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Drapeau carré du Vatican pour la 1ère fois aux Nations Unies

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Le drapeau du Vatican est le seul au monde, avec celui de la Suisse et de la garde suisse pontificale, à avoir adopté la forme carrée.

Drapeau actuel de la garde pontificale avec les armes du pape François et du commandant Anrig

Drapeau de la Confédération Helvétique, CH,
alias la Suisse.
Carré, pour le Père
La Croix, pour le Fils
Rouge, pour le St Esprit.

C’est une première ! Ce vendredi 25 septembre, jour de la fête de St Nicolas de Flüe, notamment patron de la paix mondiale et de la Suisse, le drapeau du Vatican est hissé pour la première fois au siège des Nations Unies à New York (États-Unis), le jour où le pape François prononcera un discours historique lors de l’Assemblée Générale de l’ONU.
Le Vatican et le Secrétaire général de l’ONU ont en revanche convenu que le drapeau hissé à cette occasion le serait sans cérémonie particulière, en même temps que les autres.
Le drapeau du Vatican est un carré constitué de deux bandes verticales, une jaune et l’autre blanche, avec au centre de la bande blanche, les armoiries du Vatican. Baptisé aussi « drapeau papal » ou « drapeau pontifical », il a été adopté le 7 juin 1929, l’année de la signature des accords du Latran avec l’Italie et de la création de l’actuel État de la Cité du Vatican, indépendant et régi par le Saint-Siège. Le drapeau du Vatican est le seul au monde, avec celui de la Suisse et de la garde suisse pontificale, à avoir adopté la forme carrée.

à lire attentivement le texte en lien ci-dessous, l'exemple suisse, le 

capital suisse, le capital à la Suisse...





Drapeau de la Confédération Helvétique, CH,
alias la Suisse.
Carré, pour le Père
La Croix, pour le Fils

Rouge, pour le St Esprit.

Quasiment tous les pays du monde ont des drapeaux rectangulaires, selon les recommandations de l’ONU, hormis la Suisse (et le Vatican).

Pourquoi carré, avec celui du Vatican  ?

Au Vatican, le drapeau est également carré. D'après le président de la Société suisse de vexillologie - la science des drapeaux -, Emil Dreyer, il y a très certainement un lien avec la Garde pontificale suisse. 

Depuis sa création au 16e siècle, la Garde suisse a toujours eu un drapeau. Et selon Emil Dreyer, lorsqu'en 1929, le Vatican est devenu l'Etat internationalement reconnu qu'il est aujourd'hui - et qu'il a eu besoin d'un drapeau 'national' - , il a paru logique que l'on se soit inspiré du drapeau de la Garde. 

Et justement ce dernier était - et reste toujours - carré.


La garde suisse pontificale à Lausanne. Un retour de l'histoire, c'est Jules II, ancien évêque de Lausanne, qui a formé la première garde suisse.
Giuliano della Rovere, italien (1443 – 1513), fut pape de 1503 à 1513 sous le nom de Jules II. Évêque de Lausanne (1472-1473).

La Rose de la Cathédrale de Lausanne est la seule à représenter en son centre un carré, l’image du monde créé bon, Dieu le Créateur vit que tout était très bon, symbole qui se retrouve dans de nombreuses enluminures et tapisseries médiévales. 

Le début du XIIIe siècle est marqué par la lutte contre les Albigeois ou Cathares, qui affirmaient que le monde matériel était l’œuvre d'un "dieu" du Mal, à l'instar des membres du «Temple solaire», ces Cathares pratiquaient déjà le suicide collectif pour échapper au monde matériel considéré comme mauvais et rejoindre le monde spirituel. 

Représenter l’image du monde en carré sur la pointe au milieu de la Rose mystique, c’est affirmer que la création était bonne, parce qu’elle était l’œuvre de Dieu. ( Opus Dei ).
Source:  http://www.ligue-vaudoise.ch/?nation_id=2598



à lire attentivement, l'exemple suisse, le capital suisse, le capital à la Suisse...

https://drive.google.com/file/d/0B-p0lmjLtiXzYlN4dkctdXRJdEU/view?usp=sharing



                                                                                                                                             ci-dessous...



Embryon humain sauvé et racheté dans la grande rosace de la cathédrale de Lausanne, vers 2h00, vitrail du moyen-âge, inscription dans le vitrail: Oculos humeris.


SI QUA FATA SINANT ( devise de la Cathédrale de Lausanne, dédiée à sauver les embryons, oculos humeris, dans le vitrail de la rose, à 2 heures...).

Oculos humeris, les yeux de l'épaule, Sichem, la douleur la plus forte, pour racheter tous les embryons St innocents massacrés par milliards, sic, par milliards ( avortements, stérilets chaque mois, FIVETE...)
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vendredi 25 septembre 2015

Discours devant le Congrès américain


Cité du Vatican, 25 septembre (VIS). Hier à Washington, le Saint-Père a prononcé un discours devant la Session conjointe du Congrès des Etats-Unis (Sénat et Chambre des représentants). Il est le premier Pape à s'exprimer sous la coupole du Capitole, où il a été accueilli par les plus hautes autorités du pays, dont le Vice Président des Etats-Unis et le Président exécutif du Sénat, mais aussi le Secrétaire d'Etat, les membres du Cabinet présidentiel et de la Cour suprême. Après avoir remercié l'assemblée de son invitation et dit que les Etats-Unis sont "le pays des hommes libres et la maison des hommes courageux", le Pape François a dit être lui aussi, "un fils de ce grand continent, dont nous avons tous tant reçu et vis-à-vis duquel nous avons une responsabilité commune".

"Dans un pays, chacun a une mission, une responsabilité personnelle et sociale. Votre responsabilité en tant que membres du Congrès est de permettre à ce pays de prospérer par le biais de l'activité législative. Visage de ce peuple...vous êtes appelés à défendre et à préserver la dignité de vos concitoyens dans la recherche inlassable et exigeante du bien commun... Une société politique perdure, si elle cherche, comme vocation, à satisfaire les besoins communs en stimulant la croissance de tous ses membres, spécialement ceux qui sont en situation de plus grande vulnérabilité ou de risque. L’activité législative est toujours fondée sur la protection du peuple. C’est à cela que vous avez été invités, appelés et convoqués par ceux qui vous ont élus. Votre travail m’inspire une double réflexion sur la figure de Moïse. D’une part, le patriarche et législateur du peuple d’Israël symbolise le besoin des peuples de maintenir vivant leur sens d’unité au moyen d’une juste législation. D’autre part, la figure de Moïse nous conduit directement à Dieu et ainsi à la dignité transcendante de l’être humain". A la suite de Moïse "vous êtes chargés de protéger, à travers la loi, l’image et la ressemblance de Dieu façonnées en chaque être humain. A travers vous je voudrais m’adresser au peuple des Etats-Unis tout entier. Ici, avec ses représentants, je voudrais saisir cette occasion pour dialoguer avec les milliers d’hommes et de femmes qui s’efforcent chaque jour d’accomplir un honnête travail, pour apporter à la maison le pain quotidien, pour épargner de l’argent et – étape par étape – bâtir une vie meilleure pour leurs familles. Ce sont des hommes et des femmes qui ne sont pas concernés simplement par le paiement de leurs impôts, mais qui, individuellement et de façon discrète, soutiennent la vie de la société. Ils génèrent la solidarité par leurs actions, et ils créent des organisations qui tendent une main secourable à ceux qui sont le plus dans le besoin. Je voudrais aussi engager un dialogue avec les nombreuses personnes âgées qui représentent un patrimoine de sagesse forgée par l’expérience, et qui cherchent de diverses façons, spécialement à travers le travail bénévole, à partager leurs histoires et leurs savoirs. Je sais que beaucoup d’entre elles, bien qu’étant à la retraite, sont encore actives et continuent d'oeuvrer pour le bien du pays. Je voudrais aussi dialoguer avec tous les jeunes qui travaillent pour réaliser leurs grandes et nobles aspirations, et qui ne se laissent pas séduire par la facilité. Ces jeunes affrontent des situations difficiles, résultant souvent de l’immaturité de beaucoup d’adultes. Je voudrais dialoguer avec vous tous, et je voudrais le faire à travers la mémoire historique de votre peuple".

Ma visite coïncide avec les anniversaires de plusieurs illustres Américains: "Malgré les complexités de l’histoire et la réalité de la faiblesse humaine, ces hommes et ces femmes, au-delà de leurs nombreuses différences et limites, parfois au prix de leur vie, ont oeuvré à bâtir un avenir meilleur. Ils ont forgé des valeurs fondamentales qui vont perdurer dans l’esprit du peuple américain. Un peuple doté de cet esprit peut traverser beaucoup de crises, de tensions et de conflits, tout en trouvant toujours des ressources pour avancer, et pour le faire dans la dignité. Ces hommes et ces femmes nous offrent une façon de voir et d’interpréter la réalité. En honorant leur mémoire, nous entendons puiser...aux réserves culturelles les plus profondes. Je veux mentionner Abraham Lincoln, Martin Luther King, Dorothy Day et Thomas Merton. Cette année marque le 150 anniversaire de l’assassinat du Président Abraham Lincoln, le gardien de la liberté, qui a travaillé sans relâche en sorte que cette nation, sous le regard de Dieu, puisse renaître dans la liberté. Bâtir un avenir de liberté implique avoir l’amour du bien commun et la coopération dans un esprit de subsidiarité et de solidarité. Nous sommes tous conscients de l’inquiétante situation sociale et politique du monde aujourd’hui, et nous en sommes préoccupés. Notre monde...est de plus en plus violent et conflictuel, rempli de haine et d’atrocités, perpétrées même au nom de Dieu et de la religion. Nous savons qu’aucune religion n’est exempte de formes d’illusion individuelle ou d’extrémisme idéologique. Cela signifie que nous devons faire tout spécialement attention à tout type de fondamentalisme, qu’il soit religieux ou de n’importe quel autre genre. Un équilibre délicat est nécessaire pour combattre la violence perpétrée au nom d’une religion, d’une idéologie ou d’un système économique, tout en sauvegardant aussi la liberté religieuse, la liberté intellectuelle et les libertés individuelles".

