Revenu universel : ce qu'ils en disent à la veille de la présidentielle
Mercredi 28 Septembre 2016 à 13:00
Si l'idée d'instaurer un revenu universel n'est pas nouvelle, elle connaît un regain d'essor à l'approche de la présidentielle de 2017. Surfant sur la sympathie que suscite a priori la mesure dans l'opinion publique, les politiques de tout bord se penchent dessus. Mais entre les réflexions à peine amorcées et les détournements de l'idée originelle, l'offre est encore floue sur la question… État des lieux.
Nichée à la croisée des idéaux solidaristes et libéraux, la création d'un revenu universel intéresse à droite comme à gauche. Photos : SIPA
C'est une idée qui fait son chemin. Alors que la campagne présidentielle n'en est qu'à ses balbutiements, le revenu universel - ou revenu de base - commence à se faire une vraie place au sein du débat politique. Souvent présenté comme utopiste, il repose sur une idée simple : celle de doter chaque citoyen d'une base pécuniaire inamovible, laquelle serait octroyée sans aucune condition. Cette somme pourrait être cumulée avec un salaire et servirait de base de vie en cas de chômage. En revanche, le financement d'une telle mesure impliquerait de supprimer tout ou partie des allocations actuelles, conduisant à changer profondément le paradigme sur lequel repose notre modèle social.
Selon ses défenseurs, le revenu universel constituerait l'arme ultime contre la pauvreté et permettrait de ravigoter le pouvoir d'achat. Ses détracteurs, au contraire, estiment qu'il inciterait à l'oisiveté et à l'assistanat. Au printemps dernier, la fondation Jean Jaurès a présenté un rapport modélisant la création du revenu universel : en retenant un montant de 750€, elle affirme qu'il pourrait être financé en mobilisant l’ensemble des dépenses actuelles de protection sociale, sans impôts supplémentaires. Et l'institut vient d'annoncer qu'il s'est associé au département de la Gironde pour mener une expérimentation en France.
A priori, l'idée est plutôt approuvée par l'opinion. Selon un sondage réalisé par BVA en mai 2016, 51% des Français se déclarent ainsi favorables au revenu universel. Logique, donc, qu'il soit désormais évoqué par un certain nombre des figures politiques qui animeront la présidentielle à venir. Le souci, c'est que le vocable "revenu universel" est parfois galvaudé, et que les propositions qui sont faites en son nom recouvrent des réalités bien différentes…
► Valls fait un premier pas
Prenons le cas de Manuel Valls. Dans une tribune publiée le 21 septembre sur sa page Facebook, le Premier ministre se prononce en faveur d'un revenu universel en écrivant ceci : "À présent, il faut ouvrir de nouvelles pistes. Le revenu universel, c’est-à-dire une allocation unique, ouverte à tous, à partir de 18 ans, pour remplacer la dizaine de minima sociaux existant, en est une. Le Gouvernement engagera un dialogue avec tous les acteurs pour construire une réponse souple, plus simple et donc plus efficace, qui prenne en compte les situations individuelles."
À ce stade, la proposition de Manuel Valls est assez éloignée de l'ambition véritable du revenu universel. Ce dernier ne consiste pas simplement en une fusion de diverses allocations - laquelle impliquerait de verser un revenu non pas universel mais variable - mais en la création d'un droit nouveau qui entraînerait l'extinction d'autres droits. Par ailleurs, en assurant vouloir "[prendre] en compte les situations individuelles", il achève de se détacher de l'idéal charrié par cette idée. Avec le Premier ministre, à ce stade, le changement de paradigme évoqué plus haut n'aurait pas lieu.
► Sarkozy n'en veut pas
Nicolas Sarkozy a été plus clair : le lundi 26 septembre au micro d'Europe 1, le candidat à la primaire de la droite s'est dit opposé à l'idée d'un revenu universel. "Je préfère fusionner toutes les allocations en une seule, affirme l'ancien président de la République. Cette allocation unique fusionnerait le revenu minimum d'activité, les allocations personnelles pour le logement et même les allocations communales." Une proposition qui, au fond, ressemble beaucoup à celle faite par Manuel Valls. Sans l'habillage séduisant.
► Macron y songe
Emmanuel Macron, pour sa part, se montre séduit par l'idée. En revanche, impossible aujourd'hui de savoir ce qu'il met dedans. "Le revenu universel est une idée intéressante, affirmait-il ainsi début 2016 sur RMC. C'est une idée qu'il faut creuser pour les prochaines années car elle permet d'offrir un point de départ dans la vie. Ça renvoie à la philosophie que l'on a de la société. (…) Moi, je ne crois pas à l'égalitarisme, je crois en l'égalité des opportunités. L'idée du revenu universel - ou d'une dotation en capital au début de la vie -, c'est une idée qui va dans ce sens et qui m'intéresse."Gageons qu'après avoir éclairci sa position quant à une candidature en 2017, il prendra soin de rendre aussi sa position sur le sujet plus nette.
