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L'ARGENT QUI NOURRIT

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DANS LE PÈLERIN : 

de M. Aymeric Jung

Managing Partner chez Quadia Impact Finance 


L'ARGENT QUI NOURRIT

Et si l'Etat nous récompensait tous au lieu de nous taxer?

En dépit d’un mois de novembre lourd et anxiogène, riche en commentaires et interprétations mais pauvre en solutions, je vais éviter d’évoquer les raisons économiques, sociales et climatiques de la situation de terreur actuelle. J’aimerais vous parler d’une actualité différente avec des propositions de solutions que chacun d’entre nous pourrait appliquer.

Nos gouvernements ont enfin pris conscience de la hausse des dépenses de santé provoquée par l’obésité, la malbouffe et la pollution. Comment peuvent-ils alors influencer ou changer le comportement des acteurs économiques? Assez courant pour un Etat, le recours à la taxe. Mais une taxe pour quel surcoût et pour financer quoi exactement?

J’ai déjà parlé ici du problème du plastic 1. Alors un surcoût de quelques centimes 2, comme c’est le cas en GB, sur les sacs apporte-t-il une solution? Pour le carburant, la France a décidé une hausse des taxes 3, mais la chute du pétrole rend ces mesures sans effet. Je vous rappelle aussi l’histoire des portiques pour la taxe poids lourds 4 qui a tourné au grotesque. En Suisse, la discussion pour la taxation de la spéculation sur les denrées alimentaires 5 semble montrer qu’on ne fait que déplacer le problème 6. J’ai donc l’impression qu’une taxe trop faible est sans effet et qu’une taxe importante déclenche tout un ensemble d’oppositions insurmontables, pour un pouvoir politique concentré sur les sondages et les prochaines élections.

A signaler cependant, car cela va au-delà de la simple taxe, l’initiative du célèbre cuisinier Jamie Oliver en GB « Jamie’s Sugar Manifesto»7. Il propose l’introduction d’une taxe de 20% sur toutes les boissons à sucres rajoutés, l’interdiction de publicités pour la «malbouffe» avant 21h, un étiquetage obligatoire sur les quantités de sucre, et une législation contraignante en matière de santé publique. Cette campagne a fait beaucoup de bruit, et David Cameron est sous pression. Ses ministres ont récemment conclu un rapport qui soutient l’instauration d’une taxe entre 10 et 20% dans le but de réduire l’important taux d’obésité dans le pays, un problème qui coûterait plus de £5 milliards chaque année au régime de santé. En exemple, le Mexique qui a instauré une taxe de 10% avec comme résultat une diminution des achats de sodas 8 de 12% sur 1 an.

Mais nous ne connaissons pas encore les effets secondaires de cette taxe dissuasive. Est ce que les consommateurs se tournent vers des produits plus qualitatifs ou alors vont-il rechercher des marques moins chères? Faudrait-il mieux taxer en amont de la chaine de production ou en aval? Quelles seront les réactions des industriels? Le pouvoir du «Big Soda» (terme donné à l’industrie des boissons gazeuses) est tellement important – spécialement en marketing et en relations publiques, que l’industrie arrive à protéger ses ventes aux dépens de la santé publique.

Selon moi, plus important que la taxe ou son montant, c’est bien de montrer qu’un comportement économique individuel peut mener à des impacts négatifs ou positifs globaux. C’est mettre dans le débat public des enjeux long terme et éduquer la population sur un changement de consommation, hier souhaitable, aujourd’hui indispensable.

Au lieu de faire payer selon le principe pollueur payeur, je pense que nous avons dorénavant les outils financiers pour au contraire récompenser les comportements vertueux. A partir du moment où l’Etat peut mesurer l’impact de la malbouffe, de la pollution, des produits phytosanitaires, du trafic automobile, ne pourrait-on pas combiner les social bonds 9 (obligations qui permettent à l’investisseur de recevoir un rendement dépendant des économies réalisées par l’Etat grâce au succès du projet, comme dans le cas de la réinsertion de prisonniers)avec un système de récompenses. Certes il ne faudra pas commettre les mêmes erreurs qu’avec les certificats Carbone et éviter un comportement d’arbitrage ou de chantage de la part des grosses industries.