"Mais il y a une autre tentation dont nous devons nous prémunir, le réductionnisme simpliste qui voit seulement le bien ou le mal ou, si vous voulez, les justes et les pécheurs. Le monde contemporain, avec ses blessures ouvertes...exige que nous affrontions toute forme de polarisation qui le diviserait en deux camps. Nous savons qu’en nous efforçant de nous libérer de l’ennemi extérieur, nous pouvons être tentés de nourrir l’ennemi intérieur. Imiter la haine et la violence des tyrans et des meurtriers est la meilleure façon de prendre leur place. C’est quelque chose qu’en tant que peuple vous rejetez. Notre réponse doit au contraire être faite d’espérance et de guérison, de paix et de justice. Nous sommes appelés à unir le courage et l’intelligence pour résoudre les nombreuses crises géopolitiques et économiques actuelles. Même dans le monde développé, les effets de structures et d’actions injustes sont trop visibles. Nos efforts doivent viser à restaurer l’espérance, à corriger ce qui va mal, à maintenir les engagements, et ainsi promouvoir le bien-être des individus et des peuples. Nous devons aller de l’avant ensemble, unis, dans un esprit renouvelé de fraternité et de solidarité, en coopérant généreusement pour le bien commun. Les défis qui nous attendent appellent un renouvellement de cet esprit de coopération, qui a accompli tant de bien tout au long de l’histoire des Etats-Unis. La complexité, la gravité et l’urgence de ces défis exigent que nous mettions en commun nos ressources ainsi que nos talents et que nous essayions de nous soutenir les uns les autres, dans le respect de nos différences et de nos convictions dictées par la conscience".
"Dans ce pays, les diverses dénominations religieuses ont énormément contribué à construire et à renforcer la société. Il est important qu’aujourd’hui, comme par le passé, la voix de la foi continue d’être entendue, car c’est une voix de fraternité et d’amour, qui essaie d’exprimer le meilleur dans chaque personne et dans chaque société. Une telle coopération est une ressource puissante dans le combat pour éliminer les nouvelles formes d’esclavage, nées de graves injustices qui peuvent être vaincues seulement grâce à de nouvelles politiques et de nouvelles formes de consensus social. Je pense à l’histoire politique des Etats-Unis, où la démocratie est profondément enraciné... Toute activité politique doit servir et promouvoir le bien de la personne et être fondée sur le respect de sa dignité... Si la politique doit vraiment être au service de la personne, il en découle qu’elle ne peut être asservie à l’économie et aux finances. La politique est, en effet, une expression de notre impérieux besoin de vivre unis, en vue de bâtir...une communauté qui écarte les intérêts particuliers au bénéfice général... Je ne sous-estime pas la difficulté que cela implique, mais je vous encourage dans cet effort. Je pense à la marche que Martin Luther King conduite...il y a cinquante ans, dans le cadre de la campagne pour la réalisation des pleins droits civils et politiques des afro-américains. Son rêve continue de nous inspirer tous et je suis heureux que l’Amérique continue d’être, pour beaucoup, un pays de rêves. Des rêves qui conduisent à l’action, à la participation, à l’engagement. Des rêves qui réveillent ce qu’il y a de plus profond et de plus vrai dans la vie d’un peuple".

"Au cours des derniers siècles, des millions de gens sont venus dans ce pays pour poursuivre leur rêve de bâtir un avenir de liberté. Nous, le peuple de ce continent, nous n’avons pas peur des étrangers, parce que la plupart d’entre nous était autrefois des étrangers. Je vous le dis en tant que fils d’immigrés, sachant que beaucoup d’entre vous sont aussi des descendants d’immigrés. Tragiquement, les droits de ceux qui étaient ici longtemps avant nous n’ont pas été toujours respectés. À ces peuples et à leurs nations, du cœur de la démocratie américaine, je souhaite réaffirmer ma plus haute estime et mon appréciation. Ces premiers contacts ont été souvent mouvementés et violents, mais il est difficile de juger le passé avec les critères du présent. Cependant, quand l’étranger parmi nous nous sollicite, nous ne devons pas répéter les péchés et les erreurs du passé. Nous devons nous résoudre à présent à vivre de manière aussi noble et aussi juste que possible, alors que nous éduquons les nouvelles générations à ne pas tourner le dos à nos ‘‘voisins’’, ni à rien autour de nous. Bâtir une nation nous demande de reconnaître que nous devons constamment nous mettre en relation avec les autres, en rejetant l’esprit d’hostilité en vue d’adopter un esprit de subsidiarité réciproque, dans un constant effort pour faire de notre mieux. Je suis confiant que nous pouvons le faire. Le monde est confronté à une crise de réfugiés d’une ampleur inconnue depuis la seconde guerre mondiale, qui nous place devant de grands défis et des décisions difficiles". Ici comme en Europe, "des milliers de personnes sont portées à voyager vers le Nord à la recherche d’une vie meilleure pour elles-mêmes et pour leurs proches, à la recherche de plus grandes opportunités. N’est-ce pas ce que nous voulons pour nos propres enfants? Nous ne devons pas reculer devant leur nombre, mais plutôt les voir comme des personnes, en les regardant en face et en écoutant leurs histoires, en essayant de répondre le mieux possible à leur situation, de répondre d’une manière toujours humaine, juste et fraternelle. Il nous faut éviter la tentation fréquente de nos jours, qui est d'écarter tout ce qui s’avère difficile". La règle d’or, Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour les autres aussi, "indique une direction claire. Traitons les autres avec la même passion et compassion avec lesquelles nous voulons être traités. Cherchons pour les autres les mêmes possibilités que nous cherchons pour nous-mêmes. Aidons les autres à prospérer, comme nous... En un mot, si nous voulons la sécurité, donnons la sécurité. Si nous voulons la vie, donnons la vie. Si nous voulons des opportunités, offrons des opportunités. La mesure que nous utilisons pour les autres sera la mesure que le temps utilisera pour nous. Cette règle d’or nous rappelle également notre responsabilité de protéger et de défendre la vie humaine à chaque étape de son développement. C'est cette conviction qui m’a conduit, dès le début de mon ministère, à défendre la cause de l’abolition totale de la peine de mort. Je suis convaincu que ce chemin est le meilleur, puisque chaque vie est sacrée, chaque personne humaine est dotée d’une dignité inaliénable, et la société ne peut que bénéficier de la réhabilitation de ceux qui sont reconnus coupables de crimes. Récemment, mes frères évêques des Etats-Unis ont renouvelé leur appel pour l’abolition de la peine de mort. Non seulement je les soutiens, mais aussi j’apporte mes encouragements à tous ceux qui sont convaincus qu’une juste et nécessaire punition ne doit jamais exclure la dimension de l’espérance et l’objectif de la réhabilitation".

"En ces temps où des préoccupations sociales sont si importantes, je ne peux pas ne pas mentionner la servante de Dieu Dorothy Day, qui a fondé le Mouvement des travailleurs catholiques. Son activisme social, sa passion pour la justice et pour la cause des opprimés étaient inspirés par l’Evangile, par sa foi et par l’exemple des saints. Que de progrès ont été réalisés dans ce domaine dans de nombreuses parties du monde! Que de choses accomplies durant ces premières années du troisième millénaire pour sortir les peuples de l’extrême pauvreté ! Je sais que vous partagez ma conviction que beaucoup reste encore à faire, et qu’en temps de crise et de difficultés économiques, l’esprit de solidarité globale ne doit pas se perdre. En même temps, je voudrais vous encourager à vous souvenir de tous ces peuples autour de nous, enlisés dans le cycle de la pauvreté. Ils ont besoin eux aussi qu’on leur donne l’espérance. La lutte contre la pauvreté et la faim doit être menée constamment et sur plusieurs fronts, spécialement en prenant en considération leurs causes. Je sais qu’aujourd’hui beaucoup d’Américains, comme par le passé, travaillent pour résoudre ce problème. Il va de soi qu’une part de ce grand effort est la création et la distribution de la richesse. La juste utilisation des ressources naturelles, la convenable application de la technologie et l’exploitation de l’esprit d’entreprise sont des éléments essentiels d’une économie qui vise à être moderne, inclusive et durable. L’activité d’entreprise, qui est une vocation noble orientée à produire de la richesse et à améliorer le monde pour tous, peut être une manière très féconde de promouvoir la région où elle installe ses projets, surtout si on comprend que la création d'emplois est incontournable. Le bien commun inclut aussi la terre, un thème central de ma récente encyclique, qui tend à faire dialoguer" sur tout ce qui touche à l'avenir de la terre et de l'humanité. "Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous. Dans Laudato Si’, j’ai invité au courage et à la responsabilité" en vue de redresser la barre "et d'inverser les effets les plus graves de la détérioration environnementale causée par l’activité humaine. Je suis certain que nous pouvons faire la différence et je n’ai aucun doute que les Etats-Unis ont un rôle important à jouer. C’est le moment d’actions et de stratégies courageuses, visant à mettre en œuvre une culture de protection et une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature. La liberté humaine est capable de limiter la technique, de l’orienter". Elle interpelle notre intelligence et nous dit comment cultiver et limiter notre pouvoir, comment mettre la technologie "au service d’un autre type de progrès, plus sain, plus humain, plus social, plus intégral A ce sujet, je suis confiant que les remarquables institutions académiques et de recherches américaines peuvent apporter une contribution vitale dans les années à venir".

