Si on fait le jeu du banquier, on paie 117 ( sic, cent dix sept ) fois le principal à 10 % sur 50 ans. Les cartes de crédits en Suisse sont à 15 % !
Nicholas Georgescu-Roegen était un économiste mathématicien. Il a remarqué que les économistes se basent sur un modèle économique fondé sur le paradigme de la mécanique newtonienne et ne prennent pas en compte le principe de la dégradation de l'énergie et de la matière. Il a créé un modèle économique qui tient compte de la thermodynamique en introduisant le second principe de la thermodynamique: l'entropie.
L'entropie est ce qui fait qu'un glaçon qui fond dans un verre ne pourra jamais redevenir un glaçon. L'entropie dégrade l'énergie et la matière.
Nicholas Georgescu-Roegen a montré que le moteur de l'économie est en fait très concrètement un moteur thermique. (si l'on prend en considération que l'industrie fonctionne grâce à la combustion du charbon, puis du gaz, du pétrole, de la fission nucléaire, etc..)
Donc l'économie est une énorme machine thermique qui évidemment dépend des lois de la physique thermique. Il dresse un constat alarmant: il faut intégrer l'environnement dans le calcul du fonctionnement de l'économie. Sinon on court à la catastrophe ! Il ne faut pas gaspiller nos ressources, l'entropie va s'en charger assez rapidement.
Le concept de décroissance est donc, à la base, un concept économique.
C'est un concept qui veut éviter le gaspillage des ressources naturelles. Un concept qui critique l'idée d'une croissance économique infinie.
Un slogan que l'on retrouve souvent du côté des partisans de la décroissance:
La croissance n'est pas la solution, c'est le problème !
Une explication du mot décroissance nous dit que dans le mot débourser le préfixe dé signifie "sortir de" sa bourse. Ainsi, selon cette approche, le mot décroissance, signifie: sortir de la croissance.
D'accord, la décroissance veut en finir dur système économique qui érige la croissance en dogme. Mais pour bien comprendre ce que l'on entend par décroissance, il faut déjà comprendre ce que l'on entend par croissance.
Qu'est ce que la croissance ?
La croissance en biologie
La croissance, c'est tout d'abord un terme issue du la croissance en taille des être vivant. Si l'on fouille un peu l'étymologie du mot croissance, on trouve que ce mot vient du latin crescere(« naître, venir à la vie ») qui lui-même est dérivé de Ceres (Cérès, déesse de l'agriculture). (Le nom de Cérès est aussi à l'origine du mot céréales)
Tous les êtres vivants croissent, grandissent en taille, augmentent leur consommation de ressource. Cette croissance peut avoir de nombreuses phases.
Pour un humain, on dit communément que nous grandissons les 20 premières années, puis nous vieillissons pour les pessimistes ou nous murissons pour les optimistes.
La croissance d'une colonie de bactérie est souvent caractérisée par une phase de latence, une phase d'accélération, une phase exponentielle, une phase de décélération, une phase stationnaire, une phase de déclin. Tout ce cycle est fortement corrélé avec les ressources à disposition et à la vitesse à laquelle les ressources sont transformées en déchets.
Avec ces exemples, on observe que le terme de croissance peut représenter plusieurs phases, plusieurs sorte de croissance.
Observons du coté mathématique quelles sont ces différentes sortes de croissance.
La croissance en mathématiques
En mathématiques, et surtout en analyse, on étudie des fonctions. On entre une valeur x dans une fonction et on en ressort une valeur y. Une fonction peut être représentée de manière graphique. Ce qui est en général plus parlant.
Nous allons nous intéresser ici aux fonctions avec une croissance positive. C'est à dire des fonctions dont la pente (que l'on peut observer sur un graphe) a une évolution toujours positive.
Il existe plusieurs sortes de fonctions croissantes dont la pente varie plus ou moins vite, qui croissent plus ou moins vite. Si l'on fait un tour des principaux types de fonctions croissantes. On trouve:
- Les fonctions à croissance linéaire. Ex: y=x
- Les fonctions à croissance polynomiale. Ex: y=x2
- Les fonctions à croissance exponentielle. Ex: y= exp(x)
Comme une image est beaucoup plus parlante, voici la représentation des ces types de fonctions en images.
La fonction en vert est une fonction linéaire. y=x. C'est la base de la fonction proportionnelle.
C'est la fonction à laquelle notre cerveau humain est le plus habitué.
De cette fonction on peut faire de nombreuse variantes proportionnelle.s Ici nous avons tout ce qui sort est égale à ce qui entre. On peut créer tout ce qui sort vaut 2 fois ce qui entre. Ou même tout ce qui sort vaut 1000 fois ce qui entre. C'est toujours le même type de fonction. Seule la pente va varier.
En bleu, nous avons la fonction y=x2, une fonction polynomiale. Une fonction qui est composée de puissance. Ici nous avons la puissance 2, la fonction "au carré". Tout ce qui sort est ce qui entre multiplié par lui même.
Ce type de fonction est déjà moins intuitif pour notre cerveau humain. C'est ce genre de fonction qui régit les mouvements accéléré et les énergies potentielles mécanique. En d'autre termes quand une voiture a un accident, quand elle frappe un mur ça fait mal. Contrairement à une intuition courante de notre cerveau, ça ne fait pas mal proportionnellement à la vitesse, mais proportionnellement à la vitesse multipliée par elle même !!
Donc ça fait encore plus mal !
En rouge nous avons la fonction exponentielle. En mathématique on dit qu'une fonction exponentielle est une fonction qui est capable de transformer une somme en un produit. Pas très intuitif! C'est une fonction qui est difficile à comprendre pour le cerveau humain. C'est une fonction qu'il est plus facile de comprendre par des exemples de phénomènes à croissance exponentielle.
Quand on parle de croissance exponentielle, on prend souvent l'exemple de la croissance d'une population.
De plus, exprime souvent la croissance exponentielle sous forme d'un pourcentage : une croissance de 10 % par an signifie que la population est multipliée par 1,1 chaque année. (1/100 = 0.1) Cette valeur en pourcent est un taux de croissance.
De manière générale, on occulte souvent la fonction exponentielle en ne parlant que de taux de croissance. C'est beaucoup plus facile. Car, en ne parlant que du taux de croissance on retombe sur une fonction linéaire. Ce que notre cerveau aime bien !
Mais attention, une fonction exponentielle qui a un taux de croissance constant est toujours en pleine croissance !
En observant les deux graphes ci-dessus, on remarque, que proche de l'origine, les trois types de fonctions n'ont pas beaucoup de différences. Puis sur le second graphe, on voit mieux que la croissance d'une fonction exponentielle est très différente de celle d'une fonction linéaire.
L'exponentielle a une pente tellement raide qu'il est difficile de la représenter sur un graphe. Mais on peut tenter de concrétiser un peu plus la taille qu'aurait le graphe pour représenter une exponentielle.
