Mumble Ensemble...
Bonjour à toutes et tous.
Ce soir (15/2/16), à partir de 21h, Frédéric Bosqué donnera une conférence en direct-duplex sur NPS Radio.
« ECOVILLAGES ET TERRITOIRES EN TRANSITION »
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http://revenudebase.info/2013/01/09/revenu-salaire-vie-friot/Revenu de base ou salaire à vie ? Les désaccords entre les défenseurs des deux projets ne sont pas que d’ordre sémantique. En effet, c’est deux visions de la société qui s’affrontent. Frédéric Bosqué revient dans cette tribune sur ce qui sépare le revenu de base du salaire à vie de Bernard Friot, mais aussi sur ce qui rassemble les militants de chacune des propositions.
Depuis plusieurs mois, j’entends, je lis, je vois des informations qui circulent autour du salaire à vie de Bernard Friot et de son « réseau Salariat ». Plusieurs de mes ami-e-s m’ont même dit, en s’appuyant sur les dires de son géniteur ou de ses volontaires, que salaire à vie et revenu de base seraient en quelque sorte de la même famille et que rien de vraiment significatif ne les séparerait si ce n’est leur appellation « revenu » et le « de base »… rien que ça.
En me référant à son livre L’enjeu du salaire (en particulier les pages 167 à 170), et à soninterview vidéo en deux parties sur le site Actus Chômage, je voudrais remettre, entre revenu de base et salaire à vie, une perspective de choix civilisationnel afin de regarder si ces deux propositions sont si proches l’une de l’autre ou si leurs directions nous conduisent vers deux avenirs très différents. Ainsi, chacun pourra au mieux, dans le présent, choisir un salaire ou un revenu en fonction de l’avenir vers lequel il conduit, voire peut être un mix entre les deux, sait-on jamais !
Un simple aménagement de la société de production
Soyons d’accord au moins sur un point : je n’ai rien « contre » Bernard Friot que je n’ai pas le plaisir de le connaître. Et il va sans dire, mais c’est mieux en l’écrivant, que rien dans ce que je dirai ne portera atteinte à ce qu’il est. Je ne pense pas non plus qu’il a tort ou que j’ai raison. Je pense qu’il s’agit plutôt, en tout cas pour moi, d’un désaccord profond dans le sens d’un accord inharmonieux entre la civilisation proposée en fin de compte par un salaire à vie, et celle d’un revenu de base inconditionnel.
Je pense qu’au-delà du nom de chaque proposition s’ouvrent des perspectives radicalement différentes, « radical » étant pris ici dans le sens de profond. En effet, le salaire à vie décrit par le réseau salariat, est pour moi un aménagement de la société de production au profit de l’une de ses composantes : les salariés. Il est une réaction à la prise de pouvoir excessive, sur ce point nous sommes d’accord, d’une autre partie prenante de la société de production : les actionnaires. Personnellement, je ne ferai pas le choix de l’un contre l’autre, car les deux sont nés avec la société de production et les deux disparaîtront avec elle.
Rien de très nouveau d’ailleurs, puisque déjà en 1905, la charte d’Amien confirmait l’article 2 constitutif de la C.G.T. : « « La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat » ! C’est d’ailleurs pour cela, me rappelait mon ami Patrick Viveret, que le mouvement avait pris pour nom « mouvement ouvrier », ouvrier faisant référence à l’Oeuvre comme projet de vie et non un simple emploi salarié. Loin de tirer la couverture, à droite ou à gauche, du lit de la société de production où nous nous sommes endormis à moitié, le revenu de base, lui, nous en sort… du lit ! Il nous appelle à nous réveiller et nous entraîne pas à pas vers une nouvelle société, celle de l’émancipation. Je pense, mais je peux me tromper, qu’il y aura autant de différences entre la social-démocratie, la civilisation actuelle, et l’ancien régime qu’il y aura de différences entre la social-démocratie et la société de l’émancipation.
C’est ce choix qu’ont fait les défenseurs du revenu de base. C’est pour cela qu’ils refusent de se faire enfermer dans toute idéologie, qu’elle soit libérale, socialiste ou écologiste, même si chacun milite dans un parti ou une organisation se référant à l’une ou l’autre de ces idéologies, voire à aucune ou plusieurs d’entre elles. Ils ont bien compris que l’évolution de la vie va vers l’individualisation des consciences, vers leur émancipation et que cette autonomie ne se gagnera pas contre les autres parties prenantes de notre société mais avec elles.
C’est pour cela qu’ils appellent de tous leurs vœux une compréhension mutuelle, une réconciliation de toutes les parties prenantes de notre société. Car si nous avons choisi la république (Res Publica, la chose publique) ET la démocratie (le gouvernement par le plus grand nombre) c’est parce que nous voulons, dans la diversité, continuer à vivre ensemble. En fait, le message profond des défenseurs du revenu de base est quechacun puisse expérimenter le chemin de son propre bonheur dans le respect des humains et de la nature. Préserver le bien commun et étendre nos libertés individuelles, voilà le projet civilisationnel du revenu de base. Mettre fin à l’utilisation de l’humain comme prothèse à vie de l’appareil de production et l’utilisation de la nature comme son support, voilà leur engagement Politique avec un grand P comme dans « PAIX ». J’attends avec une certaine impatience, le projet civilisationnel et l’engagement politique des défenseurs du salaire à vie.
Je vais donc essayer, au travers de la lecture de leurs écrits, de mettre en avant nos différences, non pas pour nous opposer de façon stérile mais pour mettre clairement sur la table les objets de notre dispute, dans le sens élevé auquel l’entendaient nos ancêtres Grecs et plus particulièrement leurs philosophes. C’est à partir de ces éléments saillants que je nous invite à entrer en dialogue, quand et où nous le voudrons, mais dans tous les cas, dans un esprit de fraternité qui sied à ceux qui aspirent à l’émancipation humaine.
Salaire à vie et revenu de base sont inconditionnels
Les défenseurs du revenu de base ont dû souvent faire face à diverses propositions qui se revendiquaient de la même famille qu’eux. Afin de bien distinguer chacune d’entre elles, ils ont établi une grille de test simple auquel nous allons aussi soumettre le salaire à vie :
1. Un salaire à vie est il inconditionnel ? Non, il est versé sous condition de majorité. Il faut avoir 18 ans.
2. Le salaire à vie est-il égal pour tous ? Non, il est fonction d’une échelle de qualification qui compte quatre niveaux. Il y a bien une différence entre les humains et cette différence est exprimée par leurs niveaux de qualification. Mais par rapport à quoi ? par rapport à leur appartenance à l’appareil de production marchand.
3. Le salaire à vie est-il versé de la naissance à la mort ? Non, nous l’avons vu, nouvelle distinction entre les humains : un mineur n’est pas un « vrai » humain.
4. Le salaire à vie est-il cumulable ? Oui, puisque les niveaux de qualification s’empilent.
5. Le salaire à vie est-il inaliénable ? Je n’ai pas trouvé de réponse à ce sujet.
Le salaire à vie n’est donc pas inconditionnel, il n’est pas non plus égal pour tous, il n’est pas versé de la naissance à la mort, il est par contre cumulable.
Mais pour autant, je le considère comme le plus proche cousin de nos revenus d’existence, de base, de vie, inconditionnels ou autres allocations universelles ou citoyennes … car comme eux, il est irréversible et laisse à penser que chacun, avec lui, pourra enfin un jour choisir son activité indépendamment du revenu en monnaie qu’il en tirera.
Nous avons donc une base commune ! Soyons heureux nous avons donc à partir de cette base commune une forte perspective d’amélioration !
« Salaire » ou « Revenu », du Mineur à vie au Majeur de base
« L’attribution à chacun, à sa majorité, du premier niveau de qualification, reconnaît la potentialité de participer à la création de valeur économique » nous dit Bernard Friot.
Je suis en désaccord profond avec cette phrase qui encore une fois ne peut voir un humain autrement que comme prothèse à vie de l’appareil de production. Je refuse toute forme d’aliénation, qu’elle soit issue d’un collectif ou d’un individu. Un humain naissant ne sera jamais « un potentiel de participation à la valeur économique ». Il est bien plus que cela.
C’est quand même hallucinant qu’au XXIème siècle, on ne puisse comparer les humains entre eux que comme exerçant, même potentiellement, une activité de production dans le but de vendre cette production contre de la monnaie sur un marché ! À cette réduction de l’humain, à sa qualité de travailleur à vie, pire de salarié à vie, le revenu de base oppose une vision émancipatrice. Le revenu de base n’est pas versé parce que nous avons des capacités à produire mais simplement parce que nous existons. Le petit d’humain est accueilli pour lui-même, sans condition ni comparaison. Il est le même pour tous, il ne t’est pas donné pour ce que tu vas faire pour la société, vision utilitariste et matérialiste de l’humain et il n’est pas lié non plus à ton mérite personnel, vision élitiste et individualiste de l’humain.
