L’auteur a déjà affirmé à plusieurs reprises que le Conseil fédéral et le commandement de l’Armée intègrent la Suisse à l’OTAN de manière sournoise.
Le Conseil fédéral a communiqué qu’une conférence de l’OTAN a eu lieu à Zurich le 16 et 17 février 2016, sur invitation de la Suisse. Trompant le peuple suisse, le Conseil fédéral n’a communiqué ce fait que le premier jour de la conférence. Y ont participé: 100 officiers de la structure militaire de l’OTAN et de ses 28 Etats membres, des membres du Partenariat pour la Paix et les 25 Etats membres de la Plateforme d’interopérabilité de l’OTAN (dont la Suisse).
La discussion devait tourner autour de la nécessité d’une collaboration militaire et des défis actuels, vu le changement de l’environnement sécuritaire, avec l’objectif de procéder aux adaptations nécessaires.
Voici ce que cela signifie:
  • Le nom du «Partenariat pour la Paix» est une création linguistique géniale des «spin doctors», donc des spécialistes en communication. La presse chinoise voit ce «partenariat» comme un «instrument des Etats-Unis pour imposer ses intérêts stratégiques». C’est-à-dire que la Chine, tout comme probablement la Russie, ne considère plus la Suisse comme étant neutre.
  • La Plateforme d’interopérabilité est une structure organisant des exercices de combat commun des 25 Etats affiliés, dont la Suisse. Même si ceci ne signifie pas encore que la Suisse soit membre de l’OTAN, les grandes puissances non occidentales le verront comme préparation d’une adhésion rapide de la Suisse en cas d’urgence.La Suisse a déjà plusieurs fois envoyé des troupes participer à des manœuvres de membres de l’OTAN (par exemple en Allemagne), même si cela n’est pas très fréquent. Probablement, pour habituer étape par étape le public à cette collaboration militaire. Etant donné que ce n’étaient pas des manœuvres de l’OTAN, mais seulement des exercices militaires d’Etats membres de l’OTAN, cette participation ne toucherait pas la neutralité, selon les dires du Conseil fédéral et du commandement de l’Armée.
  • L’Armée a adapté son règlement Commandement et organisation des états-majors (COEM) à celui de l’OTAN.
  • On se procure autant que possible des armes et des équipements compatibles avec ceux de l’OTAN. En outre, la Suisse a adapté les grades de l’Armée à ceux de l’OTAN. Ainsi, le colonel-divisionnaire est devenu divisionnaire. Dans les grades inférieurs de notre armée déjà très réduite, toute une série de nouveaux grades ont été ajoutés: appointé-chef, sergent-chef, sergent-major chef, adjudant EM, adjudant-major, adjudant-chef. Evidemment, la collaboration est plus facile si les armes et les grades sont essentiellement identiques.
  • Des commandants de l’OTAN visitent souvent la Suisse pour s’informer sur nos mesures militaires prévues et pour informer la Suisse de leurs propres activités.
La Suisse dispose maintenant de seulement deux brigades mécanisées comme troupes de combat. Ce sont des unités qui ne sont pas vraiment adaptées à notre terrain très structuré et construit, mais qui peuvent immédiatement être subordonnées à l’OTAN en cas de guerre et qui serviront bien dans des grands espaces peu vallonnés à l’extérieur de la Suisse.
Il faut le graver dans notre esprit: une Suisse neutre et bien défendue au cœur de l’Europe serait un grand désavantage pour les Etats-Unis et l’OTAN, car elle détient les voies transalpines ferroviaires et routières les plus efficaces et les mieux situées, et le corridor aérien le plus direct reliant l’Europe du Sud et du Nord. Pour cette raison, il y a de nombreuses structures dans les pays membres de l’OTAN, et aussi en Suisse, qui sont habiles à travailler en cachette en faveur de l’adhésion de notre pays à l’OTAN dans un futur proche. Sans que notre peuple s’en aperçoive et que les médias en parlent.
Il n’y a aucun doute que la réduction de l’Armée à un tiers depuis la fin du XXe siècle ainsi que la réduction supplémentaire actuelle de la moitié de ce tiers dans le cadre du Développement de l’Armée (DEVA) ne soient mises au service de ce but. Ainsi, lors d’une situation d’urgence, certains membres du Conseil fédéral et du commandement de l’Armée pourront justifier et rapidement mettre en œuvre l’adhésion à l’OTAN. Les préparatifs sont en cours depuis des années. Mais comme le peuple tient à la neutralité et à une armée défensive forte et indépendante, tout se passe en cachette et sous le couvert d’argumentations trompeuses.
Imaginons un conflit armé ou une crise majeure en Europe, se situant presqu’au niveau du seuil de la guerre: alors les Etats Unis et l’OTAN utiliseront notre espace aérien. Possiblement, ils mettront sous leur commandement aussi les voies de communication transalpines nord-sud et les chemins de fer et les autoroutes est-ouest, les grands aéroports, et les trois aéroports militaires qui nous restent. Notre armée démantelée ne pourra plus les en empêcher. Ainsi, nous aurons lésé notre obligation primaire de neutralité. Un adversaire des USA/OTAN pourra donc s’y référer et démarrer des activités militaires sur territoire suisse en toute légalité.
Le Conseil fédéral aura alors une excuse – probablement déjà prévue – en expliquant au peuple suisse que notre pays ne peut pas se défendre seul. Il invoquera l’état d’urgence, et dira que nous devons adhérer à l’OTAN, faute d’alternatives.
Il pourra alors immédiatement soumettre les deux brigades mécanisées à l’OTAN, et déclarer cet acte comme notre contribution à l’OTAN. Grâce aux préparations déjà faites, tout cela pourra se faire très rapidement.
Cela signifie que la Suisse sera probablement membre ou partenaire de l’OTAN dans une éventuelle prochaine guerre. Devons-nous préparer une révolution pour imposer la volonté populaire? Comment pouvons-nous sinon nous opposer à cette violation flagrante à la Constitution fédérale par le Conseil fédéral et le Parlement? La réponse à cette question est de grande importance.     •
Gotthard Frick | 7 mars 2016
(Traduction Horizons et débats)