Récompenser des consommateurs, entrepreneurs et investisseurs qui œuvrent à diminuer les externalités environnementales et sociales négatives me semble constructif. Ce n’est pas LA solution mais une solution complémentaire à côté des aides existantes. La récompense n’est elle pas plus motivante et gratifiante que la punition?

Imaginez alors qu’une entreprise reçoive un crédit quand elle vend une boisson saine ou qu’un consommateur soit récompensé pour ne pas être seul en voiture?  Cela changera les "règles" du libre marché, non?

«Autant les optimistes que les pessimistes contribuent à la société, l’optimiste invente l’avion, le pessimiste les parachutes» GB.Shaw

Le paradoxe est que justement «le sucre et le gras 10 activent les circuits cérébraux de la récompense.



Texte écrit avec et sur une idée de Margaux Lunt.

23 Décembre 2015

Quantitative easing vs. Revenu de base inconditionnel

ou croire au père Noël

Décembre 2015, au lieu de faire un bilan de l’année 2015, et comme c’est aussi Noël, contentons-nous de voir ce qui pourrait s’apparenter à des cadeaux. La COP21, Super Mario, Uber et le Revenu de Base Inconditionnel. C’est dans le même ordre de l’optimisme, de la puissance financière, de la flexibilité et enfin l’Utopie pour tous.

La COP21 est un succès historique. Un accord a été trouvé grâce à une conférence bien préparée. Quel beau cadeau de Noël que d’être rassuré! Mais cela ressemble quand même plus à de la diplomatie qu’à de l’action concrète, chiffrée, avec des espèces sonnantes et trébuchantes.

Le Quantitative Easing, lui, chiffre, mais ni ne sonne ou ne fait trébucher les marchés financiers. Présenté comme moyen de relance de l’économie, il doit se concrétiser par de l’inflation. Pourtant pas vraiment un cadeau pour les acteurs économiques passifs que sont la majorité des salariés. Pas vraiment non plus une réussite aux Etats-Unis. Plutôt un constat d’inefficacité en Europe lors de la dernière intervention de Mario Draghi. Le programme, lancé en mars dernier, sera prolongé jusqu’en 2017, pour au moins 1500 milliards.

2015 a mis en avant l’Uberisation de l’économie. Danger réel pour l’équilibre de nos systèmes sociaux de redistribution ou opportunité de donner de l’autonomie à un autre type de travail? Le journal l’Expansion (no 809; «la fin du salariat») souligne qu’une baisse des effectifs du secteur hôtelier ou des transports, au profit de plateformes Internet, remettrait en cause le financement des retraites des anciens salariés. Ah bon? Ce n’est pas déjà en quasi faillite comme système?

Je pense que vous avez compris où je voulais en venir. Tout ça pour ça? Et oui, comment passer à l’action pour apporter des solutions, là où la politique se heurte à des élections sans lendemain.En Grèce, voter n’a servi à rien comme le montre le dernier livre de Y. Varoufakis (édition Les Liens qui Libèrent).

En France, on vote désormais contre un parti au lieu de soutenir un programme. Mettons alors en place ensemble des initiatives «Bottom-Up» au lieu d’attendre une politique décidée d’en haut «Top Down».

Osons (N. Hulot) plus de coopération au lieu de la compétition,

plus d’intelligence collective au lieu du consumérisme, plus de sagesse au lieu de la vitesse (les mouvements Slow, dont Slow Money bien sûr).

Osons, comme en Suisse, les initiatives populaires sur le Revenu de Base Inconditionnel (RBI): «somme d’argent suffisante pour vivre, donnée à chaque personne, chaque mois sans conditions ni contrepartie».

Pourquoi? Parce que, d’un point de vue économique, tout revenu issu d’une activité complémentaire viendra s’ajouter au RBI. Il ne supprime pas l’envie de travailler mais permet un filet de sécurité lors d’une période d’activité moindre. Il est accordé à tous sans distinction. Il redonne de la dignité à une époque où souvent avoir un emploi ne suffit plus. Ce n’est pas de l’assistanat mais un droit.