Ici commence la raison pour laquelle nous disons revenu et pas salaire. Un revenu me revient, et justement il se trouve que le revenu de base me revient car il est un droit nouveau à jouir du patrimoine commun de toute l’humanité qui ne se réduit pas à celle qui occupe cet espace et ce temps mais qui s’étend à celle qui occupe tous les temps et tous les espaces. Depuis Yoland Bresson, nous savons que quel que soit son niveau de qualification, un geste technique n’a de valeur marchande que dans le champ économique dans lequel il est inscrit. Et ce champ économique n’a pas été créé que par l’individu qui accomplit cet acte marchand, ni par la génération actuelle qui l’a mis au monde, mais aussi par toutes celles et ceux qui nous ont précédés. Ainsi ce capital humain (je sais que ça va hérisser les poils de certains, mais bon autant mettre sur la table ce qui n’y est pas encore !), n’appartenant à personne, appartient à tous et nous devrions nous le répartir de façon strictement égalitaire.
Le revenu de base est donc un revenu qui me revient indépendamment de ceux qui me gouvernent, de ceux qui me font travailler, de ceux qui défendent mes droits et même de ceux qui m’ont donné la vie, voire indépendamment de mes propres talents. C’est en cela que le revenu de base est émancipateur de toutes les conditions qui s’exercent sur notre libre arbitre, qu’elles soient génétiques, psychologiques, culturelles, structurelles, voire conjoncturelles.
Oui, un salaire n’est pas un revenu, justement. Le salaire est né avec l’industrialisation de la production et l‘apparition de la machine. Pour moi, il n’est que la forme moderne de l’esclavage. D’ailleurs en droit, il implique un lien de subordination avec son employeur. Le salaire est souvent fonction du marché du travail, comme il existait à l’époque le marché des esclaves. Bien sûr, je ne nie pas la profonde influence positive qu’il a eu sur les conditions de travail grâce aux luttes sociales pour le faire croître, mais j’en dénonce le tréfonds aliénant. Que ce soit sous la domination des salariés qui fixeront son niveau, ses paliers, ses épreuves et son mérite, ou que ce soit sous sa domination actuelle liée aux actionnaires qui conditionnent ce qu’ils laissent aux salariés ; dans les deux cas ce sont des parties prenantes de la société de production qui le fixeront à partir d’une production marchande vendue sur un marché contre de la monnaie.
Je ne pousserai pas plus loin la comparaison. Retenons seulement que si nous voulons vraiment poursuivre l’émancipation de l’Humain, en préservant la diversité de ses activités marchandes ou non selon ses aspirations, le revenu ne doit plus dépendre d’aucun pouvoir, qu’il soit privé ou public, mais d’une décision constitutionnelle votée par une majorité qualifiée qui octroie sans condition un revenu à tout citoyen dès sa naissance et jusqu’à sa mort. Ce revenu inaliénable, égal pour tous, doit lui permettre de dire « oui » ou « non » à une activité marchande. Ce nouveau droit nous fera entrer dans une société nouvelle. Il changera profondément les rapports sociaux et mettra fin à ce chantage à la faim qu’exercent les parties prenantes de la société de production sur tous les humains et l’exploitation suicidaire de la nature et de toutes ses formes de vie.
« A vie » ou « de base » : du déterminisme au libre arbitre
Je ne serai donc jamais un mineur à vie ! Je suis un majeur de base. Ce n’est pas parce qu’une société de chats fera naître un chien que le chien deviendra un chat ! Nous devons nous organiser pour que chacun trouve sa place dans notre république, et que croissent Liberté, Égalité et Fraternité ensemble… entre chiens et chats !
Bernard Friot nous dit :
Les ressources relèvent de deux chèques, celui du revenu de base et le second obtenu sur le marché du travail. L’emploi demeure donc bien la matrice du travail, même si un forfait vient reconnaître la contribution au travail du hors-emploi
Oui et non ! Certes, la (r)évolution de l’instauration d’un revenu de base met en évidence, en effet, deux revenus. Un revenu d’activité lié à ma participation individuelle à la production d’un bien, d’un service ou d’une information, vendue ensuite sur un marché, et un revenu d’existence non lié à ma participation directe à la production marchande mais indexé sur elle.
Le but du revenu de base n’est pas de modifier la nature du revenu d’activité. Que ceux qui veulent produire des biens, des services et de l’information, qui vont être vendus ensuite sur un marché en monnaie, s’arrangent entre eux ! Il y a pour cela la loi, les droits, et tout ce qui est nécessaire pour répartir en monnaie le fruit de cette production marchande. Je ne dis pas que c’est bien ou mal, je dis qu’ils décident entre eux. Pour ma part, je pense qu’il faut étendre la démocratie au marché et pour cela je me battrai pour que toutes les parties prenantes de l’économie participent aux choix de la répartition de ce qu’ils ont produit et que jamais l’une d’entre elles ne décide sans les autres.
L’histoire nous a montré et nous montre encore aujourd’hui les excès possibles issus de la volonté de toute puissance de chacune des parties prenantes de la société de production : clients, fournisseurs, salariés, actionnaires, société civile… Pour ce faire il nous faudra même changer la loi, car il n’existe pas un droit de l’entreprise mais seulement un droit des sociétés de capitaux. Même les SCOP sont soumises au droit des sociétés de capitaux. Il n’existe aucune possibilité, en droit, d’entreprendre sans que le centre de l’entreprise soit un capital en monnaie ! Mais ce n’est pas ici le lieu de débattre de ce thème et justement, ce n’est pas le champ d’engagement du revenu de base.
Le sujet du revenu de base est de créer un nouveau type de revenu pour tous les humains indépendamment de leur participation à une activité marchande. Un revenu d’existence qui donne le droit de choisir une activité grâce à ce revenu, et non pour en avoir un. Le sujet du revenu d’existence, qui un jour sera un revenu d’autonomie, c’est le pouvoir de chaque citoyen de dire « oui » ou « non » à une activité marchande. Son sujet, c’est le « JE » au cœur du « NOUS ». Nous pensons que l’on peut tout à fait vivre et se développer en relocalisant sa production voire en la démonétisant pour en user directement ou l’échanger gracieusement. Nous pensons que de plus en plus d’activités « de base » nécessaires à la vie engendrent une abondance qui n’est limitée « à vie » que par leur monétisation et leur appropriation par certaines parties prenantes de la société de production. Nous revendiquons le droit d’exister et de créer, indépendamment de la monétisation que nos activités engendrent. Seul un découplage des revenus des seules activités marchandes permettra cette métamorphose vitale de notre civilisation marchande en une civilisation humaine fondée à la fois sur la préservation de notre bien commun ET sur l’extension de nos libertés individuelles.
Pour un nouveau contrat social
Le contrat social implique que nous abandonnions une partie de notre liberté individuelle au profit d’une volonté commune constituée en association. C’est elle qui préserve mes droits individuels contre toutes les parties prenantes de la société. En particulier elle est là pour m’assurer de la jouissance durable du bien commun nécessaire à la vie. Mais aujourd’hui, nous sommes contraints à produire bien plus que ce qui nous est suffisant, en raison de ce chantage à la faim qui, par le salaire, nous met un anneau dans le nez. Seule une déconnexion du revenu de l’activité marchande viendra à bout de ce nouvel esclavage. Ce lien toujours clair entre salaire et production marchande, entre salaire et utilité sociale, doit être coupé définitivement, par un revenu d’existence ou de base. Le revenu d’activité, lui, restant assis sur cette production marchande qu’il soit salarial ou non.
Àl’inverse du Salaire à vie qui rattache clairement son niveau à une qualification qui est fonction de l’appareil de production.
Aujourd’hui, la société de production est capable de produire bien plus que le nécessaire. Et pourtant, partout dans le monde, des humains meurent de faim, de froid, d’ignorance et de maladie pendant que d’autres remplissent leur coffre et leur caddie d’objets inutiles à la vie. Avec 80 milliards de dollars, on met fin à la misère. Soit la bagatelle de 0,01 % des transactions financières dans le monde des actionnaires, 10% du budget militaire mondial des états, ou encore 100% du budget de la nourriture pour animaux domestiques en 2010. Une crise de valeurs ? Oui mais pas financière ! Les volontaires du revenu de base ne sont pas là pour s’immiscer dans les combats éternels que se livrent ceux qui ne veulent pas produire et échanger sans contrepartie à leur travail, mais leur cause est celle de ceux qui depuis longtemps pensent en termes de gratuité, de fraternité, de liberté, de justice, d’émancipation et d’abondance.
Bien sûr, il faut mettre fin à l’injustice sociale, aux conditions de travail ignobles auxquelles sont soumises certains salariés dans le monde, le viol outrancier de la nature et de ses formes de vie, la guerre économique que se livrent des entreprises exsangues car soumises à une demande solvable sans cesse réduite par la productivité des machines, l’intensification des cadences et l’appropriation fanatique des acteurs financiers de la monnaie nécessaire à faire circuler les richesses réelles. Un simple revenu « de base », permettant à terme de dire « oui » ou « non » à une activité marchande serait un signal majeur pour remettre chacun à sa place. Les rapports sociaux changeraient profondément et chacun pourrait enfin refuser un emploi pour prendre une activité marchande ou non marchande de son choix. Cumulable avec toute forme de revenu, qu’il soit salarial ou non, chacun pourrait choisir, en fonction de son aversion aux risques, l’activité qu’il voudrait conduire et le niveau nul, légitime ou excessif des contreparties qu’il voudrait en échange de ses talents.