► Le Pen disserte
De son côté, Marine Le Pen ne s'est jamais clairement prononcée en faveur du revenu universel. En mars dernier sur LCI, la candidate du FN affirmait toutefois ne pas avoir "d'hostilité de principe",tout en constatant qu'il pouvait y avoir des difficultés "de faisabilité et de financement". Mais elle ne s'avance pas plus loin qu'une réflexion générale : "Je remarque que les classes moyennes françaises sont systématiquement les victimes des choix qui sont opérés. De plus en plus de gens obtiennent des aides sociales, mais ce sont toujours les mêmes qui ne les obtiennent pas et qui les financent. Ce ne serait pas le cas avec le revenu universel où tous les citoyens auraient un revenu, quel que soient leurs richesses. (…) Ça serait un bouleversement, car l'objectif est de remplacer l'intégralité de toutes les autres aides qui sont versées aujourd'hui. Ces dernières peuvent avoir un effet pervers car les Français de bonne foi peuvent se dire que s'ils travaillent, ils vivront moins bien que s'ils perçoivent des aides. Ça n'est pas sain."
► Hamon veut le porter
Aujourd'hui, celui qui porte l'idée du revenu universel avec le plus d'ardeur se nomme Benoît Hamon. Invité le dimanche 25 septembre sur RTL, le député socialiste a eu l'occasion de préciser son ambition. Selon lui, bon nombre de personnes "n'articulent pas leur vie personnelle et leur vie professionnelle comme elles le souhaitent." Il poursuit : "L'objectif est d'être moins dépendant du travail. Ce revenu permettrait de favoriser la prise de risque entrepreneuriale et de permettre de faire du bénévolat (…)Pour qu'il ait un impact, le revenu universel ne peut pas être inférieur à 535€. Mais l'objectif doit être de le porter à 750€, voire 1.000€." Et de brandir les expérimentations menées au Canada pour affirmer que cette mesure n'a pas d'effet désincitatif sur l'emploi. Cependant, Benoît Hamon confesse que son projet n'est pas suffisamment abouti pour indiquer le moindre plan de financement. Il estime ainsi que "la question du cumul avec d'autres minima sociaux se pose" et "refuse de trancher à cette étape (de la campagne, ndlr)". Une copie qui reste encore à peaufiner, donc.
► Les autres n'en parlent pas
Des candidats à la présidentielle ne se sont encore jamais véritablement exprimés sur le sujet. Ainsi d'Alain Juppé, en course pour la primaire de la droite, ou de Jean-Luc Mélenchon, ce qui peut paraître plus étonnant. Si ce dernier clame son désir d'augmenter le SMIC, il n'a jamais évoqué la création d'un revenu universel.
Lire aussi :
>> Le revenu universel: une idée libérale ?
>> Pourquoi le revenu universel n'est pas pour demain en France
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Dont acte.
Manuel Valls est comme tant d'autres, un très fin observateur des girouettes relativement à l'agenda politique et électoral pour savoir dans quelle direction va le vent, et pour combien de temps estimé... Il est un cas de plus qu'il faut prendre au mot. Il sera amplement pardonnable s'il passe aux actes et sans lâcher le morceaux. Sinon, s'il pense sauver la suite de sa carrière et ses chances aux prochaines élections... autant débarrasser le plancher. Avant lui, Jean Marc Heyrault, alors ministre de l'économie, avait été quelques jours en Suisse pour s'"inspirer" des méthodes monétaires suisses. Mais il devint ministre des affaires étrangères auxiliaire de l'OTAN donc des États-Unis, en poste dans un pays qui s'appelle France... Tous ces hommes, hyper "intelligents" et "géniaux", sont écartelés entre leur égo et l'image qu'ils s'ingénient à donner d'abnégation et d'altruisme...
Salvador Dali avait déclaré en parlant de lui-même : "Attention de jouer au génie! Parce qu'on risque de le devenir"... Mais Dali était un grand créateur, admiré ou réprouvé. Il ne laissait que peu de monde indifférent et n'était sensible qu'à l'admiration ou à la répulsion, le milieu lui faisait horreur. D'ailleurs, Dali disait qu'à la rigueur, un crétin dur, on pouvait lui pardonner, tandis qu'il n'y a rien de pire qu'un crétin mou!! ... Voilà où nous en sommes...
Quand la politique sera complètement considérée comme un Art et non plus comme le nec plus ultra de notre égo et bien un pas gigantesque aura été franchi.
Renaud