On va se dire que l'unité utilisée sur ces graphes est le centimètre. Ainsi, pour un déplacement de 10cm sur l'axe des x, avec ma fonction linéaire y=x j'obtiens un déplacement vertical de 10cm.
Avec la fonction exponentielle, un déplacement de 10cm sur l'axe des x correspond à un déplacement de 22026 cm, soit 220m !!
Si je pousse ne serait ce que de 1cm sur l'axe des x pour arriver à 11cm, j'arriverai à une hauteur de 598,74 m ! et si je vais à 12cm, j'arriverai à 1,627 km
Vu que j'ai encore de la place sur mon axe des x, je pousse un plus loin pour aller me poser précisément à 24,36cm. Quelle est la distance que j'obtiens sur mon axe des y ? .... et bien j'ai choisi cet endroit précis, car on arrive sur la distance qu'il y a entre la terre et la lune ! Soit environ 380 000 km !
Donc il faut se méfier des phénomènes à croissance exponentielle, ils sortent souvent du cadre de l'entendement de notre cerveau humain. Surtout si en plus on masque la croissance exponentielle en parlant de taux de croissance en pour-cent.
Si l'on reprend l'exemple cité ci-dessus, de la population qui augmente de 10% par an. Pour une population de 1000 personnes:
- au bout d'un an, la population vaut 1100 personnes. (1.1 x 1000)
- au bout de 2 ans, la population vaut 1210 personnes. (1.1 x 1100 ou 1000 x 1.1 x 1.1 ou 1000 x 1.12)
- au bout de 7 ans, la population vaut 1948,717 personnes, soit presque le double. (1000 x 1.17 )
- au bout de 20 ans, la population vaut 6727 soit (1000 x 1.120 )
- au bout d'un siècle, la population de ce petit village de 1000 habitants verra sa population arriver à 13,78 millions d'habitants !
Un des exemples courant de fonction exponentielle que l'on utilise, ce sont les crédits bancaires. Il faut se rendre compte qu'une somme investie peut doubler rapidement !
Avec un intérêt à 3%, il faut 24 ans à une somme pour se dédoubler ! Ce sont des valeurs courante pour des hypothèques !
Donc il faut se rendre compte que la plupart des gens payent plusieurs fois leur maison !
Pour bien comprendre, voici un Jeu de la poste suisse pour apprendre à gérer son budget.
La croissance en économie
Pour le commun des mortels la croissance économique c'est surtout la petit infos du jour dans les médias.
Voici un exemple de ce que l'on a pu entendre sur la rsr le 2 septembre 2010.
La croissance de l'économie suisse se poursuit, au deuxième trimestre, le produit intérieur brut a progressé de 0.9% par rapport aux trois premiers mois de l'année... (...) ...et puis les services financiers ont le sourire avec une hausse de 1,6%... voilà pour les gagnants, mais tous les secteurs ne connaissent pas une croissance, les services publics n'ont pratiquement pas créés de valeurs....
On nous dit dans ce journal radio que la croissance du PIB, le Produit Intérieur Brut a augmenté de 0.9% en suisse pendant la durée du dernier trimestre.
Le produit intérieur brut est un indicateur qui renseigne sur la valeur de l'accroissement des richesses. Quand on nous parle de la croissance du PIB, on nous parle de la croissance d'une croissance.
Il faut se souvenir de la fonction mathématique exponentielle que nous avons vue. Il est possible d'exprimer la pente de la fonction, sa croissance, par une taux en pour-cent. Même si le taux est constant d'une mesure à l'autre, la fonction est toujours une fonction croissante !
Ici on nous indique que le taux de croissance lui même a augmenté de manière croissante. Ainsi on a encore accentué la pente de notre fonction exponentielle. Nous avons un gain qui est énorme, inimaginable pour un cerveau humain.
Cependant la manière dont la croissance du PIB est présentée fausse tout. Si on reproche à une entreprise que sa progression de croissance s'est ralentie, on à l'impression de comprendre que son chiffre d'affaire a baissé. Mais ce n'est pas vrai, il a grandit. Il a même grandit de plus en plus vite. Mais pas aussi vite que ce que certains analystes avaient prévus !
Une valeur en pour-cent n'est qu'une proportion. Le 3% d'une année est forcément plus grand que le 3% de l'année d'avant si l'on refait le calcul en ayant ajouté à la valeur totale la valeur absolue de ce petit bout de 3%.
Ainsi si l'on reprend l'exemple de la population de notre petit village de 1000 habitants.
Si l'on se dit qu'il y a une croissance de 10% de la population les 20 premières années, puis le taux de croissance diminue, on a plus que 8% de croissance les 20 années suivantes, on arrive à une population de:
- au bout de 20 ans, à 10% la population vaut 6727 soit (1000 x 1.120 )
- au bout de 20 ans de plus, à 8% la population vaut 31354 soit (6727 x 1.0820 )
Malgré la diminution de 2% de taux de croissance, la population à plus que quadruplé les 20 années suivantes !
Une diminution de taux peut donc quand même être de la croissance !
Mais effectivement dans l'absolu la croissance a été un peu moindre que si le taux était resté à 10%
- au bout de 40 ans de plus, à 10% la population vaut 45259 soit (1000 x 1.140 )
C'est ainsi que l'on peut voir que même avec une croissance négative du PIB, il est possible de voir une valeur absolue plus grande !
Quelques exemples de PIB selon la page de wikipedia.. mais la fiabilité n'est pas à toute épreuve !
PIB suisse en millions de $:
2006: 377 240
2007: 415 516
2008: 492 595
2009: 494 622 => -1,45%
2007: 415 516
2008: 492 595
2009: 494 622 => -1,45%
On nous dit que la croissance du PIB es négative entre 2008 et 2009 alors qu'en absolu le PIB a augmenté !
USA:
2008: 14 264 600
2009: 14 256 275 => -2,44%
2009: 14 256 275 => -2,44%
Mauritanie:
2007: 2 644
2009: 3 029 => -1,07%
2009: 3 029 => -1,07%
Monde:
2008: 60 689 812
2009: 57 937 460 => -0,60%
2009: 57 937 460 => -0,60%
Brésil:
2008: 1 572 839
2009: 1 574 039 => -0,19%
2009: 1 574 039 => -0,19%
Voici un outil pour comparer l'évolution du PIB en suisse et le comparer à l'évolution du taux de croissance annuel de ce PIB
Source: tradingeconomics.com
Evolution du taux de croissance annuel du PIB
Source: tradingeconomics.com
On peut observer d'une manière globale que le PIB en absolu augmente toujours.
Souvent dans les médias on nous parle uniquement du taux de croissance. Le taux de croissance peut augmenter ou diminuer et ainsi on explique que l'économie va bien ou mal. Que l'on est en boom économique ou en récession.
Mais en fait, globalement, la valeur absolue du PIB est toujours en augmentation, en pleine croissance, et même en croissance de type exponentielle.