Transition VS révolution
« Tous les changements révolutionnaires dans la définition du travail abstrait qu’opère déjà le salaire à vie continuent à être niés, a fortiori, par ce que rend possible le salaire universel. » nous dit Bernard Friot
Dans un processus de changement profond et vital d’une organisation, que ce soit un foyer, une entreprise, ou la communauté mondiale, l’important n’est pas ceux qui vont s’adapter aux nouvelles règles mais ceux qui ne vont pas s’y adapter. La question de fond sera : comment la nouvelle organisation va-t-elle intégrer la plus grande diversité possible pour continuer sa progression sans vivre une douloureuse «contre-révolution »? De toute façon, dans un cas comme dans l’autre, l’organisation devra intégrer ce qui est devenu nécessaire à sa survie ou bien elle périra. Jared Diamond nous a montré dans son livreEffondrement que le manque de cohésion sociale et l’incapacité à consommer les ressources au rythme de leur renouvellement sont les deux causes les plus fréquentes de disparition des civilisations qui nous ont précédées.
C’est pour cette raison, mais c’est un choix personnel, que j’ai abandonné toute forme de révolution au profit de la transition, quoiqu’une transition soit une (r)évolution mais avec un changement d’ère ! Cela fait 27 ans que je suis un volontaire engagé pour remettre la finance au service de l’économie et l’économie au service de la vie. Je suis engagé avec mes ami-e-s pour l’instauration d’un revenu de base inconditionnel pour tous. Je suis également engagé (entre autres) pour une réappropriation de la monnaie par les citoyens dans le mouvement « Sol », que Patrick Viveret a initié. Je pense donc appartenir à la même famille des humains progressistes qui ne peut se réduire à la seule « gauche marxiste».
Qu’est-ce qui est commun à tous mes engagements ? La volonté de réunir tous les camps, de les faire dialoguer, de faire en sorte que chacun sorte du camp dans lequel il est né ou dans lequel les évènements de sa vie l’ont placé. L’objectif est de trouver à nouveau un centre de l‘union, où les volontaires de chaque camp pourront à nouveau trouver les causes et non plus les cibles de nos problèmes communs et bâtir enfin les bases d’une nouvelle civilisation plus humaine et plus respectueuse de la nature. Tous sont les bienvenus pour surpasser la souffrance et la douleur humaine et engendrer la poursuite de l’émancipation humaine !
Il s’agit d’accueillir tous ceux qui veulent mettre fin à ces passions archaïques d’accumulation sans mesure, de spoliation systématique, de pouvoir unilatéral sur les autres, de production sans régulation, d’exclusion bestiale et la liste pourrait s’étendre quasiment à l’infini tant notre culture colporte encore de germes propices à la régression humaine. Il s’agit de donner la chance à chacun de prendre un nouveau départ, de ne plus répéter le passé, d’opérer sa métamorphose, de passer de la chenille au papillon ! Et ce sont toutes ces chenilles en cours de transition qui sont la société en transition. C’est à chacun d’entre nous d’élever ses comportements au niveau de ses valeurs et d’aider les autres à faire de même. Comme le dit Gandhi : « Sois le changement que tu veux voir dans le monde… ».
Invitation au dialogue
La dispute (toujours au sens grec) et le dialogue que je propose à nos camarades du « Salaire à vie », se résume à deux constats temporaires sur le revenu de base et le salaire à vie.
Par son caractère modeste « de base », le revenu de base procède par transition en faisant gagner progressivement toutes les parties prenantes de la société de production. Le fait que chacun pourra continuer à se regrouper en association ou en entreprise avec ou sans but lucratif, autour d’une capital financier ou humain, pour exercer une activité marchande ou non, introduira une diversité de choix propice à un enrichissement mutuel que la démocratie par la négociation permettra de réguler et de faire progresser. Le revenu de base renforcera notre volonté de faire société dans la diversité. En même temps, le fait de déconnecter le revenu de la seule activité marchande introduira un germe de changement que le corps social pourra intégrer sans rejet ni lutte excessive avec, à terme, l’assurance, comme tous les droits précédents, d’atteindre un revenu d’autonomie suffisant pour dire « oui » ou « non » à une activité marchande et entrer dans une société de l’émancipation pour préserver notre bien commun et étendre nos libertés individuelles.
Par son caractère « à vie », le salaire à vie, selon moi, reste un projet trop global, centralisé, faisant système et basé sur des rapports de force excessifs. Il ne peut faire gagner l’une des parties prenantes de notre société que contre la destruction d’une autre, ce qui appellera pour moi des processus forcément violents et non démocratiques pour contenir la réaction violente de ceux qu’ils voudront détruire et réduira notre volonté commune à faire société. Son engagement et ses perspectives sont clairement de rester à l’intérieur même d’une société de production dans laquelle, l’humain, producteur marchand et salarié pour l’éternité, restera lui une prothèse « à vie ». L’appareil de production marchand restera central. La nature et la Vie ne seront jamais que son support éternel. Le fait que ce soient les salariés ou les actionnaires d’une entreprise marchande qui décident, collectivement ce qui est valorisable ou pas en monnaie pour chacun, continuera à freiner la poursuite de l’émancipation humaine.
Il me tarde de pouvoir discuter de tout cela, dans un esprit de fraternité, avec Bernard Friot et les volontaires du salaire à vie. C’est dans une compréhension plus grande de nos différences que nous pourrons construire nos désaccords mais c’est aussi dans leur acception que nous pourrons, peut-être, voir émerger à vie une base commune et cela, mes ami-e-s, sera pour moi autant un salaire qu’un revenu.
Pour prolonger le débat, le livre de Frédéric Bosqué sur alternativeshumanistes.info
Crédit photo savagecats BarbaraLN
34 commentaires
Revenu de base ou salaire à vie ? | Politique & Société Actuelle | Scoop.it
bzzzz
Damien Vasse
C’est tout à fait ce que j’avais ressenti en me frottant au Salaire de Vie : un prolongement du productivisme et un processus très, trop directif. Les modalités de l’évaluation de la qualification restent floues, le système me semble mener à une injuste prime à la vieillesse et dans le même temps à une « minorité » (minorisation (sic) ?) des jeunes adultes. Un modèle à tendance gérontocratique donc.
Également, vous avez tout à fait raison en soulignant qu’il est dommage de dresser les uns contre les autres sous prétexte qu’ils auraient abusé. Cela ne ferait que relancer un cercle vicieux qui mènerait à terme à la destruction, la déconstruction du SdV par ceux qui se sont senti ou se sentiront encore lésés.
Néanmoins, nos objectifs ne sont pas antagonistes, seulement divergents. Ce qui nous permet de faire un bout de chemin ensemble
Yvan Perez
Ces interprétations laissent involontairement mais malheureusement penser que le salaire à vie c’est « tout le monde à l’usine, tous fonctionnaires, et le couteau entre les dents » .
Soyons sérieux, évitons ce genre d’extrapolations, et essayons donc d’y voir plus clair…
La production n’est donc pas forcément marchande. Elle peut aussi être non-marchande, et même être extrêmement vertueuse. Comme le dit si bien Bernard Friot en peu de mots : « un retraité produit plus de lien social que de kilomètres d’autoroute » , exprimant par cela le fait qu’être libéré du marché du travail, donc de l’emploi, chacun est alors libre (économiquement) de produire ce qu’il veut sans contrainte… que ce soit marchand, quand on produit des tomates qu’on peut vendre sur un marché, ou non-marchand quand on produit de l’avenir en élevant ses enfants ou ses petits-enfants. On pourra toujours participer à la fabrication de choses inutiles et polluantes si on le désire, mais nous serions surement très peu à vouloir le faire. Et si nous avions le choix, on ne produirait certainement pas tout-et-n’importe-quoi aussi bêtement. Mais sous la contrainte de l’emploi, nous n’avons pas ce choix puisque nous avons besoin d’un salaire qui nous reconnait en tant que producteur, afin d’être intégré dans la société tissée par l’économie qui lie le corps social. Nous sommes même contraints au point de ne plus nous indigner, massivement, face à l’obsolescence programmée qui s’est généralisée.
Plus nous cherchons le plein emploi, plus nous allons vers lui, et pire c’est !
Notons au passage que l’emploi, ce n’est pas le travail. C’est l’exploitation du travail dans le but d’en tirer profit (d’en tirer un revenu). Si on parle de plein travail ou de pleine activité, là nous sommes tous d’accord je pense : on aime se sentir utile, être productif, on aime créer ou collaborer à un projet. Mais c’est justement l’emploi qui nous empêche de travailler librement et de nous exprimer, nous obligeant à être de dociles « demandeurs d’emploi » , de vulgaires « ressources humaines » sur un marché (du travail) où l’investisseur/employeur [*] s’impose en « offreur d’emploi ». Il est alors seul décideur de ce que nous allons produire et de la façon dont on va le produire, en réclamant toujours plus de « flexibilité » pour que l’on se plie à ses décisions. Et nous ne pouvons pas nous opposer à ces choix, même si nous les trouvons souvent absurdes. Ainsi nous produisons, sans vraiment le vouloir, des choses parfois inutiles ou de plus en plus fragiles et dans des conditions que nous ne maîtrisons absolument pas. A moins de créer une coopérative où tout le monde peut intervenir dans les décisions, où chacun est maître de son outil de travail (que ce soit une machine, un bureau ou un véhicule). Ceci étant dit, il est difficile d’imaginer les grandes entreprises (comme la SNCF par exemple) se transformer en scop demain. Il y a donc encore tellement de choses à inventer, à faire évoluer dans ces domaines, et c’est bien ça qui est encourageant.
Produire de la valeur économique hors de l’emploi.