"Il y a un siècle, au début de la Grande Guerre, que Benoît XV a qualifiée de massacre inutile, naissait un autre illustre américain le cistercien Thomas Merton. Il demeure la source d’une inspiration spirituelle et un guide pour beaucoup de personnes. Il a dit être né libre par nature, à l’image de Dieu, mais avoir été prisonnier de sa propre violence et de son propre égoïsme, à l’image du monde dans lequel il était né. C'était avant tout un homme de prière, un penseur qui a défié les certitudes de son temps et ouvert de nouveaux horizons pour les âmes et pour l’Eglise. Il était aussi un homme de dialogue, un promoteur de paix entre les peuples et les religions. Dans cette perspective de dialogue, je voudrais reconnaître les efforts réalisés au cours des derniers mois pour aider à surmonter les différences historiques liées à de déplorables épisodes du passé. C’est mon devoir de bâtir des ponts et d’aider tous les hommes et toutes les femmes, de toutes les manières possibles, à faire de même. Lorsque des pays qui avaient été en désaccord reprennent le chemin du dialogue...de nouvelles opportunités s’offrent pour tous. Cela a demandé, et demande, courage et hardiesse, qui ne sont pas synonymes d’irresponsabilité. Un bon dirigeant politique a à l’esprit les intérêts de tous. Il saisit le moment dans un esprit d’ouverture et de pragmatisme. Il choisit toujours d’initier des processus plutôt que d’occuper des espaces. Etre au service du dialogue et de la paix signifie aussi être vraiment déterminé à réduire et, sur le long terme, à mettre fin aux nombreux conflits armés dans le monde. Demandons nous pourquoi des armes meurtrières sont-elles vendues à ceux qui planifient d’infliger des souffrances inqualifiables à des individus et à des sociétés? Malheureusement, la réponse, comme nous le savons, est simple: Pour de l’argent taché dans de sang, souvent du sang innocent. Face à ce honteux et coupable silence, il est de notre devoir d’affronter le problème et de mettre fin au commerce des armes. Trois fils et une fille de ce pays" ont eu "la capacité au dialogue et l’ouverture à Dieu. Ils sont de bons représentants du peuple américain".

"Je terminerai ma visite dans votre pays à Philadelphie, où je prendrai part à la Rencontre mondiale des familles. Je souhaite qu’à travers ma visite la famille puisse être un thème récurrent. Que la famille a été importante pour la construction de ce pays. Et combien elle demeure digne de notre soutien et de notre encouragement. Mais je ne peux cacher ma préoccupation pour la famille, qui est menacée, peut-être comme jamais auparavant, de l’intérieur comme de l’extérieur. Les relations fondamentales sont en train d’être remises en cause, comme l’est la base même du mariage et de la famille. Je peux seulement rappeler l’importance et, par-dessus tout, la richesse et la beauté de la vie familiale. En particulier, je voudrais attirer l’attention sur ces membres les plus vulnérables des familles, les jeunes. Devant beaucoup d’entre eux s’ouvre un avenir plein d’innombrables possibilités, cependant beaucoup d’autres semblent désorientés et sans but, piégés dans les dédales désespérants de la violence, des abus et du désespoir. Leurs problèmes sont nos problèmes. Nous ne pouvons pas les éviter. Il nous faut les affronter ensemble, échanger à ce sujet et chercher des solutions efficaces au lieu de nous enliser dans des discussions. Au risque de simplifier à l’extrême, nous pourrions dire que nous vivons dans une culture qui pousse les jeunes à ne pas fonder une famille, parce qu’il n’y a pas de perspectives d’avenir. Par ailleurs, la même culture offre à d’autres tant d’options qu’ils sont aussi dissuadés de créer une famille. Une nation peut être considérée comme grande quand elle défend la liberté comme Lincoln l’a fait, quand elle promeut une culture qui permet aux personnes de rêver de droits pléniers pour tous leurs frères et sœurs, comme Martin Luther King a cherché à le faire, quand elle consent des efforts pour la justice et la cause des opprimés, comme Dorothée Day l’a fait par son travail inlassable, fruit d’une foi devenue dialogue et semence de paix dans le style contemplatif de Thomas Merton. A travers ces réflexions, j’ai cherché à présenter quelques-unes des richesses de votre héritage culturel, de l’esprit du peuple américain. Je souhaite que cet esprit continue de se développer et de croître, en sorte que le plus de jeunes possible puissent en hériter et le perpétuer dans un pays qui a inspiré le rêve de tant de personnes. Que Dieu bénisse l’Amérique!".


Après cette intervention, souvent entrecoupées d'applaudissements, le Pape a été accompagné jusqu'au balcon, où il a salué la foule rassemblée le long de National Mail. Il a tenu à bénir les personnes présentes et en particulier les familles, demandant de prier pour elles et pour lui, et à qui ne croit pas de souhaiter leur bien. En passant, alors qu'il faisait remettre une Bible précieuse à la Bibliothèque du Congrès, il avait pu voir la statue de saint Junípero Serra. Après la visite au Capitole de Washington, le Saint-Père s'est rendu en l'église St.Patrick.

Visite à des sans abris


Cité du Vatican, 25 septembre (VIS). Le Saint-Père s'est ensuite rendu à 11 h (hier 17 h heure de Rome) à l'église St.Patrick, la première paroisse de la ville, fondée en 1794 par les ouvriers irlandais ayant construit la Maison Blanche. Le centre d'accueil et d'assistance de la paroisse est dédié au Cardinal James Hickey, Archevêque de Washington de 1980 à 2000 qui passa la fin de sa vie dans une maison de retraite pour personnes sans revenus. Le Pape s'est adressé à 200 sans abris:

"Chers amis, la première parole que je vous voudrais vous adresser, c’est merci. Merci de me recevoir et de l’effort que vous avez réalisé afin que cette rencontre puisse avoir lieu. Ici, je me rappelle une personne que j’aime, qui est et qui a été très importante tout au long de ma vie. Elle a été un soutien et une source d’inspiration. C’est à elle que je recours lorsque je suis un peu à l’étroit. Vous me rappelez saint Joseph. Vos visages me parlent de son visage. Dans la vie de Joseph, il y a eu des situations difficiles à affronter. L’une d’elles, ce fut quand Marie était sur le point d’accoucher, d’avoir Jésus. La Bible dit: Pendant qu’ils étaient à Bethléem, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né, elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. La Bible est très claire, il n’y avait pas de logement pour eux. J’imagine Joseph, avec son épouse sur le point d’avoir un enfant, sans toit, sans maison, sans logement. Le Fils de Dieu est entré dans ce monde comme quelqu’un qui n’a pas de maison. Le Fils de Dieu a su ce que c’est que de commencer la vie sans un toit. Imaginons les questions de Joseph à ce moment-là. Comment se fait-il que le Fils de Dieu n’ait pas un toit pour vivre? Pourquoi sommes-nous sans foyer, pourquoi sommes-nous sans toit? Ce sont des questions que beaucoup parmi vous peuvent se poser chaque jour. Comme Joseph, vous vous demandez: pourquoi sommes-nous sans toit, sans foyer? Ce sont des questions qu’il nous ferait du bien de nous poser tous: Pourquoi ces frères sont-ils sans foyer, pourquoi ces frères n’ont-ils pas un toit? Actuelles, lLes questions de Joseph habitent tous ceux qui, au long de l’histoire, ont vécu et sont sans un foyer. Joseph était un homme qui se posait des questions, mais surtout, il était un homme de foi. C’est la foi qui a permis à Joseph de trouver la lumière à ce moment qui paraissait tout obscur, c’est la foi qui l’a soutenu dans les difficultés de sa vie. Par la foi, Joseph a su aller de l’avant quand tout paraissait s’arrêter. Face à des situations injustes, douloureuses, la foi nous apporte cette lumière qui dissipe l’obscurité. Tout comme à Joseph, la foi nous ouvre à la présence silencieuse de Dieu dans toute vie, dans toute personne, dans toute situation. Il est présent en chacun de vous, en chacun de nous. Nous ne trouvons aucun genre de justification sociale, morale, ni de n’importe quelle espèce, pour accepter le manque de logement. Ce sont des situations injustes, mais nous savons que Dieu les souffre avec nous, il les vit à nos côtés. Il ne nous laisse pas seuls. Nous savons que Jésus non seulement a voulu se solidariser avec chaque personne, non seulement il n’a voulu que personne se sente ou soit privé de sa compagnie, de son aide, de son amour, mais encore il s’est identifié à ceux qui souffrent, qui pleurent, qui subissent une quelconque forme d’injustice. Il nous le dit clairement: J’avais faim, et vous m’avez donné à manger. J’avais soif, et vous m’avez donné à boire. J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli. C’est la foi qui nous fait savoir que Dieu est avec vous, Dieu est parmi nous et sa présence nous incite à la charité. Cette charité qui naît de l’appel d’un Dieu qui continue de frapper à notre porte, à la porte de tous, pour nous inviter à l’amour, à la compassion, au don des uns pour les autres. Jésus continue de frapper à nos portes, aux portes de notre vie. Il ne le fait pas de façon magique, il ne le fait pas avec des attirails, avec des affiches lumineuses ou des feux d’artifice. Jésus continue de frapper à notre porte à travers le visage du frère, à travers le visage du voisin, à travers le visage de celui qui se trouve à nos côtés".