Voici un graphe qui illustre la valeur absolue du PIB suisse en milliard de $ entre 1960 et 2010:
On observe que la valeur absolue de ce PIB a déjà doublée dans les 10 dernières années. En 2001, le PIB suisse était de 250 Milliards de $ et en 2010 le PIB suisse est de 500 Milliards de $.
Il subsiste tout de même un biais dans cette présentation, c'est le fait que l'économie suisse utilise beaucoup sa propre monnaie qu'est le franc suisse, alors que ce graphe est présenté en $ dollars US. Le taux de change entre ces monnaies à pas mal changé en 50 ans. Actuellement, en 2011, 1$ = 0.83 CHF alors qu'en 2001, 1$ = 1.7$.
Comparé à l'or, le dollar perd 98 % de sa valeur entre 1971 et 2010. L'once d'or est passé en 40 ans de 35 à 1 250 dollars. Ainsi, c'est peut être une partie de cette dévaluation du dollars par rapport au franc et permet de soutenir la croissance !
Mais le problème ne change pas. Le PIB ne fait que d'augmenter, même si le taux de croissance est variable.
Ainsi, à l'avenir, il nous faudra échanger encore plus d'objet et de services pour faire croitre le PIB, donc il faudra encore plus transformer des ressources naturelles en déchêts !
De combien va encore augmenter le PIB ?
Il est impossible de prévoir le futur, mais on peut faire comme les économistes qui aime prévoir le futur par des projections du présent.
Si l'on table sur une croissance du PIB de 2% par an on peut utiliser la formule suivante:
y = 500 (1.02)^x
500, c'est les 500 milliards du PIB suisse en 2010, 1.02, c'est pour dire que l'année suivant, on veut le même résultat augmenté de 0,02 fois, c'est à dire 2% et l'année est la variable x en exposant.
C'est donc bien une équation d'une fonction exponentielle.
On peut voir sur le graphe ci-contre de cette fonction que le PIB continue d'augmenter très vite. Tellement vite que mon échelle ne me permet d'afficher que les 2 prochaines années où l' on arrive déjà à 520 milliards. Donc, d'ici 2 ans, en plus de ce que l'on consomme maintenant, on consommera aussi l'équivalent de ce qui permettait à l'économie du début des années 1970 de tourner !
Mais ceci n'est qu'une projection du passé sur le futur. Seuls les économistes sont assez fous pour penser que l'on peut ainsi prédire l'avenir. Comme je l'ai déjà expliqué dans un article, l'avenir est imprévisible. Les grands événements qui ont marqué l'histoire étaient totalement imprévus.
Avec une telle croissance de 2%, en 2050, (date pour laquelle on fait beaucoup de projections), on devrait, en suisse consommer 2 fois plus de ressources que maintenant.
Une image vaut mille mots dit-on. Alors, j'ai tenté de montrer graphiquement ma projection de la croissance du PIB suisse pour 2050.
J'ai repris le graphe déjà montré ci-dessus, qui montre la valeur absolue du PIB suisse en milliards de $ depuis 1960 jusqu'en 2010.
La surface sous cette courbe représente tous les services et biens qui ont été consomméspour atteindre cette évolution du PIB. En vert, nous avons tout ce qui a déjà été consommé ces 50 dernières années.
Puis j'ai projeté la courbe jusqu'en 2050. Là, si l'on suppose un PIB de 500 milliards de $ en 2010, avec un croissance annuelle de 2%, en 2050, nous arrivons à un PIB de 1100 milliards.
Pour tenter de me représenter le volume de services et biens qu'il faudra consommer pour atteindre ce PIB de 1100 milliards en 2050, j'ai cloné la surface verte en surface jaune. J'ai rempli tout l'espace à disposition avec des surfaces jaune. (En terme mathématique, calculer la surface sous une courbe revient à calculer l'intégrale de cette fonction.)
J'arrive presque à placer 3 fois cette surface dans l'espace à disposition.
Cela signifie que pour atteindre le PIB qui correspond à une croissance annuelle de 2% jusqu'en 2050, nous aurons besoin de consommer 3 fois plus de services et de biens que ce qui a été produit entre 1960 et 2010.
Avec tous les problèmes de ressources et de dérèglement climatique que l'on observe à l'heure actuelle, ça me semble juste totalement impossible !!!
Il sembée que c'est Kenneth E. Boulding qui disait:
Celui qui croit qu'une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste.
Réfléchissez à ce qu'il faut pour mettre en place une telle économie. Comment va ont pouvoir consommer encore plus ?
Une solution est de rendre tout jettable. Diminuer la durée de vie des appareils et augmenter leur nombre. Vous devrez changer votre téléphone tous les 3 mois, votre ordinateur chaque année, vos habits chaque semaine. Vous mangerez uniquement de la nourriture qui vient de l'autre côté de la planète pour qu'un maximum d'intermédiaires aient pu la toucher, vous n'aurez plus de vaisselle autre que de la vaisselle jettable.
Il faudra privatiser totalement l'espace public. Chaque rue sera payante, le GPS que vous avez toujours sur vous enregistrera votre parcours et permettra à la fin du mois de vous facturer uniquement les trajets que vous avez effectué.
- Restez chez vous et vous ne payerez rien dira la pub des livreurs à domicile.
L'école publique est une charge, on va la privatiser, ainsi elle peut rentrer dans le calcul du PIB, passer de charge à profit !
Dans la même logique, les crèches seront obligatoires. Un parent qui reste à la maison s'occuper de son enfant est un parent qui ne crée pas de valeur ! Un parent qui reste à la maison s'occuper de son enfant est une place de travail de moins dans une crèche !
En bref, on doit étendre la sphère marchande et faire tourner plus vite le circuit économique.
Comment est calculé le PIB ?
Le PIB est un indice qui est construit avec de nombreuses règles. Il y a des choses que l'on comptabilise dans les richesses et d'autres que l'on ne comptabilise pas.
Quand on entend dans le journal de la RSR que les services financiers sourient mais que les services publics n'ont pratiquement pas créés de valeurs, il faut réfléchir un peu.
Le PIB tient compte des gains en bourse, mais il ne tiens pas compte de ce que l'Etat dépense pour financer les écoles.
Autrement dit, pour augmenter le PIB, on devrait ne plus fiancer les écoles et immobiliser tout l'argent ainsi économisé en le plaçant en bourse ! Logique !
De même, les catastrophes sont toujours bonne pour augmenter le PIB. Un accident de voiture fera travailler de nombreuses personnes, des ambulanciers aux vendeurs de ferraille pour l'épave et de voiture pour le remplacement.
La pollution d'une rivière par une usine sera bénéfique pour le PIB, l'entreprise produira à moindre coût si elle n'as pas besoin de filtre anti-pollution pou rejeter son poison. Il faudra de nombreux spécialiste pour étudier la catastrophe et finalement d'énormes travaux pour assainir la pollution !