Pourquoi? Parce que, d’un point de vue politique, c’est une mesure de droite comme de gauche, terriblement socialiste et affreusement libérale à la fois. Un minimum pour tous, c’est social et égalitaire. Une fois ce minimum accordé, alors que demander de plus? Chacun selon sa propre volonté et capacité. Flexibilité, autonomie, liberté d’accepter ou non différentes conditions de travail. Nul besoin de demander à l’entreprise une addition de cotisations supplémentaires.

Comment ? En imprimant de la monnaie, non? Le Quantitative Easing de la BCE, c’est 3000€ par habitant. Mieux que le père Noël.

Plus sérieusement, cela représenterait une prime de 175 euros par mois par Européen. Ajoutons les sommes des aides sociales qui ne sont plus versées, et nous pouvons compléter le RBI. Cependant des difficultés, soulevées par le refus du conseil fédéral, sur sa mise en place demeurent comme une hausse de la fiscalité probable, la diminution du volume de travail, la nécessité pour certains de prestations sociales supérieures au RBI. Le Guardian en relève d’autres telles que le coût du logement selon les zones qui devrait être pris en compte et la rationalité long terme des agents économiques. Le débat est ouvert avec les réponses de G.Morgan.

Alors, bien plus efficace selon moi, le RBI en monnaie complémentaire.

Il aurait l’avantage de bénéficier à l’économie locale tout en assurant les services et la nourriture de base.

L’impact positif de ces monnaies pour la population n’est plus à démontrer.

Témoignages éloquents avec Made in Local, Balle, le film Demain de C.Dion/M.Laurent, l’économiste M. Schuman… A une époque, les congés payés ou la sécurité sociale étaient aussi une Utopie. En effet,



"Pour la plupart d'entre nous, le plus grand danger n'est pas d'avoir un but trop élevé et de ne pas l'atteindre, mais au contraire d'en avoir un trop peu ambitieux et de l'atteindre." Michel-Ange





La portée pédagogique est aussi au cœur du projet de Thierry Desforges: www.monpotager.com offre aux citadins, sur abonnement, la possibilité de planter virtuellement une parcelle avec des fruits et des légumes et de les voir grandir jusqu'à la récolte.

Le consommateur pourra ensuite soit se faire livrer toute la récolte,

soit la troquer (tout ou partie) contre d'autres fruits et légumes du site

via une monnaie alternative logiquement appelée "patate". "Il y a une méconnaissance du métier d'agriculteur auprès du grand public" estime Thierry Desforges qui croit dans l'aspect ludique de monpotager.com. Autant d'initiatives mises à l'honneur au Salon de l'agriculture. Signe que malgré la crise, le monde agricole innove.


Quelle nouvelle alliance pour motiver les jeunes agriculteurs?

écrit avec et sur une idée de Inès Burrus.

Comment produire de la nourriture et surtout grâce à qui la planète va-t-elle nous nourrir ? En Suisse les initiatives populaires (pour la sécurité alimentaire, pour des aliments équitables) montrent que cette question nous concerne tous. Les ressources naturelles s’épuisent et les agriculteurs vieillissent. Ils se sentent abandonnés. Leur colère s’est exprimée très clairement en France au salon de l’agriculture.

Il y a dans le monde autour de 570 millions de fermes. Seulement 30 millions d’exploitations sont mécanisées et plus de 500 millions utilisent des parcelles de moins de 2 hectares (source FAO).

Les petits producteurs n’ont aucun rôle dans le mécanisme de fixation des prix d’achat, ni de pouvoir de négociation, et vendent régulièrement à perte.

Par ailleurs produire bien et bon n’est pas toujours viable face à ceux qui produisent beaucoup, souvent avec une mauvaise qualité et des externalités environnementales, sociales et sanitaires négatives.

Les petits agriculteurs luttent pour leur survie, leur nombre chute et la relève est difficile.

Est ce que l’agriculture mondiale doit suivre l’évolution occidentale, c’est à dire depuis la seconde guerre mondiale un modèle quantitatif ? Ce n’est pas mon opinion, d’autant plus que les priorités changent. Une grande partie de la nourriture est gaspillée, l’autre provoque obésité et maladies. Il faut rapidement établir une nouvelle alliance sur la chaine de valeur alimentaire, privilégiant la qualité et la logistique (article de MD.Choukroun).