"Chers amis, l’une des manières les plus efficaces d’aider à notre portée, nous la trouvons dans la prière. La prière nous unit, nous rend frères et sœurs, elle nous ouvre le cœur et nous rappelle une belle vérité que parfois nous oublions. Dans la prière, nous apprenons tous à dire Père, papa, et à travers elle, nous nous rencontrons comme frères. Dans la prière, il n’y a ni riches ni pauvres, il y a des fils et des frères. Dans la prière, il n’y a pas de personnes de première ou de seconde catégorie, il y a la fraternité. C’est dans la prière que notre cœur trouve la force de ne pas devenir insensible, froid devant les situations d’injustice. Dans la prière, Dieu continue d’appeler à la charité et de la susciter. Que cela nous fait du bien de prier ensemble! Que cela nous fait du bien de nous retrouver dans cet espace où nous nous regardons comme frères et où nous reconnaissons avoir besoin les uns de l’appui des autres! Aujourd’hui, je voudrais m’unir à vous, j’ai besoin de votre soutien, de votre proximité. Je voudrais vous inviter à prier ensemble, les uns pour les autres, les uns avec les autres. Ainsi, nous pourrons garder ce soutien qui nous aide à vivre la joie de savoir que Jésus est toujours au milieu de nous".


Après cette rencontre, le Saint-Père et son entourage ont regagné la nonciature, puis de là l'aéroport d'où ils ont pris l'avion pour New York.

Vêpres en la cathédrale de New York


Cité du Vatican, 25 septembre (VIS). Le Saint-Père et sa suite sont arrivés à New York à 17 h locales d'hier (23 h heure de Rome), accueillis à leur descente d'avion par les autorités civiles et religieuses locales. Un hélicoptère a transporté le Pape jusqu'à Brooklyn. La papamobile a été utilisée enfin de l'héliport à la cathédrale St.Patrick, où le Pape François a présidé les vêpres célébrées avec les prêtres, les religieux et consacrés. Il a introduit son homélie par un salut fraternel aux musulmans qui fêtent l'Aïd al-Kebir, évoquant les nombreux fidèles victimes hier d'une bousculade durant le pèlerinage à La Mecque. Puis, à propos de la "magnifique cathédrale construite grâce aux sacrifices de nombreux hommes et femmes", il a dit qu'elle peut servir de symbole du travail de générations de prêtres, religieux et laïcs ayant bâti l’Eglise aux Etats-Unis: "Rien que dans le domaine de l’éducation, les prêtres et les religieux ont joué un rôle central, en aidant les parents à donner à leurs enfants l’aliment qui les nourrit pour la vie! Beaucoup l’ont fait au prix d’un sacrifice extraordinaire et avec une charité héroïque. Je pense par exemple à sainte Elisabeth Anne Seton, qui a fondé la première école catholique gratuite pour filles, ou à saint John Neumann, le fondateur du premier système de l’éducation catholique aux Etats-Unis".

"Ce soir, chers frères et sœurs, je suis venu me joindre à vous pour prier afin que toutes nos vocations continuent de construire le grand édifice du Royaume dans ce pays. Je sais que...vous avez beaucoup souffert dans un passé récent, en prenant sur vous la honte de certains de vos frères qui ont porté préjudice à l’Eglise et l’ont scandalisée dans les plus vulnérables de ses membres…. Je sais que vous venez d'une grande épreuve...et je vous accompagne en ce moment de peine et de difficulté, remerciant Dieu du service fidèle que vous offrez à son peuple. En espérant vous aider à persévérer sur le chemin de la fidélité à Jésus-Christ, je voudrais vous offrir deux brèves réflexions. La première concerne l’esprit de gratitude. La joie des hommes et des femmes qui aiment Dieu attire d’autres. Les prêtres et les religieux sont appelés à trouver et à rayonner d’une satisfaction durable dans leur vocation. La joie jaillit d’un cœur reconnaissant. En vérité, nous avons beaucoup reçu, tant de grâces, tant de bénédictions, et nous nous en réjouissons. Cela nous fera du bien de penser à nos vies avec la grâce de la mémoire. Mémoire du moment où nous avons reçu le premier appel, mémoire du chemin parcouru, mémoire des grâces reçues... Il faut faire mémoire de l’émerveillement que notre rencontre avec Jésus. Chercher la grâce de la mémoire de manière à grandir dans l’esprit de gratitude. Peut-être avons-nous besoin de nous demander si nous sommes bons pour compter les bénédictions reçues? Un second aspect est l’esprit du travail dévoué. Un cœur reconnaissant est spontanément poussé à servir le Seigneur et à s’exprimer dans une vie dévouée au travail. Une fois que nous avons réalisé tout ce que Dieu nous a donné, une vie de sacrifice de soi, de travail pour lui et pour les autres, devient une façon privilégiée de répondre à son grand amour. Cependant, pour êtres honnêtes, nous savons combien l’esprit du sacrifice de soi généreux peut facilement s’atténuer. Cela peut arriver selon deux manifestations de cette mondanité spirituelle qui affaiblit notre engagement à servir, et qui diminue l’émerveillement de notre première rencontre avec le Christ. Nous pouvons être pris à ce piège en mesurant la valeur de nos labeurs apostoliques à l’aune de l’efficacité, du bon management et du succès visible qui régit le monde des affaires. Non pas que ces choses soient sans importance. Nous avons été chargés d’une grande responsabilité, et le peuple de Dieu attend de nous avec raison que nous en répondions. Mais la vraie valeur de notre apostolat est mesurée par celle qu’il a aux yeux de Dieu. Voir et évaluer les choses dans la perspective de Dieu demandent une constante conversion durant les premiers jours et les premières années de notre vocation et, exigent, je dirais, une grande humilité. La croix nous montre une manière différente de mesurer le succès. Il nous revient de semer: Dieu voit les fruits de nos labeurs. Et si parfois nos efforts et notre travail semblent échouer et ne pas porter fruit, nous devons nous souvenir que nous sommes les disciples de Jésus dont la vie, humainement parlant, s’est achevée dans l’échec, l’échec de la croix. Un autre danger survient lorsque nous sommes jaloux de notre temps libre, quand nous pensons que nous entourer du confort mondain nous aidera à mieux servir. Le problème avec ce raisonnement, c’est qu’il peut émousser l’appel de Dieu à la conversion, à le rencontrer. Lentement mais sûrement, il diminue notre esprit de sacrifice, de renoncement et de travail dévoué. Il éloigne aussi les personnes qui souffrent de pauvreté matérielle et qui sont forcées de faire de plus grands sacrifices que nous. Le repos est nécessaire, comme le sont les moments de divertissement et de ressourcement personnel, mais nous avons besoin d’apprendre à nous reposer d’une manière qui approfondisse notre désir de servir avec générosité. La proximité avec les pauvres, les réfugiés, les migrants, les malades, les personnes exploitées, celles qui sont âgées et seules, les prisonniers et tous les autres pauvres de Dieu, nous enseignera une manière différente de nous reposer, une manière qui est plus chrétienne et plus généreuse".


"La gratitude et le travail dévoué sont les deux piliers de la vie spirituelle que j’ai voulu partager avec vous ce soir. Je vous remercie des prières et du travail, ainsi que des sacrifices quotidiens que vous faites dans les divers domaines de votre apostolat. Nombre de ces sacrifices sont connus de Dieu seul, mais ils portent d’abondants fruits pour la vie de l’Eglise. Je voudrais exprimer mon admiration et ma gratitude aux religieuses des Etats-Unis. Que serait l’Eglise sans vous? Femmes fortes, combatives, armées de cet esprit de courage qui vous place en première ligne dans l’annonce de l’Evangile. A vous, religieuses, sœurs et mères de ce peuple, j'exprime un grand merci... Je vous apprécie beaucoup. Je sais que beaucoup d’entre vous sont sur le front face à la nécessité de s’adapter à un paysage pastoral en évolution. Quelles que soient les difficultés et les épreuves que vous affrontez, je vous demande, à l’instar de saint Pierre, de vous réjouir en elles, de ne pas perdre patience et de répondre comme le Christ l’a fait, en remerciant le Père, prenant sa croix et allant de l'avant". 

Avis


Cité du Vatican, 25 septembre 2015 (VIS). En raison du voyage papal aux Etats-Unis, le bulletin V.I.S. sera diffusé demain 26 et dimanche 27 septembre.

jeudi 24 septembre 2015

Accueil du Pape à la Maison Blanche


Cité du Vatican, 24 septembre (VIS). Deux cent mille personnes attendaient hier le Pape aux abords de la Maison Blanche, où il a été accueilli vers 9 h (15 h heure de Rome) par le Président des Etats-Unis d'Amérique. Puis il a prononcé son premier discours devant les 20.000 invités rassemblés dans les jardins. En voici le texte intégral:
"Je suis profondément reconnaissant pour votre accueil au nom de tous les Américains. Comme fils d’une famille d’immigrés, je suis heureux d’être un hôte en ce pays, qui a été en grande partie bâti par de semblables familles. J’attends avec impatience ces jours de rencontre et de dialogue, où j’espère écouter et partager nombre des espérances et des rêves du peuple américain.Durant ma visite, j’aurai l’honneur de m’adresser au Congrès, où j’espère, en tant que frère de ce pays, offrir des paroles d’encouragement à ceux qui sont appelés à guider l’avenir politique de cette nation dans la fidélité à ses principes fondateurs. Je me rendrai aussi à Philadelphie pour la huitième Rencontre mondiale des familles, afin de célébrer et de soutenir les institutions du mariage et de la famille en ce moment critique dans l’histoire de notre civilisation. Avec leurs concitoyens, les catholiques américains sont engagés dans la construction d’une société qui soit véritablement tolérante et inclusive, dans la sauvegarde des droits des individus et des communautés, et dans le rejet de toute forme d’injuste discrimination. Avec d’innombrables autres personnes de bonne volonté, ils nourrissent également le souci que les efforts pour bâtir une société juste et ordonnée avec sagesse respectent leurs plus profondes préoccupations et leur droit à la liberté religieuse. Cette liberté demeure l’un des plus précieux acquis de l’Amérique. Et, comme mes frères, les évêques des Etats-Unis, nous l’ont rappelé, tous sont appelés à être vigilants, précisément en tant que bons citoyens, pour préserver et défendre cette liberté de tout ce qui la menacerait ou la compromettrait".