Si le moteur d'une voiture à l'arrêt dans un embouteillage tourne, ça fait augmenter le PIB. Il faudra m'expliquer où se trouve la création de richesse dans tout ces exemples !
Donc souvent une perte de patrimoine, de vie humaine, de ressources naturelles est comptabilisé comme une richesse !
Par contre l'école, à moins qu'elle soit privée et donc non financée par l'Etat, ne crée jamais aucune richesse. Pire, elle dilapide de l'argent !
Finalement, je me demande vraiment pourquoi les médias nous bassinent autant avec la croissance du PIB ?
D'autres indicateurs économiques
Parfois, il faut savoir changer de lunettes. Garder l'esprit ouvert. Voir qu'il existe de nombreux autres indicateurs économiques que le PIB.
Parmi cette foultitude d'indicateurs économique. On peut s'arrêter sur l'indice de santé sociale, qui comme son nom l'indique prend en compte des questions de sociales et de santé.
Cette indice, contrairement au PIB, comptabilise les accidents de la route comme un drame et nom comme un bienfait. Ce qui semble assez logique.
Voici une comparaison entre l'indice de santé sociale et le PIB américain entre 1959 et 1996:
Depuis le milieu des années 1970, la croissance du PIB n'est pas un signe de croissance du bien être comme c'était le cas auparavant.
Voici encore un autre indicateur économique, l'indicateur de progrès véritable.
Cet indicateur est semblable au PIB, mais il prend en compte également la création de richesse qui ne passe pas par une monétisation comme le bénévolat ou le travail domestique.
De plus, il a une composante écologique qui déduit de la création de richesse, les pertes écologiques et les dégâts sociaux.
Voici une comparaison entre le PIB et de l'indicateur de progrès véritable des années 1950 à la fin des années 1990:On observe que les courbes se découplent vers le début des années 1970. Le progrès véritables stagne, voir diminue quand le PIB croit.
Ainsi on observe que les outils mis en place à la fin de la deuxième guerre mondiale pour évaluer notre économie ne sont pas forcément tout à fait adaptés.
Cela fait 50 ans que nous avons des outils alternatifs pour voir une réalité tout autre que la croissance du PIB comme source de bien être. Pourquoi est ce que l'on garde le PIB comme référence majeure ?
Pourquoi est-ce que les médias nous parlent toujours du PIB dans le flash info et très rarement de la cinquantaines d'autres indicateurs économiques ?
Les choses bougent quand même. Il existe des initiatives du genre de la commission Stiglitz, qui ont pour but de définir de nouveaux indicateurs de richesse plus juste.
Mais finalement, on les a pas déjà ces indicateurs ?
Il suffit juste de décider de ce qui a le plus d'importance dans nos valeurs.... pour le moment, d'après les médias et politiques du moment, on dirait que seul le PIB compte.....
D'autres articles intéressants à lire...
- Pistes pour mettre en place concrètement une société décroissante
- La décroissance un nouveau projet de société
- Les besoins en énergie
- Les transports
- la publicité, le moteur du consumérisme
Appel de Fribourg
Suite au Symposium international de la famille du 17 au 18
novembre 2001, des impasses de Davos aux solutions de Fribourg
Une cinquantaine d'orateurs, provenant de dix-huit pays de
quatre continents et de six grandes religions, de diverses sensibilités
métaphysiques et politiques se sont réunis à Fribourg cette fin de
semaine. Grâce à cette grande diversité, les intervenants s'accordent à
reconnaître que les familles dans le monde entier sont menacées,
notamment par des pressions économiques et culturelles devenues
insupportables. Les preuves en sont nombreuses, il suffit de constater
l'éclatement des familles. L'actualité suisse nous propose le régime des
délais. De plus en plus de femmes se trouvent contraintes à un acte
irrémédiable, sous des pressions culturelles et économiques. Les familles
doivent s'unir pour favoriser une culture de la vie, notamment par une
révision fondamentale du système économique.
Premièrement, reconnaître financièrement le travail éducatif
des parents par un juste salaire familial.
Deuxièmement, toutes les familles ont le droit de choisir
l'école la mieux adaptée à leurs enfants, par des initiatives cantonales
pour le bon scolaire.
Troisièmement, la remise de la dette au tiers-monde et les
bulles spéculatives posent la question fondamentale de l'endettement et
de l'intérêt. La conviction de nombreux orateurs est que le système du
prêt à intérêt est une source d'exploitation et d'appauvrissement des états
et des familles, base de la société.
Quatrièmement, la réflexion a porté également sur la notion
actuelle de la propriété illimitée. Les orateurs ont posé la question du
jubilé traditionnel pour les fils d'Abraham qui remettent les compteurs
économiques à zéro tous les cinquante ans.
Cinquièmement, les propositions concrètes ont aussi été faites
pour un nouveau statut de la femme qui rééquilibre toute la famille, pour
que le travail des parents soit considéré dans le PIB et dans le calcul des
retraites, que la création monétaire et la fondation suisse solidaire soient
d'abord affectées aux familles, base indispensable d'un avenir
démographique.
Les participants étaient des dignitaires religieux, des
philosophes, pédagogues, médecins, économistes, mathématiciens, de
sciences exactes, mass media, historien, politiciens, poète, écrivains,
juristes, altesses princières, anthropologues, fonctionnaires
internationaux , hindous, juifs, chrétiens de toute dénomination,
musulmans.
Pour tout renseignement complémentaire, contacter la
Fondation par courrier ou par internet ou par téléphone.
Fondation Suisse pour la Famille (FSF)
Av. Dapples 23 CH - 1006 Lausanne
Tel. 021/616888 Fax 021/6168881
Actualité récente:
Voici la traduction de l’italien publiée par L’Osservatore Romano en langue française du 10 février:
Le pape recommande la fidélité à la parole donnée, au serment prêté, le refus de l'usure – "une plaie qui à notre époque également", une " réalité abjecte, capable de détruire la vie de nombreuses personnes", et "éviter toute corruption dans la vie publique, un autre engagement qu'il faut savoir pratiquer avec rigueur de nos jours également".
Lecture: Ps 14, 1-4a.5b
1. Le Psaume 14, qui est offert à notre réflexion, est souvent classé par les chercheurs dans le domaine biblique en tant que partie d'une "liturgie d'entrée". Comme c'est le cas dans d'autres compositions du Psautier (cf. par exemple les Psaumes 23; 25; 94), on peut penser à une sorte de procession des fidèles qui se pressent aux portes du temple de Sion, pour accéder au culte. Dans un dialogue idéal entre les fidèles et les lévites se dessinent les conditions indispensables pour être admis à la célébration liturgique et donc dans l'intimité divine.
D'un côté, en effet, est posée la question: "Yahvé, qui logera sous ta tente, habitera sur ta sainte montagne?" (Ps 14, 1). De l'autre côté, est présentée la liste des qualités requises pour franchir le seuil qui conduit à la "tente", c'est-à-dire au temple sur la "sainte montagne" de Sion. Les qualités énumérées sont au nombre de onze et constituent une synthèse idéale des engagements moraux fondamentaux présents dans la loi biblique (cf. vv. 2-5).
