La baignoire de monnaie
Considérons que toute la monnaie existante remplit une baignoire.
Si une personne achète un objet ou un service à une autre personne, le niveau ne change pas, il n'y a ni plus ni moins de monnaie sur terre, c'est simplement une partie de cette monnaie qui change de propriétaire.
Si Pierre achète des carottes à Paul, après l'achat, Pierre possède moins de monnaie et Paul en possède un peu plus. Mais Paul n'est pas plus riche (ou Pierre moins riche) pour autant, car un jour au l'autre Paul achètera à Pierre des ananas et chacun se retrouvera avec sa part initiale de monnaie.
La monnaie est juste un outil pour faciliter l'échange, dans les cas où il n'est pas ou difficilement possible d'échanger les marchandises en direct (les carottes ne murissent pas en même temps que les ananas).
Comment puis-je donc faire pour m'enrichir (si tel est mon souhait) ?
A) Par le biais d'une activité :
Si je plante des ananas, après un certain temps, mon travail (et celui de la terre) permettra de vendre ces ananas.
Si j'en produit plus que ce que je consomme (ou plus que j'en échange contre ce que je consomme), alors je suis plus riche.
B) Par la spéculation :
Si je spécule, en achetant des produits ici et en les revendant plus cher là (par exemple en privant des gens d'un produit de première nécessité, ils finissent par payer très cher pour pouvoir l'acquérir).
Ce moyens là de s'enrichir ne crée aucune richesse dans le monde.
C'est un moyen légal mais foncièrement malhonnête de littéralement s'approprier une part de la monnaie sans fournir en échange la moindre contre partie.
C'est par ce biais là que des multinationales stockent des céréales dans des silos en laissant la famine décimer des populations juste dans le but de revendre ces céréales bien plus cher que ce qu'elles ne valent en réalité.
Pas besoins d'avoir fait de grandes études (et surtout pas l'ENA) pour se rendre compte que c'est éminemment crapuleux.
On voit ici que la monnaie est une sorte de représentation des biens et services disponibles sur la planète.
Une quantité de monnaie permet d'acquérir une certaine quantité d'un bien ... et inversement je peux échanger une certaine quantité d'un bien contre un certain montant de monnaie.
C) En faisant de la fausse monnaie :
Je peux évidemment imprimer des faux billets. Créer de l'argent à partir de rien, sans aucune contrepartie réelle (bien ou service).
Notons au passage que c'est ce que font les banques en créant la monnaie ex-nihilo sans fournir la moindre contre partie du côté des biens.
Bien sur, elles justifient la ponction d'intérêts en prétextant rendre un service, mais dans la réalité, augmenter la masse monétaire indépendamment de la quantité de biens disponibles revient à créer un déséquilibre (injecter dans la baignoire de la monnaie qui n'a aucune contre partie sur le plateau des biens et services) et c'est l'exact opposé d'un service, c'est en réalité un problème :
Le niveau monte dans la baignoire, donc le prix des biens augmente (si il y a d'un côté 10 francs et de l'autre dix pommes, le prix d'une pomme est de un franc, si je rajoute dix franc dans la baignoire, une pomme coûte tout à coup 2 francs, ce qui est très utile à celui qui possède un stock de pommes). C'est l'inflation.
En théorie, lorsque les emprunteurs remboursent leurs dettes auprès des banques, celles-ci détruisent cette monnaie précédemment créée ex-nihilo.
Un peu comme le cafetier détruit le papier sur lequel il a noté que tu lui dois un café ... quand tu reviens le lendemain pour le payer.
Mais les banques perçoivent un intérêt qui pour pouvoir être payé nécessite de nouveaux emprunts (sans contre valeur).
La baignoire se rempli plus vite que le plateau des biens, ce qui implique une croissance économique ou une inflation (ou un peu des deux).
Pire, les gens ont l'illusion de pouvoir faire fructifier leur argent, alors ils le placent en en attendant des intérêts ...
Intérêts qui provoquent une inflation qui est plus grande que les intérêts qu'ils touchent. Placer l'argent revient ainsi à le dévaluer (forcément, au passage les banques s'enrichissent sans fournir le moindre travail utile)
A ce stade, il est possible de constater que les moyens d'enrichissement B et C sont crapuleux, qu'ils ont pour base commune ce qu'on appelle la rémunération du capital, et qu'ils ont pour conséquence l'enrichissement extrême d'une minorité ne fournissant rien d'utile à la communauté humaine au détriment d'une majorité qui n'a guère d'autre choix que de produire des trucs inutiles et prêts à jeter pour permettre la croissance dont se gavent les premiers.
Séparons la baignoire en deux parties :
1) la monnaie en possession de ceux qui empruntent (parce qu'ils n'ont pas assez d'argent) et
2) ceux qui prêtent (ex-nihilo parce que l'état les y a autorisé ou parce qu'ils ont déjà beaucoup de monnaie).
Bien sur, les "prêteurs" payent des salaires à leurs employés et consomment quelques biens produits par les vrais travailleurs. Mais cette part du mouvement monétaire est ridicule à côté du flot imposant des intérêts.
Les #DéjàTropRiches ne peuvent donc que s'enrichir encore plus sur le dos de ceux qui travaillent.
Pire, pour travailler, les gens doivent louer les terres et les installations et payer les riches rien que pour avoir le simple droit de vivre !
Et de là, on peut facilement constater que cette rémunération du capital a un ensemble de conséquences désastreuses passant par la destruction aveugle des ressources de la terre, les inégalités sociales, la famine, la pauvreté, la pollution, les besoins croissants d'énergie, la main-mise de l'économie sur les gouvernements, la transformation des démocraties en moutoncratie etc. etc. ...
En bref, c'est la cause commune de presque tous les maux dont l'humanité souffre encore en ce siècle qui devrait plutôt être caractérisé par le pouvoir libérateur des technologies !
Il n'y a pas mille solutions.
En réalité, il n'y en a qu'une.
Il faut interdire toute forme de rémunération sur le capital.
C'est de l'usure.
Que cette rémunération se fasse sous la forme de spéculation ou d’intérêt, c'est de l'usure.
La création monétaire devrait être la charge de l'état, un service payé par nos impôts (et surtout pas par des intérêts) et la monnaie ainsi créée doit être équitablement distribuée au peuple sous la forme d'un revenu de base (ou dividende universel) lui redonnant ainsi son véritable droit citoyen en le munissant du prodigieux pouvoir de choisir que donne la monnaie (plutôt que de le donner comme aujourd'hui à des investisseurs qui le serviront pour s’enrichir au mépris le plus total de l'humanité).