Egalement indispensable, un modèle économique profitable pour attirer des "néo-ruraux" dans les pays développés et pour maintenir les agriculteurs en activité dans les pays émergents. Je m’inspire donc du texte de O.de Schutter en 2010, alors rapporteur spécial des Nations Unis, expliquant que l’avenir agricole doit s’appuyer sur l’agroécologie familiale.

Cela concerne 5 millions de familles brésiliennes produisant 70% des aliments consommés au niveau national. Ainsi, Alan Bojanic, représentant de la FAO, affirme qu’une « complémentarité entre une agriculture exportatrice et une agriculture destinée au marché national est clef ».

Et si on donnait la parole aux générations futures ?

J’aimerais évoquer ici une étude de cas menée par I.Burrus au Brésil dans le cadre de son projet doctoral. Sur le terrain à l’école d’agroécologie fondée par Abdalaziz de Moura, qui a littéralement transformé l’éducation rurale avec la création de la Proposition Educative d’Appui au Développement Durable et la fondation du Servicio de Tecnologia Alternativa (Serta), elle relève l’importance de maintenir l’attrait de la jeunesse pour l’agriculture familiale et de  comprendre  ses valeurs et ses aspirations. Les témoignages recueillis montrent la volonté des étudiants de diffuser les connaissances acquises au Serta en expliquant aux agriculteurs qu’ils peuvent cohabiter avec la nature et produire sans la détruire, sans exploiter la terre jusqu’à son épuisement. Il est question aussi de mettre en garde la jeunesse qui serait tentée de quitter la zone rurale pour la ville.

En complément, Inès mentionne qu’il semblerait qu’un conflit de valeurs ait déjà éclaté entre deux générations. Maximiser ses revenus à n’importe quel prix n’est plus la priorité de la jeunesse rurale. Les producteurs d’aujourd’hui et de demain aspirent avant tout à une vie saine et heureuse, en adéquation avec la nature. Il est donc essentiel que le secteur agricole s’adapte non seulement aux besoins des consommateurs mais aussi au changement de mentalité des producteurs.

La question des solutions financières pour répondre à ce nouveau paradigme demeure. La Microfinance n’apparaît pas être un moyen suffisant. En effet afin que l’agriculture familiale devienne une activité attractive, il est nécessaire de rendre les formations accessibles et de développer des technologies adaptées.

L’Impact Investing, en soutenant un entrepreneuriat valorisant la qualité environnementale, sociale et nutritionnelle, doit, elle aussi ,y contribuer. Ainsi nous éviterons que la biodiversité, les semences anciennes et la connaissance agricole ne terminent dans une boite comme l’Arche d’Alliance .

En effet,"le succès ne consiste pas à ne jamais faire d'erreurs, mais à ne jamais faire la même deux fois" GB Shaw.


1 Septembre 2016

La quintessence de l'économie: la croissance ou le vivant?

Un peu de spiritualité dans cette période estivale à défaut de motivation politique. En effet les perspectives présidentielles de ces prochains mois aux USA ou en France m’attristent. L’actualité sécuritaire et identitaire me désespère. Où retrouver sa raison d’être ? Comment sublimer notre action ? Difficilement dans la religion !

Par exemple avec un cinquième élément ?

L’Air, l’Eau, le Feu et la Terre sont les 4 éléments. Quintessence signifie la cinquième essence ; c’est celle qui assurerait la cohésion des quatre autres.

Que choisir alors,

la Croissance ou le Vivant ?



La Croissance : notre modèle économique repose sur la croissance et recherche la croissance. Elle serait l’unique solution. De la croissance, encore de la croissance et toujours de la croissance pour assurer le plein emploi et la richesse économique pour tous. Croissance que mesure le sacro saint PIB. Une croissance possible si et seulement si on reste compétitif au niveau mondial ?

Déjà remis en cause par Robert Kennedy en 1968 « le PIB mesure tout sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue », le PIB n’est pas la solution.