"Monsieur le Président, je trouve encourageant que vous promouviez une initiative pour la réduction de la pollution de l’air. En acceptant cette urgence, à moi également il semble clair que le changement climatique est un problème qui ne peut plus être laissé à la future génération. En ce qui concerne la sauvegarde de notre maison commune, nous vivons un moment critique de l’histoire. Il est encore temps d’opérer les changements qui s’imposent en vue d’un développement durable et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer. Un tel changement exige de notre part que, de manière sérieuse et responsable, nous prenions en considération, non seulement le genre de monde que nous pourrions léguer à nos enfants, mais aussi les millions de personnes vivant dans un système qui les a marginalisés. Notre maison commune fait partie de ce groupe d’exclus qui crient vers le ciel et qui aujourd’hui frappent avec force à la porte de nos maisons, de nos villes et de nos sociétés. Pour utiliser une expression imagée du Pasteur Martin Luther King, nous pouvons dire que nous avons manqué d’honorer un billet à ordre et le moment est arrivé de le faire. Nous savons par la foi que le Créateur ne nous abandonne pas, jamais il ne fait marche arrière dans son projet d’amour, il ne se repent pas de nous avoir créés. L’humanité possède encore la capacité de collaborer pour construire notre maison commune. En tant que chrétiens inspirés par cette certitude, nous voulons nous engager, de manière consciencieuse et responsable, pour la sauvegarde de notre maison commune. Les efforts réalisés récemment afin d’amender les relations rompues et afin d’ouvrir de nouvelles portes à la coopération au sein de la famille humaine sont des étapes positives sur le chemin de la réconciliation, de la justice et de la liberté. Je voudrais que tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté de cette grande nation soutiennent les efforts de la communauté internationale pour protéger les personnes vulnérables dans notre monde et pour encourager les modèles de développement intégral et inclusif, en sorte que nos frères et sœurs partout puissent connaître les bénédictions de paix et de prospérité que Dieu veut pour tous ses enfants Monsieur le Président, une fois encore, je vous remercie de votre accueil, et j’attends impatiemment ces jours à passer dans votre pays. Dieu bénisse l’Amérique!".

Le Pape s'adresse aux évêques des Etats-Unis


Cité du Vatican, 24 septembre (VIS). Hier après-midi en la cathédrale de Washington, le Saint-Père a prononcé un important discours programmatique devant les évêques américains. En voici la partie principale:

"Avant tout je rends grâce à Dieu pour le dynamisme évangélique qui a permis la croissance remarquable de l’Eglise dans ce pays, ainsi que la contribution généreuse, qu’elle a offerte et continue d’offrir, à la société des États-Unis et au monde. J’apprécie vivement votre générosité et votre solidarité envers le Siège apostolique tout comme pour l’évangélisation dans beaucoup de parties tourmentées du monde, et je vous en remercie avec émotion. Je me réjouis de l’engagement indéfectible de votre Église pour la cause de la vie et de la famille, motif principal de ma présente visite. Je suis avec attention l’effort considérable d’accueil et d’intégration des émigrés qui continuent de regarder l’Amérique de la même manière que les pèlerins qui y ont abordé à la recherche de ses ressources prometteuses de liberté et de prospérité. J’admire l’effort au prix duquel vous poursuivez la mission éducative dans vos écoles à tous les niveaux et l’œuvre de charité de vos nombreuses institutions. Ce sont des activités souvent conduites sans aucune aide publique... Je suis conscient du courage avec lequel vous avez fait face à des moments délicats...sans craindre les critiques et les humiliations. Vous n'avez pas eu peur des sacrifices nécessaires pour retrouver l’autorité et la confiance demandée aux ministres du Christ... Je sais combien est gravée en vous la blessure des dernières années et je vous ai accompagnés dans votre généreux engagement en faveur des victimes" d'abus sexuels et dans vos efforts "afin que de tels crimes ne se répètent plus jamais".
"Je vous parle comme Evêque de Rome, appelé par Dieu d’une autre terre américaine pour préserver l’unité de l’Eglise universelle et pour encourager dans la charité le parcours de toutes les Eglises particulières... Parmi vous, je ne me sens pas un étranger... Je connais bien le défi de semer l’Evangile dans le cœur d’hommes provenant de mondes différents, et qui souvent se sont endurcis au long de l’âpre chemin parcouru avant d’arriver. Elle ne m’est pas étrangère, l’histoire de l’effort pour implanter l’Eglise entre plaines, montagnes, villes et banlieues d’un territoire souvent inhospitalier, où les frontières sont toujours provisoires, où les réponses évidentes ne durent pas, et où la clé d’entrée demande de savoir conjuguer l’effort héroïque des pionniers explorateurs avec la sagesse prosaïque et la résistance des natifs... Dès l’aube de la nation américaine, quand, au lendemain de la révolution a été créé le premier diocèse à Baltimore, l’Eglise de Rome vous a toujours été proche et son assistance constante, tout comme son encouragement, ne vous a jamais fait défaut. Au cours des dernières décennies, trois de mes prédécesseurs vous ont rendu visite, vous remettant un important patrimoine d’enseignement toujours actuel, que vous avez mis à profit pour orienter vos programmes pastoraux... Je n’entends pas tracer un programme, ni définir une stratégie. Je ne suis pas venu pour vous juger, ni pour donner des leçons. J’ai pleinement confiance dans la voix de celui qui “enseigne tout. Permettez-moi seulement, avec la liberté de l’amour, de parler comme un frère parmi ses frères. Je n’ai pas à cœur de vous dire ce qu’il faut faire, parce que nous savons tous ce que nous demande le Seigneur. Je préfère plutôt revenir sur...les chemins à parcourir, sur les sentiments à nourrir lorsqu’on travaille, sur l’esprit dans lequel agir. Sans prétendre être exhaustif, je partage avec vous quelques réflexions que j’estime opportunes pour notre mission... Notre joie la plus grande est d’être pasteurs, rien d’autre que pasteurs, d’un cœur sans partage et dans un don de soi irréversible. Il faut garder cette joie sans permettre qu’on nous la vole... L’essence de notre identité doit se chercher dans la prière assidue, dans la prédication... Non pas une prière quelconque, mais l’union familière avec le Christ, où l’on croise chaque jour son regard pour entendre la question qui nous est adressée, Qui est ma mère, qui sont mes frères?... Non pas une prédication de doctrines complexes, mais l’annonce joyeuse du Christ, mort et ressuscité pour nous... Que la Parole donne sens et plénitude à toute partie de leurs vies, que les sacrements les nourrissent de cet aliment qu’ils ne peuvent se procurer, que la proximité du pasteur réveille en eux la nostalgie de l’étreinte du Père. Veillez à ce que les fidèles rencontrent toujours dans le cœur du pasteur cette réserve d’éternité qu’avec anxiété l’on cherche en vain dans les choses du monde. Qu’ils trouvent toujours sur vos lèvres l’appréciation pour leur capacité d’agir et de construire, dans la liberté et dans la justice, la prospérité dont est prodigue cette terre. Mais que ne fasse pas défaut le courage serein de confesser qu’il faut travailler non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle. Non pas se paître soi-même...ni rester enfermés dans l’autoréférentialité, mais regarder toujours vers les horizons de Dieu qui dépassent tout ce que nous sommes capables de prévoir ou de planifier. Veiller aussi à fuir la tentation du narcissisme, qui rend aveugle le pasteur, qui rend sa voix méconnaissable et ses gestes stériles".

