher des observateurs dans les communes haut-valaisannes.
Les libéraux radicaux doutent du bon fonctionnement de la démocratie en Valais. Ce mardi, ils ont envoyé une soixantaine de courriers, principalement destinés aux communes haut-valaisannes. Ils entendent dépêcher des mandataires partout où ils ne sont pas représentés par un élu, comme la loi le leur permet. Suite aux vives réactions déclenchées par cette lettre, le PLR a diffusé un communiqué de presse qui attribue au canton «une étiquette de république bananière», et qui pose cette question: «Y aurait-il de la réticence vis-à-vis des mandataires PLR comme il y en a vis-à-vis des délégués de l’ONU lors de contrôles des élections dans certains pays»?
La fin de la campagne est tendue. Avant ce dimanche, il n’y avait plus eu de second tour en Valais pendant douze ans, et trois élections tacites s’étaient succédées. Le PLR Pierre-Alain Grichting défie seul les deux favoris démocrates chrétiens, qui défendent le monopole historique de leur parti au Conseil des États. Si plus personne ne conteste l’élection de Jean-René Fournier, son colistier haut-valaisan Beat Rieder est dans le viseur du libéral radical, qui comptait 8500 voix de retard le 18 octobre.
Dans la partie alémanique du canton, le PDC Beat Rieder recueille beaucoup plus de suffrages que le PLR Pierre-Alain Grichting. Les conservateurs ont toujours été majoritaires dans un Haut-valais où les libéraux radicaux ne sont jamais vraiment parvenus à s’implanter. Ce bastion démocrate chrétien est au centre de la campagne au Conseil des États.
Auteur de la lettre qui a fâché le Haut-valais, le secrétaire général du PLR Victor Glassey prétend que son parti ne doutait pas de la probité des scrutateurs. Selon lui, les libéraux radicaux souhaitaient simplement «participer à une belle fête démocratique», avant que les réactions «disproportionnées» des démocrates chrétiens ne leur inspirent des soupçons. Il interroge: «Qu’est-ce qu’ils ont à cacher pour se montrer aussi nerveux lorsque nous voulons nous rendre chez eux?».
S’il ne conteste pas le droit des libéraux radicaux à disposer d’observateurs dans les communes, le président du PDC du Valais romand doute sérieusement de leur angélisme. Avec ironie, serge Métrailler relève que le PLR n’avait encore «jamais participé aux nombreuses fêtes démocratiques du Haut-Valais» et souhaite que la démarche se pérennise. Pour lui, «ce courrier n’est pas anodin: il sous-entend qu’il pourrait y avoir des malversations». En ajoutant que «le PLR fait peser une suspicion indélicate sur des gens qui ont toujours fait correctement leur travail», il comprend les réactions outrées des démocrates chrétiens haut-valaisans.
Ce jeudi, les conservateurs du Haut-Valais ont condamné les propos des libéraux radicaux dans un nouveau communiqué. Pour eux, «évoquer une république bananière constitue une attaque frontale contre les institutions et donne une mauvaise image du canton». Leur candidat Beat Rieder, lui, ne s’exprime pas. Sur les réseaux sociaux, il a publié le courrier envoyé aux communes avec ce commentaire: «Une seule réponse: Jean-René Fournier et Beat Rieder au Conseil des Etats». Pour la direction du PLR, l’administration qui a transmis le document au candidat a enfreint la loi. Elle somme désormais le conservateur de s’expliquer «sans délai», tout en dénonçant un «comportement antidémocratique».
En Valais, le secret du vote est parfois malmené par le nombre d’électeurs restreints de communes trop petites. Pour le premier tour du 18 octobre, il n’était d’ailleurs pas garanti. Les enveloppes étaient transparentes, et plusieurs scrutateurs ont alerté l’État parce qu’il était possible de deviner les noms imprimés au travers du papier. Le service de l’intérieur a désormais changé les enveloppes. Il recommande aussi aux communes d’accepter la requête du PLR, et d’accueillir ses observateurs.