Même pas une partie de la solution puisque nous vivons dans un monde aux ressources limitées que nous sommes en train d’épuiser.



Le Vivant : sans air un homme ne peut survire au delà de quelques minutes. Sans eau, seulement quelques jours. Sans nourriture 40 jours. Et le feu? et la Terre ?

Et si nous prenions acte de mettre le vivant et notre connexion au vivant comme priorité de notre développement ?

Les arbres communiquent entre eux pour faire de la forêt un écosystème connecté très résilient. La Biodynamie connecte le sol et les planètes afin de démultiplier la photosynthèse.

Maintenant que nous sommes tous connectés, ne serait-il pas temps de se préoccuper un peu plus des biens communs?

La vieille promesse de la mondialisation selon laquelle beaucoup de biens matériels à bas prix rendraient l’humain heureux perd tous les jours de plus en plus de ses adeptes.

Pour croire au changement ne faudrait-il pas déjà changer nos croyances ?

Une croissance continue dans un monde clos n’est pas possible. Ni un pétrole à bas prix, ni une monnaie massivement injectée, ni le progrès technologique ne nous permettront de survivre si nous ne prenons pas soin de nos ressources naturelles. Selon D.Bourg « l’humanité va subir l’effet de la réaction de la période Anthropocène sur son organisation » ; c’est à dire « Quand on agit en masse alors le système réagit massivement ».

Chaque siècle a des enjeux majeurs à régler. Chaque génération agit ou subit les conséquences de ces enjeux. Alors quand l'individualisme devient la règle et le bien commun l’exception, il est temps de réagir, et ce n’est que par le collectif que les solutions peuvent être trouvées. A chacun d’apporter son expertise complémentaire, pas besoin d’avoir une méthodologie unique, mais

décidons ensemble de la direction. J’ai l’impression que la Planète nous dit : "bon ca suffit maintenant, vous vous êtes bien amusés, alors on se calme et on range tout ca".

Calmer, ranger,…faire une pause. Les écritures religieuses comme la nature mettent en avant la pause régénératrice. C’est le jeûne, la méditation, la prière, la jachère ou l’hibernation. Cesse-t-on de vivre quand on jeûne ? N’éprouvons nous pas au contraire d’autres plaisirs et de nouvelles sensations ? La science commence à découvrir ce que le bon sens savait déjà des capacités thérapeutiques du jeûne (même sur le cancer) ou de la méditation.

L’Initiative Populaire pour l’économie verte: une chance pour la Suisse d’avoir une direction politique claire afin de mettre en place de l’innovation économique utile aujourd’hui et indispensable demain.

Justement notre économie est malade et nous fais souffrir. On est pauvre aujourd’hui avec un travail, on est précaire avec un diplôme, on est seul dans une ville surpeuplée. L’Etat providence est en panne. Là où les gouvernements ont été capables de s’écarter de leur règle budgétaire pour sauver des banques, ils ne pourraient pas le faire pour préserver la cohésion sociale et les ressources naturelles ? L’économie n’est pas une science exacte, et y remettre du bon sens ne peut pas faire de mal. Croire et croître n’ont pas la même étymologie ; connaissance et croissance peuvent bien sûr être dissociées. Une croissance cadrée avec des objectifs environnementaux nous donnera plus de résilience dans un monde incertain.



Cela me laisse aussi espérer que notre modèle privilégiera la sagesse de l’Agora Grecque plutôt que "du pain et des jeux" du Cirque Romain.



23 Février 2016

Les marchés financiers: chronique d’une mort annoncée!

Une première alerte cet été, relayée en ce début d’année. Une énième crise des marchés financiers se profilerait. L’économie Chinoise faiblit alors qu’elle menait la croissance mondiale. Les liquidités injectées par les banques centrales ne se répercutent pas sur l’économie réelle et ne feraient que créer des bulles spéculatives. Voilà ce qu’on entend en boucle puisque la baisse des marchés actions a atteint mi-février 23% en Chine, 11% aux Etats-Unis et 15% en Europe.

Honnêtement peut-on encore prétendre y comprendre quelque chose? Tout le monde trouve une explication à posteriori, mais en 10 jours, on passe d’une justification de la bonne santé du marché des actions à une fine analyse de leur baisse.

