Article de l'ATS
L'argent électronique devrait être aussi sûr que les espèces dans un coffre. Les partisans de l'initiative dite «Monnaie pleine» affirment pouvoir lutter efficacement contre les bulles financières et les faillites bancaires. Ils ont lancé jeudi leur campagne.
Les initiants ont jusqu'au 10 juin pour convaincre une majorité de la population de l'efficacité de leurs recettes. Au Parlement, il ne s'est trouvé qu'une dizaine de conseillers nationaux essentiellement de gauche pour soutenir l'initiative populaire «Pour une monnaie à l'abri des crises: émission monétaire uniquement par la Banque nationale!», lancée par l'association Modernisation Monétaire (MoMo).
Actuellement, la création d'argent repose sur l'émission de pièces et de billets par la Banque nationale suisse (BNS), l'achat de devises ou de papiers valeurs par cette dernière ainsi que l'octroi par la BNS de crédits aux établissements bancaires et les prêts de ces derniers.
Les banques commerciales peuvent quant à elles créer de la monnaie scripturale. Cet argent comptable ne représente pas un moyen de paiement légal. Un compte bancaire constitue une créance des clients, soit la promesse des établissements de leur payer le solde en billets et pièces.
Changer la donne
Les initiants critiquent ce système qui s'accompagne de formation de dettes. Les banques créent plus d'argent que nécessaire. Avec l'initiative, la BNS produirait l'ensemble de la masse monétaire, sans dette. La banque centrale devrait donc transférer cet argent directement à la Confédération, aux cantons ou aux citoyens.
«Les recettes de la création monétaire reviennent ainsi à la collectivité au lieu d'aller financer les bulles spéculatives.» L'approvisionnement en crédit de l'économie et des ménages serait assuré par des prêts de la BNS aux banques.
La politique monétaire ne serait plus mise en oeuvre par le biais de taux d'intérêt, mais par la gestion de la masse monétaire. Selon les initiants, l'argent de tous les comptes courants serait entièrement sécurisé. L'Etat n'aurait plus à sauver des banques à coups de milliards versés par les contribuables pour assurer le service des paiements.
Système plus sûr
«Notre argent bien mérité» ne doit pas disparaître alors que la prochaine crise financière approche déjà, font valoir les initiants. Rien ne promet que les banques pourront encore payer les avoirs de leurs clients. D'autant plus que la monnaie en circulation est constituée à 90% d'argent scriptural virtuel.
Comme en 1891, lorsque la BNS a reçu le monopole de l'émission des billets de banque, il faut désormais lui confier cette fonction pour la monnaie scripturale. La Suisse pourra ainsi entrer en toute sécurité dans l'ère à venir des cryptomonnaies. (ats/nxp)
L'argent électronique devrait être aussi sûr que les espèces dans un coffre. Les partisans de l'initiative dite "Monnaie pleine" affirment pouvoir lutter efficacement contre les bulles financières et les faillites bancaires. Ils ont lancé jeudi leur campagne.
Les initiants ont jusqu'au 10 juin pour convaincre. Au Parlement, seule une dizaine de députés ont soutenu l'initiative "Pour une monnaie à l'abri des crises: émission monétaire uniquement par la Banque nationale!", lancée par l'association Modernisation Monétaire (MoMo).
Question essentielle
Il est faux de prétendre que ce texte est d'une extrême complexité, a lancé Raffael Wüthrich, membre de l'équipe de campagne, devant la presse. Il s'agit de savoir qui devrait régir l'argent et donc le pays.
"Qui est à même de gérer au mieux le privilège de la création monétaire pour garantir le bien-être général de notre pays ? Les banques commerciales privées qui sont liées par leurs actionnaires dispersés dans le monde et par le principe du profit maximal ou une institution comme la Banque nationale suisse (BNS) ?".
Service public
Dans une démocratie, seul le souverain peut trancher cette question et pas des professeurs d'université ou le président de la BNS. Selon le coordinateur de la campagne romande Jean-Marc Heim, il s'agit d'une question de service public, tout comme celle qui vient de concerner la redevance radio-TV.
Appelant Guillaume Tell et Helvétia à la rescousse, les partisans de la "Monnaie pleine" vont faire campagne avec une affiche montrant la face d'une pièce d'un franc accolée à la question "qui doit créer notre argent ?". Un dépliant sous forme de billet de 20 francs plié est également distribué.
Les initiants ont jugé "ridicules" les accusations selon lesquelles ils seraient pilotés de l'étranger pour tester en Suisse un système aux conséquences inconnues. Il y a un soutien financier international, mais il reste faible (pas plus de 7000 francs), selon Reinhold Harringer. Et de noter que la BNS a aussi des contacts internationaux.
Créer de l'argent
Actuellement, la création d'argent repose sur l'émission de pièces et de billets par la BNS, l'achat de devises ou de papiers valeurs par cette dernière ainsi que l'octroi par la banque centrale de crédits aux établissements bancaires et les prêts de ces derniers.
Les banques commerciales peuvent quant à elles créer de la monnaie scripturale. Soit 90% de l'argent en circulation, selon les initiants. Cette monnaie comptable ne représente pas un moyen de paiement légal. Un compte bancaire est une promesse des banques de payer le solde en billets et pièces.