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Une politique indépendante face à l’UE et l’OTAN

Les médias suisses ont donné l’information rapidement: les dirigeants de l’UE ont fait comprendre que les résultats des négociations entre Bruxelles et Londres ne signifieraient en aucun cas une concession face à Berne. On voudrait y ajouter que la Suisse, pays non-membre de l’UE, devrait obéir et faire ce que Bruxelles lui commande. Cependant, comment va-t-elle cette UE?
L’UE est un colosse aux pieds d’argile: la crise des réfugiés n’est pas du tout résolue. Il est certain que le printemps reviendra et avec lui des centaines de milliers de nouveaux migrants. Dans divers Etats, des zones hors-la-loi se créent suite aux flux migratoires massifs. Il faut s’attendre à des frais sociaux d’une ampleur inattendue. Les populations sont mécontentes.

L’UE, colosse aux pieds d’argile

Les économies de la plupart des Etats membres de l’UE connaissent de sérieux problèmes en dépit des apports financiers illimités de la part de la Banque centrale européenne (BCE).
En même temps, les Etats-Unis alimentent la discorde en Ukraine et en Turquie, Etats voisins de la Russie. En cas de guerre, le territoire des Etats-Unis ne serait guère concerné. De plus, le boycott qu’ils ont imposé à la Russie nuit fortement aux économies des grands Etats membres de l’UE – qui sont leurs concurrents.
Simultanément, la centrale bruxelloise de l’UE se lie toujours plus étroitement à Washington: Bruxelles fait avancer les négociations sur TAFTA malgré l’opposition des citoyens. La braderie de l’économie est à craindre et cet accord transatlantique mènera à une plus grande entrave aux droits des citoyens. Bruxelles renforce activement les flux migratoires vers les Etats européens. Jean-Claude Junker et Jan Asselblom tentent ainsi d’imposer une certaine politique intérieure européenne malgré l’opposition déclarée de nombreux Etats européens. Tout pays qui n’obtempère pas est mis au pilori et menacé.

L’OTAN se réarme aux frontières russes

En même temps les Etats-Unis intensifient le «pacte de défense» de l’OTAN pour de nouvelles guerres: l’OTAN en Syrie, en Afrique du Nord, en mer d’Egée, en Géorgie et en Ukraine. L’OTAN renforce massivement son armement aux frontières russes. Le secrétaire général norvégien de l’OTAN Jens Stoltenberg ne perd aucune occasion attiser la haine contre la Russie. La situation se détériore continuellement.

La politique suisse doit rester indépendante

Au niveau international, l’action politique de la Suisse est particulièrement sollicitée. La Suisse doit jouer pleinement de son expérience en tant que lieu de négociations, d’Etat dépositaire du CICR, d’intermédiaire proposant ses bons offices, sans pourtant se perdre de vue. Actuellement, il s’agit de rester neutre de façon crédible, de garder ses distances face aux parties en conflits, de faire preuve de son indépendance. Et tout cela, dans un contexte international étroitement lié avec beaucoup d’interdépendances changeantes. Est-il sensé de continuer à participer au «Partenariat pour la paix», une institution dépendante de l’OTAN? Est-il sensé de satisfaire sans broncher toutes les exigences venant de la centrale bruxelloise de l’UE? Est-il sensé d’appliquer à la lettre l’Accord de Schengen et de se laisser prescrire sa propre politique intérieure? Ou bien ne vaut-il pas mieux de mener une politique étrangère indépendante dans les domaines de l’immigration, de la politique de défense du pays et de la politique économique et financière? La Suisse doit maintenir sa position d’Etat souverain. Vouloir accepter l’application autonome des intérêts de forces étrangères aurait des conséquences négatives imprévisibles non seulement pour la Suisse en tant que médiatrice neutre mais aussi très directement pour notre pays et ses habitants.    •
7 mars 2016