Au moins l’ex banquier de Credit Suisse qui a fait perdre des millions à ses clients Russes a reconnu qu’il n’y comprenait rien.

Par définition, les marchés de capitaux permettent la rencontre entre les agents économiques ayant un excédent de capitaux et ceux ayant des besoins de financement.

Pratiquement, vous avez tous entendu dire que «les marchés» n’existaient pas, mais que les marchés, «c’est nous», c’est-à-dire des ménages qui achètent aux entreprises des actions.

Sauf qu’avec la complexité désormais atteinte de ce système, ce sont des fonds, des institutions et des banques, gérant l’épargne des ménages, qui achètent et vendent des actions.

L’effet de levier est considérable et les volumes toujours plus excessifs. La capitalisation boursière a doublé de 2003 à 2013 pour dépasser 60 trillions. Avec Apple, plus grosse capitalisation mondiale, on a  pu voir une variation quotidienne équivalente à 1 an d’impôt sur le revenu en France (l’email à $ 70md).



Ces «marchés» selon P. Viveret alternent en un temps très court l’euphorie et la panique. C’est invivable.

Pire, selon D. Dron, les marchés regroupent des acteurs homogènes, qui réagissent aux mêmes signaux et qui recherchent les mêmes ressources. C’est intenable.

En effet son analyse des Ecosystèmes naturels montre que le système financier ne présente pas les principes «structurels» essentiels de la résilience que sont

la régulation interne (autocorrection comme le cycle prédateur-proie permettant le maintien des espèces dans des limites physiques soutenables),

la compartimentation (des espèces connectées mais pas de façon homogène pour éviter la contagion),

la biodiversité des acteurs

et enfin le bouclage des cycles (les déchets des uns servent de ressources aux autres).

Cela explique la vulnérabilité des marchés et des crises successives de plus en plus rapprochées. D. Dron est aussi à l’origine d’un rapport sur le financement de la transition écologique. Elle y souligne entre autre, l’importance du développement d’analyses d’impact pour une «meilleure lisibilité de la contribution des investissements au financement de la transition écologique».

Mais est-ce suffisant

pour guider l’épargne vers le financement de solutions à long terme

et éviter une spéculation à court terme?

Ne pourrait-on pas relier ses deux analyses?

Financer la transition écologique ne passe-t-il pas d’abord par définir une transition financière?

Le monde s’oriente vers moins de croissance, donc est-ce encore raisonnable d’acheter des actions avec comme objectif principal de les revendre rapidement sur anticipation qu’une autre contrepartie payera un prix plus élevé? Le prix est bien éloigné de la valeur créée par la société et la contrepartie acheteuse se résume souvent à un ordinateur opérant selon un algorithme différent de celui de la contrepartie vendeuse.

Les marchés financent-ils l’économie dont on a besoin? Je n’ai pas toutes les réponses mais je ne crois pas que la liquidité d’un investissement ou le fait d’être côté en bourse, soient un gage de sécurité.

Selon moi, les marchés financiers détournent désormais une épargne long terme en l’exposant à un risque systémique.

D’un point de vue pratique,

pourquoi ne pas rendre les échanges à court terme inutiles

et recréer ainsi une véritable relation de partenariat entre investisseurs et entreprises,sans que celle-ci ne se termine par une revente trop facile? Notre économie se porterait-elle plus mal avec des valorisations uniquement trimestrielles ou de la dette indexée (EDI) ? L’investissement y serait plus durablement au service de l’entreprise, elle même au service de l‘humain.

En effet, toujours selon D. Dron, un  système financier ne peut pas subsister sans «le monde physique et biologique qui autorise l’existence des sociétés: sans la nature et ses ressources, pas d’humain et pas d’activité économique».

Le secteur financier est donc le «sous-système le plus restreint et objectivement le plus dépendant des autres». Peut-on risquer qu’une nouvelle crise financière déclenche une révolution alors que techniquement et socialement plus de progrès humain est possible?

"Le progrès ce n'est rien d'autre que la révolution faite à l'amiable" 

Victor Hugo.



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