2. Sur les façades des temples égyptiens et babyloniens étaient parfois gravées les conditions requises pour pénétrer dans la salle sacrée.
Mais il faut noter une différence significative avec celles suggérées par notre Psaume. Dans de nombreuses cultures religieuses, on demande notamment, pour être admis devant la Divinité, la pureté rituelle extérieure qui comporte des ablutions, des gestes et des vêtements particuliers.
Le Psaume 14, en revanche, exige la purification de la conscience, pour que ses choix soient inspirés par l'amour pour la justice et pour son prochain. Dans ces versets, l'on ressent donc vibrer l'esprit des prophètes qui, à plusieurs reprises, invitent à conjuguer foi et vie, prière et engagement existentiel, adoration et justice sociale (cf. Is 1, 10-20; 33, 14-16; Os 6, 6; Mi 6, 6-8; Jr 6, 20).
Ecoutons, par exemple, le réquisitoire véhément du prophète Amos, qui dénonce au nom de Dieu un culte détaché de l'histoire quotidienne: "Je hais, je méprise vos fêtes et je ne puis sentir vos réunions solennelles. Quand vous m'offrez des holocaustes.... vos oblations, je ne les agrée pas, le sacrifice de vos bêtes grasses, je ne le regarde pas... Mais que le droit coule comme de l'eau, et la justice, comme un torrent qui ne tarit pas" (Am 5, 21-22.24).
3. Venons-en à présent aux onze engagements cités par le Psalmiste, qui pourront constituer la base d'un examen de conscience personnel chaque fois que nous nous préparons à confesser nos fautes pour être admis à la communion avec le Seigneur dans la célébration liturgique.
Les trois premiers engagements sont d'ordre général et expriment une éthique de vie: suivre la voie de l'intégrité morale, de la pratique de la justice et, enfin, de la sincérité parfaite dans les paroles (cf. Ps 14, 2).
Trois devoirs suivent, que nous pourrions définir de relation avec le prochain: éliminer la calomnie du langage, éviter toute action qui puisse nuire à notre frère, mettre un frein aux insultes contre ceux qui vivent à nos côtés chaque jour (cf. v. 3). Vient ensuite la demande de prendre une position bien définie dans le domaine social: mépriser le méchant, honorer celui qui craint Dieu. On établit enfin la liste des trois derniers préceptes à partir desquels on doit examiner sa conscience: être fidèles à la parole donnée, au serment prêté, même dans les cas où cela comportera des conséquences néfastes pour nous; ne pas pratiquer l'usure, une plaie qui à notre époque également, constitue une réalité abjecte, capable de détruire la vie de nombreuses personnes, et, pour finir, éviter toute corruption dans la vie publique, un autre engagement qu'il faut savoir pratiquer avec rigueur de nos jours également (cf. v. 5).
4. Suivre cette voie de décisions morales authentiques signifie être prêts à la rencontre avec le Seigneur. Jésus, dans le Discours sur la Montagne, proposera lui aussi une "liturgie d'entrée" essentielle: "Quand donc tu présentes ton offrande à l'autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère; puis reviens, et alors présente ton offrande" (Mt 5, 23-24).
Celui qui agit de la façon indiquée par le Psalmiste - conclut-on dans notre prière - "demeure inébranlable" (Ps 14, 5). Saint Hilaire de Poitiers, Père et Docteur de l'Eglise du IV siècle, dans son Traité Tractatu super Psalmos, commente ainsi ce final, en le reliant à l'image initiale de la tente du temple de Sion: "En agissant selon ces préceptes, il est possible d'habiter dans la tente, de se reposer sur la montagne. La conservation des préceptes et l'oeuvre des commandements demeure donc un point fixe. Ce Psaume doit trouver son fondement dans notre propre intimité, doit être inscrit dans notre coeur, gravé dans notre mémoire; nous devons nous confronter jour et nuit avec le riche trésor de sa brièveté. Ainsi, ayant acquis cette richesse sur le chemin vers l'éternité et demeurant dans l'Eglise, nous pourrons enfin reposer dans la gloire du corps du Christ" (PL 9, 308).
ZF04021207
Le pape recommande la fidélité à la parole donnée, au serment prêté, le refus de l'usure – "une plaie qui à notre époque également", une " réalité abjecte, capable de détruire la vie de nombreuses personnes", et "éviter toute corruption dans la vie publique, un autre engagement qu'il faut savoir pratiquer avec rigueur de nos jours également".
Lecture: Ps 14, 1-4a.5b
1. Le Psaume 14, qui est offert à notre réflexion, est souvent classé par les chercheurs dans le domaine biblique en tant que partie d'une "liturgie d'entrée". Comme c'est le cas dans d'autres compositions du Psautier (cf. par exemple les Psaumes 23; 25; 94), on peut penser à une sorte de procession des fidèles qui se pressent aux portes du temple de Sion, pour accéder au culte. Dans un dialogue idéal entre les fidèles et les lévites se dessinent les conditions indispensables pour être admis à la célébration liturgique et donc dans l'intimité divine.
D'un côté, en effet, est posée la question: "Yahvé, qui logera sous ta tente, habitera sur ta sainte montagne?" (Ps 14, 1). De l'autre côté, est présentée la liste des qualités requises pour franchir le seuil qui conduit à la "tente", c'est-à-dire au temple sur la "sainte montagne" de Sion. Les qualités énumérées sont au nombre de onze et constituent une synthèse idéale des engagements moraux fondamentaux présents dans la loi biblique (cf. vv. 2-5).
2. Sur les façades des temples égyptiens et babyloniens étaient parfois gravées les conditions requises pour pénétrer dans la salle sacrée.
Mais il faut noter une différence significative avec celles suggérées par notre Psaume. Dans de nombreuses cultures religieuses, on demande notamment, pour être admis devant la Divinité, la pureté rituelle extérieure qui comporte des ablutions, des gestes et des vêtements particuliers.
Le Psaume 14, en revanche, exige la purification de la conscience, pour que ses choix soient inspirés par l'amour pour la justice et pour son prochain. Dans ces versets, l'on ressent donc vibrer l'esprit des prophètes qui, à plusieurs reprises, invitent à conjuguer foi et vie, prière et engagement existentiel, adoration et justice sociale (cf. Is 1, 10-20; 33, 14-16; Os 6, 6; Mi 6, 6-8; Jr 6, 20).
Ecoutons, par exemple, le réquisitoire véhément du prophète Amos, qui dénonce au nom de Dieu un culte détaché de l'histoire quotidienne: "Je hais, je méprise vos fêtes et je ne puis sentir vos réunions solennelles. Quand vous m'offrez des holocaustes.... vos oblations, je ne les agrée pas, le sacrifice de vos bêtes grasses, je ne le regarde pas... Mais que le droit coule comme de l'eau, et la justice, comme un torrent qui ne tarit pas" (Am 5, 21-22.24).