"Il est certainement utile que l’évêque possède la clairvoyance du leader et l’habileté de l’administrateur, mais le danger reste...d'échanger le pouvoir de la force contre la force de l’impuissance, à travers laquelle Dieu nous a sauvés. L’Evêque doit avoir une perception lucide du combat entre la lumière et les ténèbres qui se livre dans ce monde. Malheur à nous si nous faisions de la croix un étendard de luttes mondaines, en ignorant que la condition de la victoire durable est de se laisser transpercer et vider de soi-même. Elle ne nous est pas étrangère, l’angoisse des premiers onze, enfermés dans leurs murs, agressés et effarés, habités par la peur des brebis dispersées parce que le pasteur a été frappé. Mais nous savons que nous a été donné un esprit de courage et non de timidité. Par conséquent, il n’est pas permis de nous laisser paralyser par la peur. Je sais que les défis auxquels vous êtes confrontés sont nombreux, que le champ dans lequel vous semez est souvent hostile, et que les tentations sont nombreuses de s’enfermer dans les murs de la peur à se lécher les blessures, se rappelant une époque qui ne reviendra pas et planifiant des réponses dures aux résistances qui sont d’ores et déjà âpres. Et cependant, nous sommes des partisans de la culture de la rencontre. Nous sommes des sacrements vivants de l’étreinte entre la richesse divine et notre pauvreté. Nous sommes des témoins de l’abaissement et de la condescendance de Dieu qui, dans l’amour, précède aussi notre première réponse. Le dialogue est notre méthode, non par stratégie habile, mais par fidélité à celui qui ne se fatigue jamais de passer et de repasser sur les places des hommes jusqu’à la onzième heure pour proposer son invitation d’amour. Le chemin, c’est donc le dialogue entre vous, dialogue dans vos presbytères, dialogue avec les laïcs, dialogue avec les familles, dialogue avec la société. Je ne me lasserai pas de vous encourager à dialoguer sans peur. Plus riche est le patrimoine, que vous avez à partager dans la vérité, que plus éloquente soit l’humilité avec laquelle vous l’offrez. N’ayez pas peur d’accomplir l’exode nécessaire à tout dialogue authentique. Autrement, il n’est pas possible de comprendre les raisons de l’autre, ni de comprendre en profondeur que le frère ...compte davantage que toutes les positions que nous jugeons éloignées des nôtres, même si celles-ci sont d’authentiques certitudes. Le langage aigre et belliqueux de la division ne convient pas aux lèvres d’un pasteur, il n’a pas droit de cité dans son cœur et, même s’il semble pour un moment assurer une apparente hégémonie, seul l’attrait durable de la bonté et de l’amour reste vraiment convainquant... Parfois la solitude de nos peines nous pèse, et nous prenons tellement sur nous le joug que nous ne nous souvenons plus de l’avoir reçu du Seigneur. Il semble seulement nôtre, et donc nous nous traînons comme des bœufs fatigués dans le champ aride, menacés par la sensation d’avoir travaillé en vain, oubliant la plénitude du repos indissociablement lié à celui qui nous en a fait la promesse... La grande mission que le Seigneur nous confie, nous l’exerçons en communion, de manière collégiale. Le monde est déjà tellement déchiré et divisé, le morcellement a désormais élu domicile partout. Par conséquent, l’Eglise, la tunique sans couture du Seigneur, ne peut se laisser déchirer, être mise en morceaux, ou devenir objet de querelles. Notre mission épiscopale est en premier de cimenter l’unité, dont le contenu est déterminé par la Parole de Dieu et par l’unique Pain du Ciel, par lesquels chacune des Eglises particulière...reste catholique, ouverte et en communion avec toutes les autres et avec celle de Rome qui préside à la charité. Il est impératif, par conséquent, de veiller à cette unité, de la garder, de la favoriser, d’en témoigner comme signe et instrument qui, au-delà de toute barrière, unit nations, races, classes, générations. Que l’Année Sainte de la Miséricorde toute proche, en nous introduisant dans la profondeur inépuisable du cœur divin, dans lequel il n’y a aucune division, soit pour tous une occasion privilégiée pour renforcer la communion, perfectionner l’unité, réconcilier les différences, se pardonner mutuellement et surmonter toute division... Un tel service à l’unité est particulièrement important pour votre pays, dont les vastes ressources matérielles et spirituelles, culturelles et politiques, historiques et humaines, scientifiques et technologiques imposent des responsabilités morales non négligeables dans un monde assourdi et qui peine à la recherche de nouveaux équilibres de paix, de prospérité et d’intégration. Offrir aux Etats-Unis d’Amérique l’humble et puissant levain de la communion est donc une part essentielle de votre mission. Que l’humanité le sache, le fait qu’elle est habitée par le sacrement d’unité est la garantie qu’elle n’est pas destinée à l’abandon ni à la désagrégation. Un tel témoignage est un phare qui ne peut s’éteindre... Par conséquent je vous encourage à affronter les questions de notre temps, qui constituent des défis. Au fond de chacune d’elles, il y a toujours la vie comme don et responsabilité. L’avenir de la liberté et de la dignité de nos sociétés dépend de la manière dont nous saurons répondre à de tels défis: La victime innocente de l’avortement, les enfants qui meurent de faim ou sous les bombes, les immigrés qui se noient à la recherche d’un lendemain, les personnes âgées ou les malades dont on voudrait se débarrasser, les victimes du terrorisme, des guerres, de la violence et du narcotrafic, l’environnement dévasté par une relation déprédatrice de l’homme avec la nature, en tout cela, est toujours en jeu le don de Dieu dont nous sommes les nobles administrateurs, mais non les maîtres. Il n’est donc pas permis de s’évader ni de se taire... Ces aspects de la mission de l’Eglise...nous ont été transmis par le Seigneur. Nous avons donc le devoir de les garder et de les communiquer, même lorsque l’esprit du temps rend imperméable et hostile à un tel message. Je vous encourage donc à offrir un tel témoignage à la société".

"A cette fin, il est très important que l’Eglise aux Etats-Unis soit aussi un foyer humble qui attire les hommes par la splendeur de la lumière et la chaleur de l’amour. Comme pasteurs, nous connaissons bien l’obscurité et le froid qu’il y a encore dans le monde, la solitude et l’abandon de beaucoup de personnes même là où abondent les moyens de communication et les richesses matérielles, mais aussi la peur de la vie, les désespoirs et les multiples évasions qui y sont liées. Seule une Eglise qui sait se rassembler autour du foyer demeure capable d’attirer. Certes, pas n’importe quel feu, mais celui qui s’est allumé le matin de Pâques. C’est le Seigneur ressuscité qui continue à interpeller les pasteurs de l’Église à travers la voix des pauvres... Avant de conclure ces réflexions, permettez-moi de vous faire encore deux recommandations qui me tiennent à cœur. La première se réfère à votre paternité épiscopale. Soyez des pasteurs proches de vos gens, des pasteurs proches et des serviteurs. Que cette proximité s’exprime de façon particulière envers vos prêtres. Accompagnez-les afin qu’ils continuent à servir le Christ d’un cœur sans partage, puisque seule la plénitude comble les ministres du Christ. Je vous en prie, donc, ne les laissez pas se contenter de demi-mesures. Prenez soin de leurs sources spirituelles afin qu’ils ne tombent pas dans la tentation des notaires et des bureaucrates, mais qu’ils soient l’expression de la maternité de l’Eglise qui engendre et fait grandir ses enfants. Veillez à ce qu’ils ne craignent pas de se lever en pleine nuit pour répondre à celui qui frappe à la porte... Entraînez-les pour qu’ils soient prêts à s’arrêter, à se pencher, à verser du baume, à prendre en charge et à se dévouer en faveur de celui qui, par hasard, s’est trouvé dépouillé de tout ce qu’il croyait posséder. Ma seconde recommandation se réfère aux immigrés. Je présente des excuses si de quelque façon, je défends presque ma propre cause. L’Eglise des Etats-Unis connaît comme peu d’autres les espérances des cœurs des pèlerins. Depuis toujours, vous avez appris leur langue, soutenu leur cause, intégré leurs contributions, défendu leurs droits, promu leur recherche de prospérité, conservé allumée la flamme de leur foi. Encore à présent, aucune institution américaine ne fait davantage pour les immigrés que vos communautés chrétiennes. Maintenant, vous avez cette longue vague d’immigration latine qui investit beaucoup de vos diocèses. Non seulement comme Evêque de Rome, mais aussi comme pasteur venu du Sud de l'Amérique, je sens le besoin de vous remercier et de vous encourager. Il ne sera peut-être pas facile pour vous de lire leur âme, peut-être serez-vous mis au défi par leur diversité. Sachez, toutefois, qu’ils possèdent aussi des ressources à partager. Accueillez-les donc sans peur. Offrez-leur la chaleur de l’amour du Christ et déchiffrez le mystère de leur cœur. Je suis certain que, encore une fois, ces gens enrichiront l’Amérique et son Église. Que Dieu vous bénisse et que la Vierge Marie vous garde!". 

Canonisation de Junípero Serra, évangélisateur de la Californie


Cité du Vatican, 24 septembre (VIS). Le Pape François s'est rendu hier soir au sanctuaire national de l'Immaculée pour célébrer la messe de canonisation de Junípero Serra (1713 - 1784), le franciscain espagnol, missionnaire au Mexique puis en Basse Californie à partir de 1760. Il fonda une vingtaine de missions, dont certaines furent à l'origine de villes, San Francisco, San Diego et Los Angeles. Fray Junípero a été béatifié par Jean-Paul II en 1988. Voici l'homélie du Saint-Père:

A la suite de Paul, nous comprenons que "quelque chose en nous, nous invite à la joie et à ne pas nous satisfaire de placébos qui simplement veulent nous apaiser. Ceci dit, nous vivons les tensions de la vie quotidienne, des situations qui semblent remettre en cause cette invitation... Nous risquons parfois de nous laisser aller à une résignation qui peut se transformer en accoutumance. Sa fatale conséquence est l’anesthésie du cœur... Jésus nous dit ce qu'il a dit aux disciples: Allez, annoncez! La joie de l’Evangile, on l’expérimente, on la connaît et on la vit uniquement en la donnant, en se donnant. L’esprit du monde nous invite au conformisme, au confort. Face à cela, il faut reprendre conscience que nous avons besoin les uns des autres, que nous avons une responsabilité vis-à-vis des autres et du monde. La responsabilité d’annoncer le message de Jésus. En effet, la source de notre joie naît de ce désir inépuisable d’offrir la miséricorde, fruit de l’expérience de l’infinie miséricorde du Père et de sa force communicative. Allez annoncer à tous en oignant et oindre en annonçant. C’est à cela que le Seigneur nous invite aujourd’hui, nous disant: La joie, le chrétien l’expérimente dans la mission. Il la trouve dans l'invitation d'aller et annoncer. La joie, le chrétien la renouvelle, l’actualise à travers l'appel de Jésus à évangéliser à toutes les nations... Jésus ne nous donne pas une liste sélective de ceux qui sont dignes ou pas de recevoir son message, sa présence. Au contraire, il a toujours embrassé la vie comme elle se présentait à lui. Avec un visage de douleur, de faim, de maladie, de péché. Avec un visage de blessures, de soif, de fatigue, de doutes et de pitié. Loin d’attendre une vie maquillée, décorée, parée, il l’a embrassée comme elle venait à sa rencontre. Même si c’était une vie qui souvent apparaissait défaite, souillée, détruite. A tous, Jésus a dit, allez et annoncez, allez et embrassez, en mon nom... La mission ne naît jamais d’un projet parfaitement élaboré ou d’un manuel très structuré et planifié. Elle naît toujours d’une vie qui s’est sentie recherchée et guérie, rencontrée et pardonnée. La mission naît de l’expérience toujours renouvelée de l’onction miséricordieuse de Dieu".