Les salariés dans la santé publique sont aussi des producteurs de valeur à travers les soins, faisant à leur tour gonfler le PIB et la masse monétaire, sans que cela soit considéré comme une marchandisation de la santé (ou des soignants qui en vivent). A l’instar des retraités donc, les infirmiers produisent de la valeur économique, depuis que ce ne sont plus les religieuses qui le font par vocation. Et comme les retraités, ou n’importe quel autre salarié, ils participent par conséquent au PIB, et leur activité n’est pas nocive je crois.
En revanche, quand on tient seulement compte des marchandises (biens et services) dans la production de valeur, on en arrive vite à penser qu’en augmentant le PIB, ça ne fera qu’empirer les choses. Nous imaginons trop facilement que la valeur ajoutée représente la marchandise créée, puisque la production non marchande ne rentre dans aucun chiffre d’affaires, ce qui la rend totalement invisible. Mais en fait, quand on y regarde de plus près,augmenter le PIB et la masse monétaire n’est pas absurde en terme d’écologie, au contraire même, comme nous le prouve la santé, la justice, la retraite, etc… qui augmentent bien le PIB sans pour autant produire de la saloperie. Et à chaque fois que nous reconnaissons toujours plus de valeur d’usage et de production non marchande dans la valeur économique, nous augmentons la part de la valeur ajoutée qui est produite et dépensée par les salarié-e-s (qui sont les seuls producteurs de cette valeur) tout en marginalisant la part qui va dans les poches des propriétaires lucratifs (c’est à dire du capital) qui ne produisent rien à part de l’injustice sociale, et le désordre établi.
C’est un long débat, une profonde discussion sur la définition de la valeur, sur la reconnaissance de nos activités (la valeur d’usage) comme valeur économique. Ce qui ne veut pas dire « tout marchandiser ». Lorsqu’un retraité touche sa pension chaque mois, nous ne considérons pas spécialement cela comme une marchandisation de sa personne ou de son temps… il est d’ailleurs libre de faire ce qu’il veut, puisqu’il est payé sans condition, et donc libre de définir lui-même là où il place la reconnaissance de cette valeur (selon ce qu’il fera de ses journées, selon ce qu’il produira, qu’il fasse pousser des tomates ou qu’il transmette ses connaissances quand il apprend la vie à son petit-fils). Lorsque nous reconnaissons les retraités en tant que producteurs, nous ne leur attribuons pas un salaire en échange d’une création de marchandises au sein de l’appareil de production. Nous leur attribuons un « salaire à vie » qui leur assure justement la liberté de ne pas avoir à se soumettre au marché du travail. Et il n’y a aucune raison de voir en cela une marchandisation de l’individu ou de son temps libre.
Donc, augmenter le PIB en reconnaissant comme valeur économique ce que nous produisons au quotidien, en reconnaissant nos moindres activités comme utiles et productrices de valeur ajoutée, nous n’encourageons pas spécialement la société de (sur)production dans laquelle nous sommes de nos jours. Au contraire même, on se libérera de cette aliénation. L’erreur ici est de définir la production exclusivement comme une production de marchandises. Or, les soins et les retraites (et même les chômeurs ou les fonctionnaires) sont producteurs de valeur économique (et ce n’est pas, comme on le croit et comme on le répète, une ponction sur le travail des autres par souci de solidarité).
Tout cela est étroitement lié au fonctionnement de la création monétaire, qu’il faut bien évidemment arracher des mains des privés. Mais je ne m’étendrais pas sur le sujet ici, on n’en finirait plus sinon.
Ensuite, sur la qualification, il est écrit dans l’article :
« une qualification qui est fonction de l’appareil de production »
Là encore, le terme « production » ne tient compte que de la production marchande, dans le cadre de l’emploi… mais c’est un malentendu.
Et pour en revenir aux retraité-e-s, le montant de leur pension est défini à partir de leurs meilleurs salaires sur les 25 dernières années travaillées, des salaires eux-mêmes définis en fonction de la qualification. Ils touchent donc un salaire à vie, attribué seulement à partir de 60 ans, mais rien ne nous empêche de penser qu’on pourrait l’attribuer dés 18 ans, ou bien avant même, avec une « qualification de base » inaliénable et attribuée sans condition. Cette qualification minimum serait alors accordée pour le simple fait d’exister parmi les autres au sein du même tissu social, économique et politique.
Il faut bien entendu (re)définir démocratiquement la façon dont on attribue les qualifications, étendre les critères et les secteurs d’activités. L’aptitude à pouvoir gérer une équipe, ou une comptabilité, sont par exemple des critères de qualification intéressants. Tout cela est déjà en débat permanent au sein des syndicats, des entreprises et de certains organismes sociaux, notamment avec les conventions collectives. La plupart des qualifications aujourd’hui, ainsi que les salaires qui valorisent toutes ces qualifications, paraissent tout à fait légitimes aux yeux de la population je crois. Il est donc dommage de buter sur cela pour renier la qualification personnelle et le « salaire à vie » qui lui serait adossé. On peut par contre surement revoir l’écart entre les plus bas et les plus hauts salaires, de la même façon qu’on pourrait revoir les critères qui définissent une qualification. Tout ça se discute déjà dans les conventions, et depuis bien longtemps. Ce sont des débats qui ont déjà lieu, et ils continueront d’avoir lieu… salaire à vie ou pas, revenu de base ou pas.
En somme, la qualification n’est pas (forcément) fonction de l’appareil de production, il y a bien d’autres critères qui jouent ou qui pourraient jouer, et il ne tient qu’à nous de faire évoluer tout cela. Mais dans le capitalisme, dans l’emploi, c’est le poste de travail qui est qualifié, pas la personne. Nous sommes ignorés en tant que qualifiés alors qu’on ne perd pas sa qualification en quittant son poste de travail. Malheureusement pour nous, nos années d’études et/ou notre expérience professionnelle ne valent plus rien quand nous perdons notre emploi. Ce qui engendre d’ailleurs un certain chantage à l’embauche… alors que nous pourrions tous être reconnus comme qualifiés (et bénéficiaires du salaire qui correspond à notre qualification) avec un droit politique inaliénable qu’on obtiendrait à l’âge de la majorité économique. Une majorité qui n’est pas forcément liée à la majorité politique. On peut très bien l’accorder avant 18 ans, et pourquoi pas dés la naissance même… si c’est le choix du plus grand nombre. C’est à nous tous d’en décider démocratiquement, c’est un vrai choix de société (comme le droit de vote) !
Enfin, on peut faire remarquer que tout ce qui est avancé en faveur du revenu de base ne remet pas en cause le salaire à vie, qui a les mêmes ambitions :
– en finir avec le chantage à l’emploi (le RdB ne le propose que partiellement)
– déconnecter la population de cette aliénation à la surproduction marchande
– libérer les gens pour leur permettre de faire ce qui leur semble utile
– décider seuls de ce qu’on produit, comment on le produit, etc…
On observe néanmoins que le Réseau pour un Revenu de Base reste flou dans ses revendications (en terme de financement par exemple, aucun consensus n’existe encore) alors que le salaire à vie existe déjà, et un peu partout en Europe, pas que chez nous.
Un des point discutable dans ce qui sépare ces deux visions d’un revenu garanti, c’est la majorité économique. Elle est une sorte de condition pour le salaire à vie : être apte à gérer son argent seul, être libre acteur de l’économie (un enfant de 5 ans le peut-il ?). Par contre, rien ne nous force à établir cette majorité à 18 ans, on peut l’imaginer dés 14 ans, ou à la naissance. Le Réseau Salariat ne veut rien imposer, il ne fait que suggérer. Et sur tous ces sujets, nous invitons tout le monde à s’impliquer dans ce genre de réflexions et travaux d’étude. Définir une majorité économique, l’âge à partir duquel on accorde le droit (politique) d’être reconnu dans la société en tant que producteur autonome (et donc détenteur d’un revenu/salaire inconditionnel), nous devrons le faire collectivement et démocratiquement, bien évidemment… de la même manière que nous définissons collectivement, à travers les institutions qui nous servent de « démocratie » pour le moment, la majorité politique à 18 ans.
On peut très bien penser que la « qualification de base » c’est d’être Humain et vivant, accordant alors cette qualification dés la naissance, avec un salaire (progressif jusqu’à la majorité peut-être ?) versé aux parents. Quelque soit la vision du revenu garanti qu’on défend, personne n’a vraiment le même avis sur tous ces sujets. Le Réseau Salariat n’a pas la prétention de proposer une solution clé en main, et tout cela est aussi en débat au sein de l’association. Nous mettons seulement sur la table une lecture de l’économie (et du PIB) qui permet de s’emparer du subversif qui est sous nos yeux : la salaire à vie par la cotisation, et l’investissement sans l’accumulation financière. A l’inverse, le Réseau pour un Revenu de Base ne propose rien de vraiment concret pour la mise en place d’un revenu inconditionnel. Il y a des tas de débats, il existe de tas de solutions différentes, mais nous ne sommes même pas d’accord sur le montant du revenu, alors sur la façon de le financer, il y a encore du boulot.
Désolé pour cet interminable commentaire, ça aurait mérité un billet. Mais je voulais vraiment repasser sur tous ces termes qui remettent inévitablement en cause l’objectivité de la critique quand ils sont mal utilisés.
