Menottes du FMI, rigueur destructrice
Paolo Savona, communiqué du 27/5 et réponse à son veto du 28/5
1) Le 27 Mai, le Prof. Savona avait écrit un communiqué sur un site d’information de bloggueurs passionés, www.scenarieconomici.com , qui a servi d’excuse pour mettre définitivement le véto à Savona tant il est vrai que toute la presse a reporté ce communiqué en déviant complètement la pensée et le contenu, selon ce qu’a affirmé le Prof. Savona ci-dessus.
Traduction du communiqué du 27 Mai 2018, 13h30, du Prof Paolo Savona :
“Récemment, je ne suis jamais intervenu dans la polémique agitée sur mes positions concernant l’Union européenne et, en particulier, l’euro, simplement parce qu’elles ont été clairement exprimées dans mes mémoires délivrées à l’Editeur le 31 Décembre 2017, et relayées par la presse en ces jours, surtout les pages 126-127. Pour le respect que je porte envers les Institutions, je sens le devoir de les résumer brièvement :
– La création d’une école européenne de tout ordre et degré afin de parvenir à une culture commune qui permette l’affirmation du consensus à la naissance d’un union politique …..
– Donner à la BCE, les fonctions typiques des principales banques centrales du monde afin de poursuivre le double objectif de la stabilité monétaire et de la croissance réelle ..…
– Attribuer au Parlement européen les pouvoirs législatifs sur les matières qui ne peuvent pas être contrôlées aussi efficacement au niveau national…
– Attribuer à la Commission Européenne le pouvoir d’initiative législative sur les matières prévues à l’art. 3 du Traité de Lisbonne…
– Dans sa phase d’application, attribuer au Conseil européen des Chefs d’Etat et de gouvernement les taches de contrôle sur les institutions européennes afin de garantir le respect des objectifs et le recours aux pouvoirs prévus par les nouveaux accords
En ce qui concerne la concrétisation de ces convictions dans le programme du Gouvernement, je ne peux que me référer au contenu du paragraphe 29, des pages 53-55, du Contrat signé entre la Ligue et le M5S où l’on spécifie les intentions du Gouvernement naissant à la lumière des problèmes surgis dans les dernières années, qui nous induisent à demander à l’Union européenne « la pleine application des objectifs fixés en 1992 dans le Traité de Maastricht, confirmés en 2007 dans le Traité de Lisbonne, en repérant les instruments à activer pour chaque objectif » spécifiés dans le texte qui suit.
Même pour les préoccupations exprimées dans le débat sur la dette publique et le déficit, la référence obligatoire est le paragraphe 8 de la page 17 du Contrat où il est clairement dit que “L’action du gouvernement sera orientée vers un programme de réduction de la dette publique, non pas en intervenant avec les impôts et l’austérité – politiques qui se sont révélées erronées pour obtenir ce objectif – mais par la croissance du PIB, et la relance soit de la demande interne par les investissements à fort multiplicateur et les politiques de soutien des pouvoirs d’achat des familles, soit de la demande étrangère, en créant les conditions favorables aux exportations.”
En espérant avoir contribué à éclaircir mes positions sur le thème en question et celles du Gouvernement naissant, en interprétant correctement la volonté du Pays.
Je synthétise en disant: Je veux une Europe différente, plus forte, plus équitable.
2) La réponse de Paolo Savona (28/05/2018) au veto du Président de la République sur sa personne est celle qui suit (https://scenarieconomici.it/la-risposta-del-prof-paolo-savona/) :
La plus grande institution du Pays m’a fait subir un tort très grave sur la base d’un procès d’intentions tout à fait paradoxal: ma soi-disant volonté de sortir de l’UE alors que c’est justement le contraire de que j’ai déclaré et répété dans le communiqué publié hier, qui a été critiqué par la grande partie des médias sans même en expliquer le contenu. A part la solidarité exprimée par tous ceux qui me connaissent et ne déforment pas mes idées, j’ai reçu une consolation particulière de Jean Paul Fitoussi sur le quotidien Mattino di Napoli e de Wolfgang Münchau sur le Financial Times.
Le premier, avec qui j’entretiens depuis des décennies des discussions polies sur l’argument, affirme correctement que je n’aurais jamais mis en discussion l’euro, mais que j’aurais demandé à l’Union européenne de donner des réponses aux exigences de changement provenant de l’intérieur de tous les Etats membres. J’ajoute que nous voulions rejoindre cet objectif selon la stratégie des négociations suggérée par la théorie des jeux qui recommande de ne pas révéler les limitations d’une action poursuivie, pour ne pas en en voir la défaite, ce que j’ai répété plusieurs fois publiquement. A l’époque des like et dont like même la Présidence de la République suit cette mode.
Le commentaire de Munchau est encore plus incisif et proche de ma pensée. Dans son article, il analyse ce que devrait être l’euro pour ne pas subir la domination mondiale du dollar et de la géopolitique des Etats Unis, en affirmant que la monnaie européenne a été mal conçue à cause de la myopie des Allemands. L’Allemagne empêche que l’euro puisse devenir comme le dollar “une partie essentielle de la politique étrangère”. Mais, ajoute-t-il, le dollar a perdu ce trait, et l’euro n’est pas en mesure de le remplacer ou, du moins, de jouer un rôle parallèle, et partant, nous nous trouvons dans le chaos des relations économiques internationales; celles-ci se tournent au protectionnisme nationaliste, qui n’est pas porteur de stabilité politique, sociale ou économique. C’est le sujet que j’ai touché dans le pamphlet récemment publié avec Paolo Panerai sur Carli et le Traité de Maastricht, d’où émerge la grandeur lucide de Paolo Baffi. L’Italie enregistre des phénomènes croissants de pauvreté, de revenus réduits et d’inégalités. Le 28 et le 29 juin se tiendra une rencontre importante entre les Chefs d’Etat à Bruxelles: qui ira représenter les besoins du peuple Italien? Le Président Mattarella ne pourra pas y aller, ni Cottarelli non plus. S’il n’avait pas reçu des vetos inacceptables, car non fondés, le gouvernement Conte aurait pu compter sur le soutien de Macron, pour canaliser les réactions décomposées provenant de l’intérieur de tous les Etats membres, sans distinction, contre les décisions aidant l’Italie à sortir du gouffre où le pays est poussé. Munchau affirme, justement, qu’il “craint l’absence d’un soutien politique dans l’Europe du Nord” et donc il ne nous reste qu’à subir les effets du protectionnisme et de l’instabilité sociale. Il s’agit de décider si les européistes sont ceux qui créent les conditions pour en terminer avec l’UE ou bien ceux qui, comme moi, en demandent la réforme afin de sauver les objectifs que l’Europe s’était fixée. Paolo Savona 28/05/2018
Traduction de Nicoletta Forcheri
Traduction de Nicoletta Forcheri