"Peuple saint de Dieu, l'Eglise sait parcourir les chemins poussiéreux de l’histoire parsemés de conflits, d’injustices et de violence, pour aller à la rencontre de ses fils et frères. Le saint peuple fidèle ne craint pas l’erreur mais l’enfermement, la cristallisation en élites, le fait de s’accrocher à des sécurités personnelles. Il sait que l’enfermement sous ses multiples formes est la cause de tant de résignations. Par conséquent, sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ. Le peuple de Dieu sait s’engager parce qu’il est disciple de Celui qui s’est agenouillé devant les siens pour leur laver les pieds.Aujourd’hui, nous sommes ici parce que beaucoup ont eu le courage de répondre à cet appel, parce que beaucoup ont cru que la vie grandit en se donnant et s’affaiblit dans l’isolement et le confort. Nous sommes des fils de l’audace missionnaire de nombreuses personnes qui ont préféré ne pas se renfermer dans les structures qui donnent une fausse protection dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée. Nous sommes des débiteurs d’une tradition, d’une chaîne de témoins qui ont permis que la Bonne Nouvelle de l’Evangile continue d’être, de génération en génération, Nouvelle et Bonne".

"Et aujourd’hui, nous nous souvenons de l’un de ces missionnaires, qui a su témoigner sur ces terres de la joie de l’Evangile, Frère Junípero Serra. Il a su vivre ce qu’est l’Eglise en sortie, cette Eglise qui sait sortir et aller par les chemins, pour partager la tendresse réconciliatrice de Dieu. Il a su quitter sa terre, ses coutumes, il a eu le courage d’ouvrir des chemins, il a su aller à la rencontre de tant de personnes en apprenant à respecter leurs coutumes et leurs particularités. Il a appris à porter la vie de Dieu et à l’accompagner dans les visages de ceux qu’il rencontrait en faisant d’eux ses frères. Junípero a cherché à défendre la dignité de la communauté autochtone, en la protégeant de ceux qui avaient abusé d’elle. Des abus qui continuent aujourd’hui de susciter en nous un dégoût, notamment en raison de la douleur qu’ils causent dans la vie de nombreuses personnes. Il s’est donné une devise qui a guidé ses pas et modelé sa vie: Toujours de l’avant! Ce fut sa manière de vivre la joie de l’Evangile, pour que son cœur ne s’anesthésie pas. Il est allé toujours de l’avant, parce que le Seigneur attend, parce que le frère attend . Toujours de l’avant à cause de tout ce qu’il lui restait à vivre... Comme lui hier, aujourd’hui nous pouvons dire: Toujours de l’avant!".


Autres actes pontificaux


Cité du Vatican, 24 septembre (VIS). Le Saint-Père a:

Accepté la renonciation de Mgr.Calogero La Piana, SDB, à la charge pastorale du diocèse métropolitain de Messina - Lipari - Santa Lucia del Mela (Italie), présentée en conformité au canon 401,2 du CIC.

Accepté la renonciation de Mgr.Giacomo Lanzetti, à la charge pastorale du diocèse d'Alba (Italie), présentée en conformité au canon 401,2 du CIC.

Accepté la renonciation pour limite d'âge de Mgr.Ricardo Oscar Faifer, à la charge pastorale du diocèse de Goya (Argentine). Lui succède son Coadjuteur, Mgr.Adolfo Ramón Canecin.

Nommé Mgr.Luis Gerardo Cabrera Herrera, OFM, Archevêque de Guayaquil (superficie 14.637, population 3.324.319, catholiques 2.825.672, prêtres 338, diacres 18, religieux 502), en Equateur. Jusqu'ici Archevêque de Cuenca (Equateur), il succède à Mgr.Antonio Arregui Yarza, dont la renonciation a été acceptée pour limite d'âge.


mercredi 23 septembre 2015

Dernière messe en terre cubaine au sanctuaire del Cobre


Cité du Vatican, 23 septembre (VIS). L'avant-dernier rendez-vous du Saint-Père à Cuba, a été la célébration hier d'une messe au sanctuaire mariale del Cobre. A l'homélie, centrée sur la lecture évangélique, il a évoqué "la présence de Dieu dans notre vie, une présence qui...nous pousse à nous mettre en mouvement. Quand Dieu nous visite, il nous fait toujours sortir de chez nous. Visités pour visiter, rencontrés pour rencontrer, aimés pour aimer". Et d'évoquer la Visitation: "Là, nous voyons Marie, la première disciple, une jeune fille...visitée par le Seigneur qui lui annonça qu’elle serait la mère du Sauveur. Loin de s’enorgueillir et de penser qu'on" viendrait la servir, "elle sort de chez elle et va servir. Elle va aider sa cousine Elisabeth. La joie qui jaillit de savoir que Dieu est avec nous, avec notre peuple, réveille le cœur, nous met en mouvement, nous fait aller dehors, nous conduit à partager la joie reçue comme service, comme don dans toutes ces situations embarrassantes que nos voisins ou parents peuvent être en train de vivre. L’Evangile nous dit que Marie est partie avec empressement, d’un pas lent mais constant, des pas qui savent où ils vont, des pas qui ne courent pas pour arriver rapidement, ou bien vont trop lentement comme pour ne jamais arriver. Ni agitée ni endormie, Marie va avec empressement, afin d’accompagner sa cousine enceinte dans sa vieillesse. Marie, la première disciple, visitée, est sortie pour visiter. Et depuis ce premier jour, cela a toujours été sa caractéristique particulière. Elle a été la femme qui a visité tant d’hommes et de femmes, d’enfants et de personnes âgées, de jeunes. Elle a su visiter et accompagner la gestation dramatique de beaucoup de nos peuples. Elle a protégé la lutte de tous les peuples qui ont souffert pour défendre les droits de leurs fils. Et aujourd’hui encore, elle continue de nous apporter la Parole de Vie qu'est son Fils notre Seigneur".


"Ce pays a été aussi visité par sa maternelle présence. La patrie cubaine est née et a grandi dans la chaleur de la dévotion à la Vierge de la Charité. Elle a donné une forme propre et spéciale à l’âme cubaine, écrivaient les évêques de ce pays, en suscitant les meilleurs idéaux d’amour de Dieu, de la famille et de la Patrie dans le cœur des cubains. Vos compatriotes l’ont également exprimé, il y a cent ans, lorsqu’ils demandaient à Benoît XV de déclarer la Vierge de la Charité Patronne de Cuba... Dans ce sanctuaire, qui garde la mémoire du saint peuple fidèle de Dieu en marche à Cuba, Marie est vénérée comme Mère de la Charité. D’ici, elle protège nos racines, notre identité pour que nous ne nous perdions pas sur les chemins du désespoir. L’âme du peuple cubain, comme nous venons d’entendre, a été forgée dans les douleurs et les privations qui n’ont pas réussi à éteindre la foi, cette foi qui s’est maintenue vivante grâce à tant de grand-mères qui ont continué à rendre possible, au quotidien dans leur foyer, la présence vivante de Dieu, la présence du Père qui libère, fortifie, guérit, donne du courage, et qui est un refuge sûr comme signe de nouvelle résurrection. Des grand-mères, des mères, et tant d’autres qui, avec tendresse et affection, ont été des signes de visitation, de courage, de foi pour leurs petits-fils, dans leurs familles. Elles ont maintenu ouverte une fente petite comme un grain de sénevé à travers laquelle l’Esprit continuait d’accompagner les palpitations de la vie de ce peuple. Et chaque fois que nous regardons Marie nous voulons croire en la force révolutionnaire de la tendresse et de l’affection. Génération après génération, jour après jour, nous sommes invités à renouveler notre foi. Nous sommes invités à vivre la révolution de la tendresse, comme Marie, Mère de la Charité. Nous sommes invités à sortir de nous mêmes, à avoir les yeux ouverts sur les autres. Notre révolution passe par la tendresse, par la joie qui se fait toujours proximité, qui se fait toujours compassion et nous conduit à nous impliquer, pour servir, dans la vie des autres. Notre foi nous fait sortir de chez nous pour aller à la rencontre des autres afin de partager joies et allégresses, espérances et frustrations. Notre foi nous fait sortir de la maison pour visiter le malade, le détenu, celui qui pleure et celui qui sait aussi rire avec celui qui rit, se réjouir des joies des voisins. Comme Marie, nous voulons être une Eglise qui sert, qui sort de chez elle, qui sort de ses temples, de ses sacristies, pour accompagner la vie, soutenir l’espérance, être signe d’unité. Comme Marie, Mère de la Charité, nous voulons être une Eglise qui sorte de la maison pour établir des ponts, abattre les murs, semer la réconciliation. Comme Marie, nous voulons être une Eglise qui sache accompagner toutes les situations embarrassantes de nos semblables, engagés dans la vie, la culture, la société, pas en nous retirant mais en cheminant avec nos frères. Voilà notre cuivre le plus précieux, voilà notre plus grande richesse et le meilleur héritage que nous puissions laisser: Comme Marie, apprendre à sortir de chez nous pour prendre les sentiers de la visitation. Et apprendre à prier avec Marie parce que sa prière se souvient, est reconnaissante. C’est le cantique du peuple de Dieu qui chemine dans l’histoire. C’est la mémoire vivante que Dieu est au milieu de nous. C’est la mémoire perpétuelle du fait que Dieu a regardé l’humilité de son peuple, qu’il est venu en aide à son serviteur comme il l’avait promis à nos pères et à leur descendance".