3. Venons-en à présent aux onze engagements cités par le Psalmiste, qui pourront constituer la base d'un examen de conscience personnel chaque fois que nous nous préparons à confesser nos fautes pour être admis à la communion avec le Seigneur dans la célébration liturgique.
Les trois premiers engagements sont d'ordre général et expriment une éthique de vie: suivre la voie de l'intégrité morale, de la pratique de la justice et, enfin, de la sincérité parfaite dans les paroles (cf. Ps 14, 2).
Trois devoirs suivent, que nous pourrions définir de relation avec le prochain: éliminer la calomnie du langage, éviter toute action qui puisse nuire à notre frère, mettre un frein aux insultes contre ceux qui vivent à nos côtés chaque jour (cf. v. 3). Vient ensuite la demande de prendre une position bien définie dans le domaine social: mépriser le méchant, honorer celui qui craint Dieu. On établit enfin la liste des trois derniers préceptes à partir desquels on doit examiner sa conscience: être fidèles à la parole donnée, au serment prêté, même dans les cas où cela comportera des conséquences néfastes pour nous; ne pas pratiquer l'usure, une plaie qui à notre époque également, constitue une réalité abjecte, capable de détruire la vie de nombreuses personnes, et, pour finir, éviter toute corruption dans la vie publique, un autre engagement qu'il faut savoir pratiquer avec rigueur de nos jours également (cf. v. 5).
4. Suivre cette voie de décisions morales authentiques signifie être prêts à la rencontre avec le Seigneur. Jésus, dans le Discours sur la Montagne, proposera lui aussi une "liturgie d'entrée" essentielle: "Quand donc tu présentes ton offrande à l'autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère; puis reviens, et alors présente ton offrande" (Mt 5, 23-24).
Celui qui agit de la façon indiquée par le Psalmiste - conclut-on dans notre prière - "demeure inébranlable" (Ps 14, 5). Saint Hilaire de Poitiers, Père et Docteur de l'Eglise du IV siècle, dans son Traité Tractatu super Psalmos, commente ainsi ce final, en le reliant à l'image initiale de la tente du temple de Sion: "En agissant selon ces préceptes, il est possible d'habiter dans la tente, de se reposer sur la montagne. La conservation des préceptes et l'oeuvre des commandements demeure donc un point fixe. Ce Psaume doit trouver son fondement dans notre propre intimité, doit être inscrit dans notre coeur, gravé dans notre mémoire; nous devons nous confronter jour et nuit avec le riche trésor de sa brièveté. Ainsi, ayant acquis cette richesse sur le chemin vers l'éternité et demeurant dans l'Eglise, nous pourrons enfin reposer dans la gloire du corps du Christ" (PL 9, 308).
ZF04021207
En quoi consiste l'usure, extrait de l'encyclique vix pervenit...
1o- L'espèce de péché qu'on appelle usure réside
essentiellement dans le contrat de prêt «MUTUUM». La nature de ce
contrat demande qu'on ne réclame pas plus qu'on a reçu. Le péché
d'usure consiste pour le prêteur à exiger, au nom de ce contrat, plus qu'il
n'a reçu et à affirmer que le prêt lui-même lui donne droit à un profit en
plus du capital rendu. Ainsi tout profit, de ce genre, qui excède le capital,
est illicite et usuraire.
2o Fausses allégations pour légitimer l'usure ainsi définie
Il- Et certes, pour ne pas encourir cette note infamante, il ne
servirait à rien de dire que ce profit n'est pas excessif mais modéré; qu'il
n'est pas grand, mais petit; -que celui à qui l'on réclame à cause du seul
prêt, n'est pas pauvre mais riche, ou bien même qu'il ne doit pas laisser
inutilisée la somme prêtée, mais l'employer très avantageusement pour
augmenter ses biens, pour acquérir de nouveaux domaines, pour faire des
affaires lucratives.
3o Vraie raison qui condamne l'usure
En effet, la loi du prêt a nécessairement pour objet l'égalité
entre ce qui a été donné et ce qui a été rendu. Donc, tout homme est
convaincu d'agir contre cette loi quand, après avoir reçu un équivalent, il
n'a pas honte d'exiger, de qui que ce soit, quelque chose de plus en vertu
du prêt lui-même. Le prêt exige, en justice, seulement l'équivalence dans
l'échange. Par conséquent, si une personne quelconque reçoit plus qu'elle
n'a donné, elle sera tenue à restituer pour satisfaire au devoir que lui
impose la justice dite commutative, vertu qui ordonne de maintenir
scrupuleusement dans les contrats de commerce l'égalité propre à chacun
d'eux, et de la rétablir parfaitement quand on l'a rompue.
1o- L'espèce de péché qu'on appelle usure réside
essentiellement dans le contrat de prêt «MUTUUM». La nature de ce
contrat demande qu'on ne réclame pas plus qu'on a reçu. Le péché
d'usure consiste pour le prêteur à exiger, au nom de ce contrat, plus qu'il
n'a reçu et à affirmer que le prêt lui-même lui donne droit à un profit en
plus du capital rendu. Ainsi tout profit, de ce genre, qui excède le capital,
est illicite et usuraire.
2o Fausses allégations pour légitimer l'usure ainsi définie
Il- Et certes, pour ne pas encourir cette note infamante, il ne
servirait à rien de dire que ce profit n'est pas excessif mais modéré; qu'il
n'est pas grand, mais petit; -que celui à qui l'on réclame à cause du seul
prêt, n'est pas pauvre mais riche, ou bien même qu'il ne doit pas laisser
inutilisée la somme prêtée, mais l'employer très avantageusement pour
augmenter ses biens, pour acquérir de nouveaux domaines, pour faire des
affaires lucratives.
3o Vraie raison qui condamne l'usure
En effet, la loi du prêt a nécessairement pour objet l'égalité
entre ce qui a été donné et ce qui a été rendu. Donc, tout homme est
convaincu d'agir contre cette loi quand, après avoir reçu un équivalent, il
n'a pas honte d'exiger, de qui que ce soit, quelque chose de plus en vertu
du prêt lui-même. Le prêt exige, en justice, seulement l'équivalence dans
l'échange. Par conséquent, si une personne quelconque reçoit plus qu'elle
n'a donné, elle sera tenue à restituer pour satisfaire au devoir que lui
impose la justice dite commutative, vertu qui ordonne de maintenir
scrupuleusement dans les contrats de commerce l'égalité propre à chacun
d'eux, et de la rétablir parfaitement quand on l'a rompue.
---....
Famille et argent
Jean de Siebenthal
Généralités
Celui qui vous parle est mathématicien ; il n'est pas financier.
Cependant, il ne peut s'empêcher d'être stupéfait en considérant certains
certains résultats : la télévision nous apprend par exemple que dans
l'affaire relative au crash de Swissair, un montant supérieur à 700
millions de francs figurait au titre d'une dette portant uniquement sur
des intérêts.