La qualification d’un infirmier n’est nullement attribuée en fonction de sa capacité à produire de la marchandise, et c’est pareil pour un juge, qui produit exclusivement du non-marchand. Cette production n’est donc soumise à aucune profitabilité. Du retraité qui fait pousser des fleurs ou qui est conseiller municipal, jusqu’aux magistrats, en passant par l’école publique et l’hôpital… tout cela produit de la valeur économique, reconnue comme telle par la cotisation (du salaire indirect) qui, je le répète, n’est pas une ponction sur le travail de ceux qui produisent des biens et services marchands. Et plus on étendra la cotisation, plus on se libérera de nos chaînes. Le Conseil National de la Résistance savait bien cela, et c’est grâce à eux qu’une bonne partie de nos concitoyen-ne-s ont déjà un revenu garanti et irrévocable, circulant hors de tout circuit capitaliste, et ne nécessitant aucune accumulation pour être financé et reversé chaque mois. Des Millions de nos concitoyens sont déjà libérés de l’emploi, et payés à vie. Certes, on réclame une condition aux retraités, la preuve de leurs trimestres effectués sous le joug de l’emploi, mais c’est une condition arbitraire. Ce ne sont (bien évidemment) pas les trimestres effectués dans le cadre du marché du travail qui permettent aux retraités d’avoir une pension à vie. C’est tout simplement la répartition de la valeur créée sur l’année, et pas celle créée il y a 40 ans.
Contrairement aux idées reçues, les retraités participent à la production du PIB. Mais en nous invitant à cette lecture aberrante de la retraite qui serait une ponction sur le travail des autres, les réformateurs (c’est à dire le P$, l’UMP, le Medef, la CFDT, etc) nous font ainsi croire que la retraite serait une sorte d’épargne qu’il faudrait justifier pour en bénéficier. Or, c’est totalement faux, complètement arbitraire, et nous savons tous que notre régime de retraite est un des plus performant au monde, justement car il est issu de la répartition (comme 90% des régimes retraite en Europe d’ailleurs) et non pas de l’accumulation financière. Le revenu garanti existe déjà, massivement, notre malheur étant de ne pas le voir… à cause de la propagande sur la solidarité inter-générationnelle et les points qu’il faudrait accumuler pour avoir une retraite complète, nous faisant croire par là que ces points ont une vraie valeur, et qu’ils seraient même des « congélateurs à valeur ».
Quand allons-nous enfin comprendre que les réserves de valeur ça n’existe pas ?!
Ceux qui s’imposent en « indispensables investisseurs » ne font QUE ponctionner la valeur créée sur le moment pour la redistribuer à leur guise en nous enchaînant à la production marchande. Sans parler du fait qu’il n’investissent quasiment plus. Ces parasites ponctionnent actuellement 700 Milliards du PIB, n’en réinvestissent que la moitié, à peine, et le reste se volatilise alors que des gens dorment dehors en bas de chez nous !
J’arrête là, c’est déjà trop j’imagine. Mais il était important d’apporter quelques éclaircissements à la suite de ce billet. Vivement qu’on se voit pour en discuter de vive voix, ce sera plus interactif. En attendant, restons concentrés sur ce qui nous rassemble avant tout : l’éducation populaire pour un revenu (ou un salaire) garanti et inconditionnel, en déconstruisant ensemble les objections habituelles : générateur d’oisiveté ou créateur d’activité ? …quelles solutions pour son financement ? …etc. Il faut élever ce débat le plus souvent possible, et toujours plus haut dans l’espace public. Tout ça nous pouvons le faire main dans la main, c’est ce que nous faisons déjà d’ailleurs, et j’en suis la démonstration puisque je suis membre des deux réseaux, qui ne sont pas incompatibles. Force est de constater que nous avons des tas de points communs.
Il est assez facile de faire entendre que « le revenu de base c’est la liberté » , surtout quand on ne propose rien de concret pour le mettre en place. Mais c’est bien là que les divergences vont apparaître, lorsqu’il faudra décider (ensemble) de la façon dont on finance un tel modèle social. D’un côté, ceux qui semblent vouloir éviter tout conflit, ignorant presque le rapport de force qu’impose la lutte des classes… et de l’autre côté, ceux qui veulent s’émanciper du capitalisme en supprimant la propriété lucrative !
– http://www.reseau-salariat.info/
– http://www.ies-salariat.org/
– http://pear.ly/bPuGf
[*] J’utilise bien le terme « employeur » ou « investisseur » , qui désigne un propriétaire lucratif qui ponctionne la richesse produite par le travail d’un autre. A ne pas confondre avec l’ « entrepreneur » qui est un propriétaire usager, qui utilise son outil de travail pour créer et produire, souvent en collaboration avec d’autres usagers, eux-aussi propriétaires de leur outil de travail. Sauf dans le cas où les deux sont liés, car dans les plus petites entreprises, l’entrepreneur peut également être l’employeur… mais généralement les entrepreneurs sont vite dépendants d’un investisseur qui devient, de ce fait, l’employeur.
Je précise cela afin d’écarter un potentiel doute sur l’idée (fausse) que je puisse remettre en cause les entrepreneurs. Au contraire, sans employeurs nous serions d’autant plus d’entrepreneurs, propriétaires de notre poste de travail quand on l’occupe, et plus du tout dépendants de ce poste pour avoir un salaire (qui reconnaîtrait enfin la qualification de la personne, et non pas la qualification du poste). Une bonne partie de la population profite déjà d’un salaire à vie financé sans aucune accumulation financière, et donc hors de tout contrôle de la sphère capitaliste. C’est fou que nous n’arrivions pas à nous emparer de cela pour l’amener encore plus loin, généraliser les salaires par cotisation à toute la population, et en faire de même pour l’investissement avec une « cotisation économique » qui mettrait fin au monopole de la production par les investisseurs (propriétaires lucratifs). Il faut continuer de porter la cotisation toujours plus loin, continuer ce qu’on a commencé depuis près d’un siècle, et ne pas se laisser enfermer dans ce discours défaitiste qui tend à faire croire que la cotisation serait une taxe sur le travail des autres, une « charge » pour les employeurs. Mais ce n’est pas un combat facile…
Amicalement.
Florent Berthier
Bernard HERON
Je ne veux pas m’étendre plus ici sur ce sujet.
Je m’explique plus en détail dans un article que j’ai publié il y a quelques temps sur mon site :
http://www.lepetitlivrevert.fr/revenu-existence-face-aux-risques-demographique-social-ecologique/
christian lagasse
Même si elle est fondamentale, c’est une différence qui n’est pas antagoniste, qui ne nous oppose pas et qui me parait bien résumée par cette citation :
« C’est une société de travailleurs que l’on va délivrer des chaines du travail et cette société ne sait plus rien des activités plus hautes et plus enrichissantes pour lesquelles il vaudrait de gagner cette liberté » Condition de l’homme moderne Hannah Arendt.
J’ai l’impression que les tenants du salaire à vie raisonnent dans le monde de cette société de travailleurs dont parle Arendt. Ils veulent attribuer un salaire à vie en fonction d’une production ou d’une qualification. Yvan va même, dans un de ses derniers paragraphes, jusqu’à « penser à une attribution de la qualification de base dès la naissance » ; dès la naissance, le petit humain est enregistré comme futur producteur de quelque chose, marchandise ou service. On est dans le champ de l’économie et on tente de faire évoluer les forces qui sont à l’œuvre à l’intérieur de ce champ. On veut libérer l’être humain, accueilli dés sa naissance dans cet espace, des règles qui le régissent pour lui permettre d’accéder à une autre humanité.
Cette autre humanité me parait être posée de principe dans le revenu d’existence par un saut qualitatif, d’aucuns diraient quantique, qui suppose que tout être humain est , dés le départ, digne de recevoir ce revenu parce qu’il fait partie de la communauté humaine qui a décidé de la mise en place de ce système, sans aucune arrière-pensée justificatrice.
La différence n’est certainement pas très grande, elle demande quelques éclaircissements et quelques discussions au cours de futures rencontres à prévoir.
Cordialement
Christian
Ramite
bravo à Frédéric pour ce nécessaire article ;
Il est ainsi bien plus légitime de réclamer aux citoyens une part de leur consommation plutôt qu’une part de leur travail : je donne une part de ma consommation pour permettre à tous de pouvoir consommer, et non une part de mon travail pour permettre à ceux qui ne travaillent pas de consommer autant que moi. On pourrait donc beaucoup plus facilement convaincre les gens de droite avec le revenu de base qu’avec le salaire à vie, puisque les gens de droite s’opposeront encore plus au salaire à vie qu’ils ne s’opposent déjà à tout système d’allocation ou de répartition salariale.
Yvan Perez
On est bien d’accord. Mais qu’est-ce qui nous empêche de voir en cette définition une « qualification de base » ? On dirait que ce terme (qualification) évoque chez vous une atteinte à la liberté ou à la dignité humaine. C’est étrange comme point de vue.
Je rappelle que cette qualification de base serait un droit politique, comme le droit de vote. Un nouveau droit qu’on pourrait même attribuer à la naissance, pourquoi pas. Et tout comme la majorité politique, ce serait attribué d’office et sans contrepartie, juste car on fait partie de la société qui a décidé cela, et dans laquelle on devrait donc être reconnu comme véritable acteur économique, véritable producteur de valeur, et non plus comme une simpleressource humaine à la solde des capitalistes. Et quand je parle de production de valeur, c’est en m’appuyant sur le fait que cultiver des radis, être conseiller municipal, ou élever ses enfants, c’est créer de la valeur (utile, sociale, et pas forcément marchande).