Rencontre avec les familles à Santiago de Cuba


Cité du Vatican, 23 septembre (VIS). Le Saint-Père a quitté le sanctuaire del Cobre pour regagner Santiago où, dans laquelle il a rencontré une délégation de familles cubaines. Voici les passages majeurs de son discours: "Nous sommes en famille et grâce à vous les familles cubaines, je me sens chaque jour en famille... Cette rencontre avec vous est comme la cerise sur le gâteau de mon séjour". Après avoir remercié un couple ayant "eu le courage de partager avec nous leurs aspirations et leurs efforts pour faire de leur foyer une Eglise domestique", le Pape est revenu sur les noces de Cana, une épisode de la vie de Jésus qui correspond à la fête d’une famille: "Le mariage est un des moments majeurs dans la vie de beaucoup de personnes... Jésus commence donc sa vie publique à la faveur d’un mariage. Il s’insère dans cette histoire de semences et de récoltes, de rêves et de recherches, d’efforts et d’engagements, de travaux ardus qui ont labouré la terre pour que celle-ci donne son fruit. Jésus commence sa vie dans une famille, dans un foyer. Et il est au cœur de nos foyers où constamment il continue de s’insérer, d’être partie prenante... Pour lui, manger avec des gens divers et visiter des maisons a été un mode privilégié pour faire connaître le projet de Dieu... Il n’était pas sélectif, et peu lui importe si ses hôtes sont publicains ou pécheurs, comme Zachée. Non seulement il agissait ainsi, mais en envoyant ses disciples annoncer la bonne nouvelle du Royaume, il leur disait de rester dans la maison qui les accueillait, de manger et boire tout ce qu’on leur servait. Mariages, visite dans des familles, dîners, ces moments avaient certainement quelque chose de spécial dans la vie des personnes pour que Jésus les choisisse... Beaucoup de familles n'ont que le dîner pour se retrouver..., le soir, après le travail, et lorsque les enfants ont terminé leurs devoirs. C’était un moment spécial de la vie familiale". A la maison "nous sommes ce que nous sommes et, d’une manière ou d’une autre, nous sommes invités à chercher le meilleur pour les autres. C’est pourquoi la communauté chrétienne définit la famille une Eglise domestique. Dans la chaleur du foyer, la foi imprègne chaque coin, illumine chaque espace, construit la communauté. Car en ces moments, c’est comme si les personnes apprenaient à découvrir l’amour concret et agissant de Dieu. Dans beaucoup de cultures, aujourd’hui, ces espaces disparaissent progressivement... Or sans famille, sans la chaleur du foyer, la vie devient vide. Les réseaux, qui nous soutiennent dans l’adversité, nous alimentent dans la vie quotidienne et motivent la lutte pour la prospérité, commencent à manquer. La famille nous sauve de...la fragmentation comme de la massification. Dans les deux cas, les personnes deviennent des individus isolés, faciles à manipuler et à gouverner. Des sociétés divisées, cassées, séparées ou très affectées par le phénomène de masse sont une conséquence de la rupture des liens familiaux, lorsque se perdent les relations qui nous constituent comme personnes, qui nous enseignent à être des personnes. La famille est école d’humanité, qui enseigne à avoir à cœur les besoins des autres, à être attentif à la vie des autres. Malgré tant de difficultés...les familles ne sont pas un problème, elles sont d’abord une chance, une opportunité que nous devons préserver, protéger, accompagner".


"L’on discute beaucoup sur l’avenir, sur le monde que nous voulons léguer aux nouvelles générations et sur la société que nous voulons pour nos enfants... Laissons un monde avec des familles. Certes, il n’existe pas de famille parfaite, il n’existe pas d’époux parfaits, de parents parfaits ni d’enfants parfaits, mais cela n’empêche pas que c'est la réponse pour demain. Dieu nous incite à l’amour et l’amour engage toujours la personne qui aime. Par conséquent, prenons soin de nos familles, véritables écoles de demain. Prenons soin de nos familles, véritables espaces de liberté. Prenons soin de nos familles, véritables centres d’humanité. Je ne saurais terminer sans faire mention de l’Eucharistie. Vous avez dû vous rendre compte que Jésus veut utiliser comme lieu de son mémorial, un repas. Il choisit comme espace de sa présence parmi nous un moment concret de la vie familiale. Un moment vécu et que tous peuvent comprendre, le dîner. L’Eucharistie est le repas de la famille de Jésus, qui par toute la terre se réunit pour écouter sa Parole et se nourrir de son Corps. Jésus est le Pain de Vie de nos familles... Dans quelques jours, je participerai avec les familles du monde entier à la Rencontre Mondiale des Familles et, dans moins d’un mois, au Synode des Evêques, qui a comme thème la Famille. Je vous invite à prier spécialement à ces deux intentions, pour que nous sachions tous nous aider à prendre soin de la famille, pour que nous sachions continuer à découvrir l’Emmanuel, le Dieu qui vit au milieu de son Peuple en faisant des familles son foyer". Remerciant les cubains de leur accueil chaleureux, le Saint-Père a enfin insisté sur la place et l'importance des grands parents au sein des familles.

Le Pape répond aux journalistes qui l'accompagnent


Cité du Vatican, 23 septembre (VIS). Durant le vol entre Santiago de Cuba et Washington, le Saint-Père a comme de coutume conversé avec les journalistes qui l'accompagnent. Voici les réponses à certaines d'entre-elles:

Quel sera votre position devant le Congrès à propos du blocus?

"Cette question fait partie de la négociation et les deux chefs d'Etat en ont parlé. Je suis l'amélioration des bonnes relations entre les deux pays en espérant que la négociation parvienne à un accord satisfaisant pour les deux parties. Mes prédécesseurs se sont plusieurs fois exprimés sur la question embargo, et pas uniquement dans le cas cubain. Je m'en remets à la doctrine sociale de l'Eglise, qui est précise et juste. Devant le Congrès des Etats-Unis j'en référerai au principe du respect qui doit s'appliquer à tous les accords bilatéraux ou multilatéraux, et pas spécifiquement à cette matière. Le respect est un élément de progrès dans la coexistence des peuples. Je suis presque certain que je n'évoquerai pas la question du blocus".

-Une cinquantaine de dissidents, qui demandaient à vous rencontrer, auraient été arrêtés devant la nonciature. Deviez-vous les rencontrer ?

"Ne ne suis pas au courant de ceci... Certes, j'aimerais pouvoir rencontrer tout le monde, car chaque personne est enfant de Dieu et chaque contact est enrichissant. Concrètement, je puis dire qu'aucune rencontre n'était prévue avec des dissidents...ou d'autres groupes privés. La nonciature avait répondu à des appels téléphoniques en disant que si quelques personnes voulaient me saluer en privé, elles pouvaient se rendre à la cathédrale lors de la rencontre avec le clergé. Mais aucun de ceux que j'y ai salué ne s'est présenté comme dissident".

-A propos de votre rencontre avec Fidel Castro, auriez-vous senti qu'il se repentait d'avoir fait souffrir l'Eglise de Cuba?

"Ce sentiment est intime et il relève de la conscience. Avec Fidel Castro nous avons parlé de jésuites que nous avons connus. Je lui ai offert le livre d'un jésuite de ses amis...et nous avons également parlé de l'encyclique car il s'intéresse beaucoup à l'écologie. Ce n'est pas un sujet du passé, et la situation de la planète le préoccupe".

-Certains parlent de vous comme d'un pape communiste parce que vous dénoncez les injustices causées par le système économique. Aux Etats-Unis certains se demandent si vous êtes catholique!

"Je ne dis rien qui ne soit dans la doctrine sociale de l'Eglise. Une fois précédente, un de vos collègues m'a demandé à propos de mon discours aux mouvements populaires si l'Eglise me suivait. Je lui ai répondu que c'est moi qui suit l'Eglise... On peut me suspecter parfois d'être un peu de gauche, mais c'est erroné parce que ma doctrine est de critiquer les effets de l'impérialisme économique. La Laudato Si' appartient à la doctrine sociale de l'Eglise. Si vous voulez que je vous récite le Credo, je suis prêt à le faire!".

-Lors de votre voyage en Amérique latine vous avez durement critiqué le libéralisme capitaliste. Et à Cuba le système communiste!

"La encore, je m'en suis tenu à la doctrine sociale de l'Eglise. Ce qu'il fait corriger, il faut le dire haut et clair. Sur la capitalisme sauvage, tout était dit précisément dans la Evangelii Gaudium... A Cuba je suis venu dialoguer avec les catholiques, les chrétiens et avec tant d'autres personnes de bonne volonté... J'ai développé un discours d'espérance pour encourager le dialogue et gommer ce qui nous divise. Ce langage pastoral complète le caractère technique de l'encyclique".

-L'Eglise va-t-elle jouer un rôle dans l'ouverture de Cuba aux libertés, après celui joué par le Saint-Siège dans le rétablissement des relations entre La Havane et Washington?

"L'Eglise cubaine a réalisé une liste des détenus à libérer...et 3.500 ont été libérés, tandis que d'autres cas sont restés à l'étude et la Conférence épiscopale continue de travailler sur le dossier... Certains affirment qu'il faudrait abolir la perpétuité, que j'ai définie comme une condamnation à mort voilée. Je l'ai dit dans un discours adressé à des juristes... Faudrait-il accorder une amnistie chaque année ou chaque deux? A cette perspective, l'Eglise réfléchit... Je ne sait pas sir les 3.500 prisonniers dont on parle relèvent de la liste élaborée par l'Eglise, ni pour combien de personnes elle a fait une démarche formelle".

-Trois visites papales en moins de vingt ans signifient-elles que Cuba serait particulièrement malade?


"Non... Jean-Paul a effectué une visite historique, comme il a visité d'autres pays qui avaient été très durs avec l'Eglise... Benoît XVI a suivi cette voie...et moi je suis allé à Cuba par un certain concours de circonstance. Je serais allé aux Etats-Unis à l'occasion d'un voyage envisagé au Mexique, à Mexico pour aller vénérer la Guadalupe et à Ciudad Juárez, sur la frontière américaine.... Lorsque le 17 décembre dernier il a été question dans la presse des tractations menées depuis près d'un ans entre Cuba et les Etats-Unis, j'ai pensé qu'il serait bon de proposer d'aller aux Etats-Unis comme prévu en passant par Cuba".  

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