Cela étant, on a là l'indice d'un problème très profond, que
l'on peut considérer dans le cas de la famille qui songe à s'établir ou à
se développer, à bâtir, à acheter une voiture par exemple. Si elle n'arrive
pas à économiser en temps utile, elle se voit dans l'obligation de
contracter un emprunt, auprès d'une banque, ou autrement. Il y a là
matière à réflexion, car aujourd'hui, il est impossible d'emprunter, sans
recourir à un taux fixé par le prêteur, par une banque, avec un plan de
remboursement.
Prenons un exemple aussi simple que possible : M. A
emprunte 100 francs à M. B. La somme due se monte donc à 100 francs
; elle est normalement indépendante du temps ; M.A peut signer un
papier: je dois 100 francs à M. B. Mais B va exiger que le temps soit de
la partie, et qu'au bout d'une année, A lui fournisse 120 francs (intérêt
20 %). En composant, au bout de deux ans, la somme prétendûment due
se monte à 144 francs, etc. Sans rien faire, sans aucun travail de B, ce
dernier s'attend à empocher 44 francs de plus. Seul le calendrier a
fonctionné. B pratique ainsi l'usure, il recueille les fruits d'une terre
qu'il n'a pas cultivée. C'est un usurier. Si vous mettez 100 francs dans
un coffret, et attendez une année, vous retrouverez vos 100 francs :
l'argent, de soi, est stérile.
Réclamer plus a toujours été très mal qualifié par tous les
grands auteurs, par les philosophes, les Conciles (Nicée en 325, Reims
en 1583), les Pères de l'Eglise (Saint Grégoire de Nazianze), accusant
les usuriers de vol, de fraude, de rapine, d'idolâtrie, de simonie, de crime
même, de viol du septième commandement, etc.
Le catéchisme du Concile de Trente est catégorique :
- L'usure est tout ce qui se perçoit au delà de ce qui a été
prêté, soit argent, soit autre chose qui puisse s'acheter et s'estimer à prix
d'argent. - Il est écrit dans le Prophète Ezéchiel (15) : « Ne recevez ni
usure ni rien au delà de votre prêt. » Et Notre-Seigneur nous dit dans S.
Luc (16) : « Prêtez sans rien espérer de là. » Ce crime fut toujours très
grave et très odieux, même chez les païens. De là cette maxime : Qu'estce
que prêter à usure ? Qu'est-ce que tuer un homme ? pour marquer
qu'à leurs yeux, il n'y avait pas de différence. En effet prêter à usure,
n'est-ce pas, en quelque sorte, vendre deux fois la même chose, ou bien
vendre ce qui n'est pas ?
Notre civilisation, hélas caractérisée par le viol systématique
des dix commandements, n'en oublie aucun !
Réfléchissons, si A emprunte à B, c'est qu'il est en position de
faiblesse ; B va en profiter pour hypothéquer les efforts de A. " Mon
cher, tu vas couvrir les risques que je cours, avec un intérêt, et plus le
temps s'écoule et plus tu me dois. C'est toi qui vas assurer le rendement
de mes 100 francs ; tes risques, je m'en moque. Ainsi A va s'épuiser à
couvrir les risques hypothétiques de B, qui prend ainsi les allures d'un
profiteur.
Notons que l'emprunteur A devient propriétaire des choses qui
lui sont prêtées, et que dans le prêt, celui qui emprunte demeure obligé,
tenu, de rendre la somme même empruntée. De plus, l'emprunteur,
maître de la chose prêtée, est seul chargé de tous les risques, et que le
profit toujours incertain doit lui appartenir.
Prenons divers exemples, avec intérêt 0 d'abord, puis divers
cas avec intérêt composé à 20%, puis un cas avec intérêt composé à 10 %
Situation «normale»
Famille et argent
Considérations diverses
En face du monde nouveau créé par les découvertes
scientifiques, les transformations industrielles et les révolutions sociales,
l'Eglise ne doit rien abandonner de la -doctrine que lui ont léguée les
siècles passés, les Pères de l'Eglise et les grands scolastiques du Moyen
Age sur la grave -question de l'usure. Elle a donné des solutions
pratiques pour les confesseurs, mais elle a refusé de se prononcer
doctrinalement, attendant de juger à ses fruits l'arbre économique
qu'avaient planté, hors de son champ, la Réforme et la Révolution.
Mais voici que ces fruits apparaissent et sont jugés de plus en
plus mauvais. Les économistes eux-mêmes commencent à se demander
avec angoisse quels épouvantables abus et quelles douloureuses misères
va créer le capitalisme moderne, dont l'une des affirmations
fondamentales est le droit absolu de l'argent à produire intérêt.
L'effondrement des deux tours du World Trade Center à New
York ne serait-il pas le signe d'une décadence ?
On commence à se retourner vers la doctrine de l'Eglise
comme vers une doctrine de salut. Il est temps de revenir vers des écrits
solides.
Encyclique Vix pervenit (Benoît XIV, 1747)
...l. - L'espèce de péché qu'on appelle usure réside
essentiellement dans le contrat de prêt (mutuum). La nature de ce contrat
demande qu'on ne réclame pas plus qu'on a reçu. Le péché d'usure
consiste pour le prêteur à exiger, au nom de ce contrat, plus qu'il n'a reçu
et à affirmer que le prêt lui-même lui donne droit à un profit, en plus du
capital rendu. Ainsi tout profit de ce genre, qui excède le capital, est
illicite et usuraire.
La raison qui rend juste ou injuste la perception d'un intérêt
dans le contrat de prêt, ce n'est pas tant que l'emprunteur en tire profit ou
non, mais plutôt que le prêteur se prive d'un profit estimable en argent.
Le titre, qui donne droit à un profit ou à une compensation, doit être
formellement cherché, non pas dans l'utilité que l'autre va tirer de mon
acte, mais dans l'utilité dont je me prive en faveur de cet autre, bien que
ces deux choses soient souvent unies et dépendantes l'une de l'autre.
Aussi formellement et directement le péché d'usure ne résulte pas, ... de
ce que le contrat de prêt est un prêt de consommation ou de production
pour l'emprunteur, comme quelques-uns le pensent, mais de ce que, en
général, ou pour le prêteur dans des cironstances particulières où il se
trouve, l'argent est productif ou non. Telles sont les raisons pour
lesquelles celui qui donne de l'argent à un autre peut demander à cet
autre une compensation sans injustice. Il n'importe pas au point de -vue
de la justice que l'emprunteur perçoive un profit ou non ».
En résumé celui qui confie de l'argent à autrui sous la forme
d'un contrat de prêt ne doit vouloir un intérêt que pour se compenser des
pertes qu'il subit du fait de ce contrat. S'il a en confiant cet argent une
autre intention, celle de participer au bénéfice éventuel, réalisé par autrui
avec cet argent, il n'y a pas en réalité un contrat de prêt mais un contrat
dont on peut déterminer la nature. C'est l'intention du propriétaire de
percevoir, ou une indemnité pour pertes subies, ou un profit pour
bénéfice réalisé, qui détermine la vraie nature du contrat passé et les
devoirs qui en résultent.