Ces règles dont vous parlez, j’imagine qu’il s’agit de tout ce qui encadre le marché du travail, y compris le chômage (non ?). Mais lorsqu’on attribue une pension à vie à un retraité en fonction de sa qualification, considère t-on pour autant cette personne comme une marchandise ou comme un individu – je vous cite – « enregistré comme producteur de marchandise » ? Non bien sur, nous le libérons simplement du marché du travail, lui permettant alors « d’accéder à une autre humanité » dans laquelle ses activités et son temps libre sont affranchis de toute contrainte.
Je dis « activités » mais on peut aussi parler de travail, car comme je l’ai dit juste avant : un retraité qui cultive son jardin ou qui garde son petit-fils, il travaille. Il le fait en toute liberté, délivré de la dictature du temps que nous impose le capitalisme (qui mesure le prix des marchandises par le temps de production)… mais il travaille le bougre. Bêcher la terre, faire la nounou, c’est du boulot. Pour autant, lorsqu’un proche prend sa retraite, nous ne lui souhaitons pas « bon courage », bien au contraire… on l’envie et on se dit « vivement ».
@ Ramite :
Mais surtout, vous pensez (à tort) que tout le PIB est créé par ceux qui produisent des biens et services marchands dans la sphère capitaliste, ce qui fausse la suite de votre réflexion. La cotisation n’est pas une ponction sur la production des autres, même si elle apparaît sur notre fiche de paie, nous laissant facilement croire que c’est une « taxe » sur le résultat de notre travail. En fait, elle est le fruit de l’activité de tous ceux qui bénéficient du salaire indirect que finance la cotisation. La valeur crée par ces salariés se répercute sur le prix des marchandises qui s’échangent sur les marchés, et pour finir, sur toute la valeur ajoutée (le PIB). Je ne vais pas vous expliquer cela plus en détail ici, ce serait fastidieux, mais je vous encourage à étudierles travaux de Christophe Ramaux (entre autre). Il croit encore au mythe du plein emploi, mais à côté de cela, il réalise des études et des analyses très pointues sur les services publics et sur la cotisation. Puis les liens présents dans mon précédent (et long) commentaire sont aussi là pour étayer mes propos à ce sujet.
L’erreur que nous faisons, et qui nous plonge dans ce défaitisme quand on parle des retraites pour l’avenir, c’est justement de croire que c’est une ponction sur le travail des autres. Mais c’est un contresens de lecture de la cotisation, de la façon dont elle est créée, de la façon dont elle augmente depuis un siècle, et de la façon dont elle est répartie.
=> « on contraint tout de même l’état à gérer la création matérielle de richesse, puisque les créateurs de richesse matérielle seront fonctionnarisés »
Pas du tout. L’URSSAF (et la cotisation en général) n’est pas vraiment dans les mains de l’Etat. C’est un organisme public qui fonctionne avec des sociétés privées (la CAF, etc) et qui s’organise bien évidemment avec l’Etat, mais sans en être dépendant. Les retraités ne sont pas des fonctionnaires à ce que je sache. Ils ne sont pas dépendants de l’Etat, ni d’aucune autre hiérarchie d’ailleurs. Et avant que De Gaulle ne commence à la réformer en 1947 (il était farouchement opposé au CNR sur beaucoup de sujets, notamment à propos de l’économie), il y avait même des élections à la Sécu’.
En bref, le salaire à vie ce n’est pas « tous fonctionnaires » mais plutôt « tous retraités » et donc tous libérés de l’emploi via un salaire (socialisé) versé par une caisse publique, sans condition. Et cette caisse doit bien évidemment appartenir aux citoyens, et non pas au gouvernement. Les impôts (et les fonctionnaires) sont gérés par l’Etat oui, mais pas la cotisation sociale. Les caisses publiques sont gérées par les partenaires sociaux.
Yvan
Citoyen ou salarié à vie ? Analyse critique du « salaire à vie » de Bernard Friot | Chuchoteuse d'Alternatives | Scoop.it
Frédéric Bosqué
– La collectivisation de l’épargne,
– la suppression de la propriété lucrative,
– la réduction de la valeur économique à son unique mesure que serait une qualification ,
– l’impossibilité de fixer un prix par la rencontre deux deux acteurs consentants sur un marché,
– la suppression de toute forme de revenu autre que le salaire,
– la réduction a 4 tranches de ces même salaires,
– la puissance qu’aura ce groupe centralisé qui aura la capacité de dicter à chacun son activité, sa production, sa qualification,son salaire et donc qui devra avoir des moyens de coercition puissant pour maintenir cet ordre en place malgré les vives oppositions qu’il ne manquera pas de soulever
Ramite
N’importe quoi… J’ai vécu suffisamment du RSA (une allocation) pour savoir que la part du Pib que j’ai créé à ce moment-là ne couvrait largement pas ce montant de RSA que je recevais.
Non, vous n’avez pas compris. D’abord je n’ai pas parlé de capitalisme, mais d’économie en général, où les biens et services produits dépendent tous, au départ, de la plus ou moins grande productivité du secteur primaire et de la plus ou moins grande importance de main d’oeuvre que celui-ci nécessite. Ainsi le secteur secondaire dépend de la plus ou moins grande productivité du secteur primaire, et le secteur tertiaire (celui des productions de valeurs immatérielles) dépend de la plus ou moins grande productivité de ces deux premiers secteurs (ceux de la production matérielle de valeur). Et la possibilité de l’existence d’allocataires dans une économie, la plus ou moins grande part qu’ils peuvent représenter dans une économie, dépend de la plus ou moins grande productivité de l’ensemble de la création de valeur économique, donc des trois secteurs précédents, ceux de la production globale de valeur. (c’est d’ailleurs également le cas (celui des allocations) pour toutes les autres formes de rentes, notamment les rentes de capital et les rentes financières, qui dans notre société capitaliste et financière sont accaparées par une petite oligarchie économique richissime et qui défend vaillamment ses privilèges).
La finalité du revenu de base, il me semble, ce serait justement d’arriver à socialiser cette rente en la redistribuant égalitairement à tous les citoyens, plutôt que de la laisser entre les mains d’une petite minorité historiquement et héréditairement privilégiée.
Mais après tout, pourquoi ne pas prélever cette rente via les cotisations ; ce n’est pas incompatible, et pas plus incohérent que via la tva. Ce que je ne comprends pas, surtout, c’est pourquoi vouloir considérer L’ENSEMBLE du revenu comme une cotisation socialisée, et donc, l’ensemble du revenu comme une forme de rente qui mérite d’être entièrement ponctionné ? Comme si la production de valeur non socialisée était forcément une chose malsaine, et l’individu producteur forcément un dangereux égoïste malfaisant ?
Encore une fois, je doute qu’avec ce genre de principes binaires hérités de l’idéologie de la lutte des classes vous puissiez, non seulement convaincre les droitistes de vous rejoindre, mais même seulement convaincre les producteurs, quels qu’ils soient, de mettre leurs talents et leurs compétences au service d’une production à 100% socialisée, c’est à dire sans aucune possibilité de valorisation individuelle (et pas seulement financière, d’ailleurs) de leur oeuvre.
Voyez simplement comment aujourd’hui les cotisations sont décriées par les producteurs (mais certes pas par les salariés), alors qu’elles sont pourtant inférieures à 50%.
La ponction sur la tva serait toutefois bien plus logique et bien plus simple, mais surtout bien plus consensuelle, parce qu’elle ne pèserait pas sur la production, mais sur la consommation ; elle augmenterait donc la liberté des producteurs, tout en diminuant la dépendance envers eux des salariés, donc elle équilibrerait les rapports entre les uns et les autres, au lieu de continuer à les opposer les uns aux autres et à choisir un camp plutôt que l’autre.
Yvan Perez
Comme tu l’as dit, ce sera bien plus agréable autour d’une table, entre amis. Et ça tombe bien, car on se voit dans moins de deux semaines je crois
« la qualification est la composante d’un salaire lié à une activité dans le secteur marchand. »
Faux. Un greffier dans un tribunal, ou un agent des forces de l’ordre, est payé en fonction de sa qualification (irrévocable) et ne produit pourtant rien de marchand. Je pense que là encore, il y a confusion entre qualification et certification. Un pompier et un policier peuvent avoir le même grade, avec le même salaire, mais ont bien deux métiers différents et la certification correspondante pour attester qu’ils sont aptes à pratiquer ce métier.
Les propriétaires lucratifs… Pas besoin de donner des noms, mais il y en a des plus connus que d’autres (ceux qui se gavent le plus ne sont pas toujours les plus discrets).
En effet, nous avons bien un point de désaccord ici, fondamental je pense même. Ce qui, par contre, ne doit certainement pas nous empêcher d’unir nos forces pour cette campagne de l’ICE (et plus même). Cela dit, je remets effectivement en cause cette institution principale du capitalisme qu’est la propriété lucrative (bien différente de la propriété d’usage, qui est une propriété privée on-ne-peut-plus légitime).