Une absurdité
J'ai cautionné une somme de Fr 300'000.-que je dois
rembourser, en payant un intérêt fixé à 5% pour simplifier, avec un
amortissement insignifiant. Chaque année, je verse à la banque un intérêt
de 15 000 Fr. En 20 ans, je verse à la banque Fr 300'000, et je n'ai rien
remboursé. La banque empoche sans rien faire, et elle peut continuer
cette opération fructueuse. N'est-ce pas aussi un vol ? Le principe selon
lequel le temps, c'est de l'argent, n'est-il pas immoral ?
Une mutation de civilisation devient urgente. Arrêtons ces
pratiques insensées.
Jean de Siebenthal
Doctrine sociale chrétienne
Nos Pèlerins de saint Michel de Pologne ont traduit dans leur
langue, les trois brochures de notre fondateur Louis Even, qu'ils ont
éditées en un seul livre, et ils lui ont donné le titre : « GLOBALNE
OSZUSTWO 1 D, (L'escroquerie mondiale et le moyen de s'en sortir).
La couverture représente Jésus qui chasse les voleurs du Temple.
Vous lirez ci-dessous la lettre de Mgr Edward Frankowski qui
constitue l'avant-propos de ce livre. Sans aucun doute, ces lignes de Mgr
Frankowski encourageront les « assoiffés de justice » à lire les écrits de
Louis Even; elles auront pour effet de donner une nouvelle ferveur aux
apôtres du Crédit Social, qui mènent le bon combat depuis 65 ans.
Avant-propos de Mgr Edward Frankowski évêque auxiliaire
de Sandomierz en Pologne pour le livre de Louis Even qui contient
« L'Ile des Naufragés », « Qu'est-ce que le vrai Crédit Social » et « Une
finance saine et efficace »
La collection « Autour du Crédit Social » rencontre un plus
grand intérêt alors que la scène politique et économique de notre pays
s'assombrit davantage. Sur les ruines du communisme, occupées par les
gens en place lors de l'écroulement du système, se superpose une vague
toute aussi destructive de postmodernisme provenant de l'Ouest, le
capitalisme sauvage qui vole le peuple, et veut s'accaparer sans scrupule
du pouvoir et de l'argent, non pas pour la nation, mais pour quelques-uns.
L'État s'abaisse davantage, et les puissances d'argent internationales
deviennent plus fortes. Par conséquent, le pouvoir de l'État diminue
continuellement au profit des forces du marché. Il semble que Jean-Paul
II avait ces tendances à l'esprit lorsqu'il déclarait à Sosnowiec, en
Pologne, le 14 juin, 1999 :
« Un peu partout, au nom des lois du marché, on oublie les
droits de l'homme. Ceci survient par exemple lorsque l'on estime que le
profit économique justifie la perte du travail pour quelqu'un qui, en plus
du travail perd la possibilité de vivre et de pouvoir faire vivre sa famille.
Ceci survient aussi lorsque, pour augmenter la production, on refuse à
celui qui travaille le droit de se reposer, de s'occuper de sa famille, de
programmer sa vie de tous les jours. C'est toujours ainsi lorsque la
valeur du travail est définie non pas en fonction de l'effort de l'homme
mais du prix du produit, et ceci a également pour conséquence que la
rémunération ne correspond pas à la fatigue ».
On pourrait dire que notre nation est devenue semblable au
« gigantesque développement de la parabole biblique du riche qui festoie
et du pauvre Lazare. L'ampleur du phénomène met en cause les
structures et les mécanismes financiers, monétaires, productifs et
commerciaux qui, appuyés sur des pressions politiques diverses,
régissent l'économie mondiale : ils s'avèrent incapables de résorber les
injustices héritées du passé et de faire face aux défis urgents et aux
exigences éthiques du présent. » (Jean-Paul II, Redemptor Hominis, n.
16.)
On devrait promouvoir le développement d'un monde meilleur
pour la vie publique de notre pays par l'introduction de principes
chrétiens, surtout dans le domaine économique. L'argent n'est pas le seul
problème, mais c'est le plus urgent à régler, parce que tous les autres
problèmes sont causés par l'argent. Les banquiers, qui ont le pouvoir de
créer l'argent, sont les dépositaires et gérants du capital financier, et
gouvernent le crédit et l'administrent à leur gré. Ils veulent nous mener
au point où, pendant la moitié de l'année, nous vivons de ce crédit, et
l'autre moitié, travaillons pour les taxes.
« Par là, ils distribuent en quelque sorte le sang à l'organisme
économique dont ils tiennent la vie entre leurs mains si bien que sans
leur consentement nul ne peut plus respirer. » (Pie XI, Encyclique
Quadragesimo Anno, n. 106.) « L'État… est tombé au rang d'esclave et
devenu le docile instrument de toutes les passions et de toutes les
ambitions de l'intérêt. » (Quadragesimo Anno, n. 109.)
Le pouvoir de l'argent ou, en d'autres mots, le pouvoir des
financiers internationaux, repose dans l'ignorance du peuple. Les
financiers perdront leur pouvoir seulement lorsque le peuple découvrira
leur escroquerie. L'Etat retrouvera alors sa force, et toute la société
deviendra aussi plus forte. La force politique provient de la force
publique. L'application de l'esprit chrétien dans la politique est donc la
mission la plus importante et la plus urgente de l'histoire polonaise.
Une réforme économique pourrait être appliquée,
spécialement par l'application du système de Crédit Social, qui est en
accord avec la doctrine sociale de l'Église catholique. Il semble donc que
les propositions financières du Crédit Social ne sont pas seulement
dignes d'être considérées par les plus hautes autorités économiques et
politiques, mais aussi par la vaste multitude du public, afin d'appliquer
ces principes dans notre vie économique et politique. Ces principes nous
permettront de comprendre et d'élucider au plus haut point la situation
dans laquelle nous nous trouvons présentement, et nous apporteront des
solutions en accord avec la doctrine sociale de l'Église catholique.
J'exprime ma reconnaissance et mes remerciements aux
membres de la rédaction du journal Vers Demain, ainsi qu'aux auteurs et
à la maison d'édition de la collection « Autour de la doctrine du Crédit
Social », pour tout cela. Ce journal et cette collection n'ont pas seulement
une valeur scientifique, mais aussi une valeur de vulgarisation, pour
rendre ces idées accessibles à la population. C'est ce qu'est la présente
œuvre de Louis Even, « L'escroquerie mondiale et le moyen de s'en
sortir ». A tous les éditeurs, rédacteurs et lecteurs de Vers Demain, je
vous bénis de tout mon cœur !
Mgr Edward M. Frankowski
Evêque auxiliaire de Sandomierz, Pologne