Il y a une contradiction dans cette phrase :
« Je n’ai rien contre la propriété lucrative dans la mesure où elle ne remet pas en cause la liberté de chacun »
C’est justement la propriété lucrative qui empêche les uns de s’émanciper et d’être libres, quand les autres se pavanent dans le luxe du capital familial dés la naissance (car il faut cesser avec ce mythe de celui qui a réussi et qui mérite des sommes indécentes… déjà car la plupart des grosses fortunes sont très souvent issues d’un héritage, et quand ce n’est pas le cas, ça le devient pour la génération qui suit tout de suite derrière… et ensuite car personne ne mérite de gagner des millions, peu importe ce qu’il a fait dans sa vie).
Pour moi, c’est une évidence : s’émanciper passe aussi par la liberté d’être propriétaire de son logement, plutôt que de payer un loyer toute ta vie pour nourrir un rentier, sans pouvoir faire de travaux comme tu le désires dans le logement, puisqu’il ne t’appartient pas. Et pour étendre la possibilité de devenir tous propriétaires (ou ceux qui le veulent au moins) il faut bien évidemment supprimer ce droit qu’on laisse à une minorité de s’accaparer tout l’immobilier (pour le louer et en tirer un revenu sur le dos des locataires)…Et encore, quand ils ne laissent pas des milliers de M² vides pour satisfaire les exigences des agences de notation qui réclament, peu de monde le sait, que quelques % du parc immobilier soient vides, prêts à être céder, histoire d’assurer en partie les titres que ces propriétaires engagent sur les marchés financiers.
Non vraiment, je ne vois pas pourquoi défendre ou protéger ce droit accordé à une minorité. Et je t’assure, je n’ai rien contre « eux » , contre leur personne. Je ne suis pas un haineux personnage… je réclame seulement de la justice sociale. Il ne s’agit donc pas de couper des têtes, mais il est évident qu’on ne retire pas autant de privilèges des mains d’une minorité sans que celle-ci ne se rebiffe. D’ailleurs, si on n’avait pas poussé les monarchies dehors, elles seraient surement encore en place. Qu’une partie de la population (très minoritaire tout de même) soit hostile à l’abolition de la propriété lucrative, je le comprends bien, et ça va créer des tensions oui. Mais ce n’est pas une raison pour renier cette inégalité fondamentale afin d’éviter toute bataille, surtout que c’est cette inégalité qui crée beaucoup de tensions actuellement.
Et quand on parle d’inégalités, ce n’est pas moi qui le dit. Je ne crois pas que l’OCDE puisse être considérée comme une institution bolchevique :
http://www.oecd.org/fr/presse/societelesgouvernements…
Ce que propose le Réseau Salariat, ce n’est pas du tout de mettre la propriété dans les mains de l’Etat, mais dans les mains de chacun ! Epargner, pourquoi pas… tu as le droit de ne pas dépenser tout ton salaire, d’en mettre de côté, ou même de faire un prêt (qui sera forcément sans intérêts) si c’est pour une propriété d’usage (que tu utilises toi-même). Mais si tu as déjà tout ce qu’il te faut, et que tu veux acquérir encore plus, juste pour exploiter ton voisin, là on est pas d’accord, car selon moi ça remet forcément en cause la liberté du locataire au profit du propriétaire lucratif. Etre locataire peut très bien être un choix, mais dans la plupart des cas, c’est une contrainte, juste car nous n’avons pas le choix justement… pendant qu’une minorité de privilégiés monopoly-sent les parcs immobiliers, et jouant avec la valeur de cet immobilier (pour couronner le tout).
Accepterais-tu qu’on ne puisse pas avoir sa propre voiture ? Que ce soit monopolisé par d’autres propriétaires, et que tu sois obligé de louer quand tu en as besoin ?
Tu me diras peut-être que ce n’est pas pareil… mais pourtant. Après, tu as surement d’autres arguments. J’ai hâte qu’on en parle de vive voix.
Tu écris aussi :
« la puissance qu’aura ce groupe centralisé qui aura la capacité de dicter à chacun son activité, sa production, sa qualification,son salaire »
On ne parle pas de donner le pouvoir à une élite ou à un conseil supérieur. On parle d’être libre de nos choix. Tu as un salaire à vie, libre à toi de t’unir avec des gens pour former une entreprise et produire quelque chose. Au sein de cette entreprise, des règles seront définies, démocratiquement, des contrats de travail qui seront signés entre les collaborateurs qui participent à l’aventure, comme aujourd’hui. Les salaires ne seront pas dans ce contrat, puisque l’entreprise ne paye pas directement ses salariés. Elle cotise à la place, en fonction de la valeur ajoutée que cette entreprise arrive à créer. Elle fixe d’ailleurs le prix de ses produits comme elle veut, la concurrence aura toujours lieu pour tirer les prix vers le bas, et pousser les entreprises à faire toujours mieux. Et les bénéfices sont en partie réinvestis, le reste va à une caisse publique. Et franchement, les banques ou les privés ne gèrent pas mieux les investissements que la santé publique par exemple… il est quand même plus utile d’investir dans la recherche contre les maladies plutôt que dans la recherche pour créer des semences non-reproductibles (sans parler du fait que les privés, en terme de macro-économie, ne réinvestissent que la moitié de ce qu’ils ponctionnent sur le travail). Mais pour autant, il faut surement revoir la gestion des caisses publiques d’investissements, puis il faut étendre leur champ d’activités aussi, etc… oui, il y a plein de choses à faire. Mais déjà maintenant, sans attendre un revenu de base ou autre, il y a beaucoup à faire… et un minima social inconditionnel ne va pas résoudre tous les problèmes professionnels et politiques.
Il y a confusion je crois. A te lire, on croirait qu’une sorte de « comité suprême » déciderait de tout si on étendait la cotisation. Mais non. Actuellement, les qualifications et les grilles de salaires sont définies à travers des institutions qui débattent de tout ça régulièrement, et toutes les parties prenantes participent. C’est donc étrange de buter devant cette idée, alors que personne ne remet en cause la façon dont les conventions collectives fonctionnent de nos jours. En fait les conventions sont le lieux de grands débats, et selon les secteurs d’activités, c’est même plutôt bien fichu (non pas que ce soit parfait, on peut toujours tout améliorer, mais c’est démocratiquement débattu et voté).
Les qualifications (à ne pas confondre avec certification) et les salaires ne semblent pas te révolter actuellement. Alors pourquoi ce serait le cas si on a un salaire à vie ? Il faut que ça évolue oui, il y a des tas de choses à inventer, à construire, de nouvelles formes d’entreprises peut-être, de nouvelles institutions pour faire plus de politique (et ne pas laisser ça aux mains d’une élite là aussi). Des choses à inventer ou à pousser plus loin, il y en aura toujours… mais je ne comprends pas cette objection qui remet tout en cause sur le simple fait que ce serait « dangereux » ou « élitiste » de définir nous-mêmes les qualifications et les salaires qui vont en face, plutôt que de laisser ça à un employeur qui déciderait de tout pour nous, et sur lequel nous n’avons vraiment aucun pouvoir.
Cela dit, tu as raison sur le fait que ce sont de vrais débats, essentiels même, et le réseau salariat ne les ignore pas. Nous disons juste que ces débats ont déjà lieux avec les syndicats, le patronat et les partenaires sociaux, et que si personne ne s’y intéresse, c’est pourtant bien comme ça que sont définies les qualifications et les salaires aujourd’hui. L’idée n’étant pas de tout raser pour tout refaire, le salaire à vie propose au contraire de s’appuyer sur ce qui existe déjà pour aller encore plus loin. Si on me dit que demain qu’on touche tou-te-s une pension à vie… ça ne me dérange pas. Et libre à ceux qui veulent plus de s’investir dans une entreprise (même seul) pour faire évoluer leur qualification, tout en produisant ce qu’ils ont envie de produire (biens ou services) sans la contrainte de l’actionnaire, l’investisseur, souvent exigeant. Et celui qui ne participe à aucun travail au sein de la société, qui se contente du minimum finalement… il aura son salaire à vie, qui n’évoluera pas, mais qui ne sera jamais soumis à aucune condition (sa qualification restera celle de base, voilà tout).
Pour finir :
« Le retraité a payé la retraite des non actifs quand lui l’était. »
C’est une erreur de le croire, et nous le croyons tous, je te l’accorde.
Mais je vais répondre à Ramite, puisque c’est ce clou qu’il enfonce lui aussi.
@ Ramite :
je n’ai eu encore aucune explication me démontrant en quoi la cotisation ne serait payée par personne
Qui a dit qu’elle n’était payée par personne ?
Je vous explique que ce n’est pas une ponction sur le travail des autres, ce qui est différent. Le salaire brut n’est pas (que) le résultat de votre labeur, et ce n’est pas vous qui payez les retraites. Mais nous sommes aliénés dans ce discours oui, c’est vrai, et nos enfant ne croient même plus à la retraite… alors qu’on devrait au contraire se réjouir de ce système, arrêter de pleurer, et en demander plus même !
La cotisation comme tout le reste (salaires et profit) vient de la production, du PIB. Tout est donc pris sur le travail, bien entendu. Mais les retraités ne mangent pas la monnaie qu’on leur donne, ils la dépensent, comme tous les salariés, et cela rentre dans le PIB. Pour comprendre pourquoi c’est pris sur le salaire, sans pour autant être pris sur votre travail, il faut bien comprendre le fonctionnement de la création monétaire et son incidence dans l’économie, sur les productions non marchandes entre autre, mais aussi marchandes. Je parle de prix des marchandises, etc… mais visiblement, vous avez fait l’impasse sur toutes les références que je vous donnais en lien pour éviter d’avoir à écrire un livre entier en commentaire.
Christophe Ramaux, Christine Jakse, ou Bernard Friot (pas qu’eux, mais ils donnent d’autres pistes si on les lit) ont pourtant réalisé des études universitaires plus que sérieuses sur le sujet. Ils démontrent le contresens de lecture que nous avons des salaires socialisés. Le RSA en fait partie, et contrairement à ce que vous pensez, il n’est pas le fruit de la solidarité (mais d’un droit qui vous reconnait comme producteur de cette valeur).
Les « réformateurs » (Medef, UMP, P$, CFDT, CGC, etc) ne s’en prennent pas autant à la cotisation sociale et aux fonctionnaires et retraités pour rien. La cotisation, car elle marginalise leur domination donc ça ne les arrange pas, et les pensionnés ou fonctionnaires en ligne de mire car ils ont un salaire à vie, qui est financé sans l’aide du capital… ce qui est une expérience massive, et il ne vaut mieux pas (pour eux) que les gens s’emparent de cette réalité !
Ce qui est assez édifiant de nos jours, c’est que nous avons le cerveau à l’envers sur tous ces sujets, enfin, on nous l’a bien mis à l’envers surtout. Nous avons abandonné ce qui pourtant était bien parti. Nous étions passé de 16% à 66% de cotisation en moins de 100 ans. Et depuis 20 ans c’est oublié. Maintenant on nous dit qu’il faut taxer le capital pour financer la protection sociale. Ce qui réjouit ceux qui nous exploitent, les propriétaires lucratifs… car ils ont alors toutes les raisons de continuer à accumuler toujours plus de biens, et donc de flouer toujours plus de pauvres (qui ne pourront user de ces biens QUE si le propriétaire le veut bien, et uniquement dans les conditions qu’il propose). Si on fait ça, on encourage nos maîtres à nous exploiter toujours plus (car si on impose le capital, on ne peut plus diminuer sa part dans le PIB, sinon on réduit l’argent qui rentre dans la protection sociale… ainsi nous devenons toujours plus dépendants de la propriété lucrative).
Nous sommes roulés dans la farine à longueur de journée par des médias eux-mêmes totalement encrassés par cette propagande. En attendant, c’est Parisot que se frotte les mains. Nous, la petite plèbe, on ne comprend rien… mais eux (Medef, CAC40 et cie) croyez-moi, ils comprennent bien ce qu’ils font, et ils savent où se situe la lutte (des classes). Et si vous n’arrivez pas à voir ce qui nous émancipe de cette domination par le capital, et bien le capital lui, il sait bien où il faut taper pour asseoir toujours plus son hégémonie, et ne surtout pas qu’on s’en émancipe (bien évidemment, sans nous, il n’est rien… alors que l’inverse n’est pas vrai) !
On trouve normal d’interdire aux gens de voler, ou de tuer leur voisin, mais on ne veut pas accepter de mettre un terme à cette esclavagisme (sous prétexte que trop interdire, c’est aller contre la liberté individuelle ?). C’est vraiment donner le bâton pour se faire battre. Et si l’idée du revenu de base c’est de laisser les plus chanceux profiter, tout en donnant un minimum aux pauvres pour qu’ils arrêtent de se plaindre… c’est une piètre vision de l’Humanité je trouve.
NB : Ce sera mon dernier commentaire, c’est vraiment trop lourd par messages interposés, et c’est surtout propices aux malentendus. D’autant plus que je ne suis vraiment pas doué pour faire court, comme chacun aura pu le remarquer.
Yvan
Revenu de base ou salaire à vie ? | POUR le REVENU de BASE | Scoop.it
Ramite
J’ai regardé vos liens (enfin pas tous, mais la plupart), simplement je ne suis pas d’accord avec cette vision des choses, et ces liens ne m’ont pas d’avantage convaincus. Vous pensez, comme la plupart des gauchistes, que c’est l’offre qui fait la demande, qu’il faut soutenir la demande plutôt que l’offre, et que le consommateur est manipulé par la pub et autres, puisque vous imputez l’obsolescence programmée ou le drame écologique aux producteurs.
Mais rassurez-vous, même si j’aurais plutôt tendance à imputer tout cela aux consommateurs irresponsables, je ne suis pas non plus de ceux qui pensent que c’est la demande qui fait l’offre, comme c’est le cas des libéraux, qui préconisent de favoriser les producteurs au détriment des consommateurs. Je suis un centriste (un mutuelliste, plus exactement), je crois à la théorie de la valeur-travail de libre économie, et je plaide moi aussi pour la propriété d’usage. Et je pense surtout que ce qui déséquilibre l’économie, ce n’est ni la demande ni l’offre, mais les privilèges de l’un ou de l’autre.
Je ne crois pas être plus que vous manipulé par les médias, je n’ai pas la TV, et les médias qui m’intéressent sont sans doute à peu près les mêmes que les vôtres, donc je suis au courant de ces théories économiques de gauche. Et malgré ça, je suis tout de même l’un de ces jeunes qui n’a jamais cru en la retraite, mais pas forcément pour les mêmes raisons que le grand patronat.
Et c’est en effet un débat nécessaire et passionnant. Probablement même que ces systèmes différents pourraient tout à fait cohabiter ; je préfère d’ailleurs de loin une diversité de systèmes plutôt qu’un système monopolisé, quel qu’il soit.
Je mets en lien l’adresse de mon blogue, je suis en train de rédiger un article qui expose justement les principes et les singularités de cette théorie centriste à laquelle j’adhère : http://mutuellisme.wordpress.com/
Loïc
Concernant la grille de test, pourrait on comparer aussi avec le revenu de base ?
Le revenu de base l’est aussi.
Le revenu de base l’est.
Je suis convaincu depuis longtemps du revenu d’existence, mais dans un débat il convient d’eviter d’ommettre ce genre d’informations.
Frédéric Bosqué
Je suis convaincu depuis longtemps du revenu d’existence, mais dans un débat il convient d’eviter d’ommettre ce genre d’informations.
Frédéric
stef
http://www.projet-decroissance.net/?p=207
Damien Vasse
Définitions | Pearltrees
Ramite
Une telle ponction ne peut donc être mise en place que dans un monde où les salaires et revenus sont déjà traités avec égalité. De plus, la TVA étant nulle lors d’importations, le RdB favoriserait donc le commerce de long cours et les échanges mondialisés, au détriment des productions locales.
Je pense que l’idée d’une redistribution est bonne, mais que la ponction sur la TVA n’est pas la meilleure ; il vaudrait mieux taxer l’énergie, soit via la taxe carbone, soit plutôt sous la forme d’une taxe proportionnelle à la concentration énergétique des différentes unités énergétiques, exprimée en joules/kg ou par litre (baril de pétrole, tonne de charbon, kilogramme d’uranium, etc). Ainsi le commerce de long cours et les importations/exportations seront moins rentables que les productions locales, et peut-être même qu’à terme les énergies propres seront favorisées sur les énergies polluantes ; en tous cas c’est l’efficacité énergétique qui sera toujours privilégiée.
Parce que le principal problème actuel, qui est la cause de cette mondialisation et de cette industrialisation et centralisation de nos sociétés, c’est quand même que l’nrj fossile ne vaut presque rien, puisqu’elle nécessite très peu de travail, alors que le travail vaut cher. C’est donc selon moi en priorité ce « travail fossile » qu’il faut taxer et redistribuer.
Ramite
Jean-Christophe Godart
Orneon
Damien Vasse
Pourquoi pas au même niveau ? Le salaire à vie propose tout un ensemble de mesures, un modèle de nouvelle société, qui va bien au delà de ce dont le revenu de base se contente de parler. C’est un projet d’ensemble quand le revenu de base est une impulsion vers un nouveau modèle de société (à définir). On peut tout à fait envisager un système à la Friot une fois un revenu de base en place, même si je ne suis pas super chaud pour. Ça reste à déterminer démocratiquement.
Ramite
A l’inverse, le salaire à vie ne propose pas de rééquilibrer ce rapport de force, mais de l’inverser, en offrant tout pouvoir aux syndicats d’employés.
La société sera alors le résultat du libre choix des individus et de leurs confrontations, et non une construction arbitraire et idéologique, qu’elle soit en faveur du capital ou en faveur du salariat, ou encore d’une autre classe sociale ou culturelle.
XIII
Phil
Tout 2 ont comme résultat :
– De libérer les personnes de la servitude de l’emploi, lieu ou l’actionnaire, soit le propriétaire lucratif à la maitrise totale sur le nombre d’emploi, la localisation des emplois (ou délocalisation…), ce qu’on fait comme travail, ce qu’on y produit, et détient l’outil de travail.
, à partir de la naissance ou non, qui est politiquement reconnu comme étant du par le simple fait de vivre. Il n’est pas lié à une idée de qualification ou de production ou d’une quelconque idée de participation à la cité ou à la société. Il permet de palier aux besoin de survie.
Personne n’est imposé en particulier (ni entreprise, ni salariés). C’est l’activité toute entière, cad le travail de tous, la valeur ajoutée qui finance les cotisation.
Un financement par l’impôt ou la tva dépendrait de l’état et sortirait de la gestion collective.
Alfila
Biloo
Fred
Yahia
Judith Bernard : « Le tirage au sort est la poursuite normale de la démocratie | «Le Comptoir
Travail : changer le pansement ou penser le changement ? | Un monde à portée de main