Changer la donne
Les initiants critiquent ce système qui s'accompagne de formation de dettes. Les banques créent plus d'argent que nécessaire. UBS et Credit Suisse produisent à eux seuls environ 50% de l'argent électronique en Suisse, a souligné l'économiste tessinois Sergio Morandi.
Le système actuel a plusieurs défauts. Selon M. Heim, la politique d'expansion de la masse monétaire poursuivie ces dernières années par les banques commerciales n'a fait qu'accentuer les écarts sociaux. Le franc a perdu la moitié de sa valeur depuis les années 1970, a ajouté Katharina Serafimova.
La Suisse a en outre été confrontée à une inflation sur les marchés immobiliers. Après plus de 400 crises de par le monde ces 40 dernières années, la réponse a été de réglementer toujours davantage sans que cela réduise l'instabilité, a critiqué la partisane de l'initiative.
Monopole
Avec l'initiative, la BNS produirait l'ensemble de la masse monétaire. Comme en 1891, lorsqu'elle a reçu le monopole de l'émission des billets de banque, il faut désormais lui confier cette fonction pour la monnaie scripturale.
La Suisse pourra ainsi entrer en toute sécurité dans l'ère à venir des cryptomonnaies, selon les initiants. L'Etat n'aurait plus à sauver des banques à coups de milliards versés par les contribuables pour assurer le service des paiements. L'approvisionnement en crédit de l'économie et des ménages serait assuré.
Les banques commerciales pourront seulement se procurer de l'argent auprès des uns pour le prêter aux autres. Elles géreront les comptes courants en monnaie pleine. Cela les rendra par exemple pour la première fois entièrement sûrs, selon Reinhold Harringer.
La BNS pourra continuer à acheter des devises étrangères et à effectuer des opérations d'open market. S'il faut lutter contre la déflation en cas de croissance, elle transférera l'argent directement à la Confédération, aux cantons ou aux citoyens. Pour l'équivalent de quelques centaines de francs par an et par habitant, estiment les initiants.
https://www.swissinfo.ch/fre/les-partisans-de-la--monnaie-pleine--lancent-leur-campagne/43993012
«Nous aurons l'argent le plus sûr du monde»
par Christine Talos - Les partisans de «Monnaie pleine» ont lancé leur campagne. Ils demandent que la création d'argent, y compris électronique, soit du ressort de la BNS. Interview d'un initiant.
Le 10 juin prochain, les Suisses devront se prononcer sur une question de fond: qui doit créer les francs suisses? C'est ainsi que les partisans de l'initiative Monnaie pleine ont lancé leur campagne jeudi devant la presse à Berne. Pour eux, la réponse est claire: c'est à la Banque nationale suisse (BNS) de s'en occuper exclusivement, pour ce qui est de l'argent liquide comme aujourd'hui, mais aussi et surtout de l'argent électronique. Explications avec Jean-Marc Heim, juriste et membre de l'équipe de campagne.
20 minutes: Concrètement, que demande l'initiative?
Jean-Marc Heim: Elle pose une question politique essentielle à la démocratie: est-ce que le pouvoir de création monétaire doit être entre les mains du souverain, ou doit-il être entre les mains de puissances privées? La Constitution prévoit à l'article 99 que c'est la Confédération qui est compétente en la matière. Mais cet article date de 1891 et à l'époque, la monnaie électronique n'existait pas. Ce qui fait qu'aujourd'hui seul l'argent liquide, soit les billets et les pièces de monnaie, est encore créé par la BNS. L'émergence de la monnaie électronique a permis aux banques comme UBS ou Credit Suisse de détourner ce monopole. Cet argent électronique représente actuellement 90% de notre argent.
Vous voulez donc que la monnaie électronique corresponde à du concret, en clair que chaque franc inscrit sur nos comptes salaires soit un vrai franc et pas une écriture comptable?
Absolument. Quelle que ce soit la forme que prend le franc suisse, que ce soit du liquide ou de l'électronique. Notre texte demande que la monnaie électronique devienne exactement comme les pièces et les billets.
«L'argent sur nos comptes en banque, c'est comme les points cumulus»
Concrètement, qu'est-ce qui changerait ?L'argent que nous avons sur nos comptes serait des vrais francs et non plus de la monnaie privée comme actuellement. Aujourd'hui, l'argent que nous possédons sur nos comptes n'est pas réel. C'est une créance que le client a contre sa banque. C'est un peu comme les points cumulus de la Migros.
Si tout le monde retirait son argent en même temps à la banque, nous n'aurions pas assez de billets à distribuer
En effet, car les banques ne sont tenues d'avoir que 2,5% de l'argent se trouvant sur les comptes des clients en réserve à la BNS. Et si tout le monde venait chercher son argent en même temps, la banque ne pourrait effectivement pas le verser. Mais il y a aussi un autre problème: si la banque devient insolvable en raison d'une faillite, l'argent est également perdu.
Vous estimez donc que votre initiative apporterait de la sécurité aux Suisses?
Oui. C'est une sécurité pour les titulaires de comptes individuels, mais aussi pour l'économie car avec la monnaie pleine, la faillite d'une grande banque systémique ne met plus en danger le trafic des paiements. Il n'y aurait donc plus besoin de la sauver avec l'argent du contribuable et il n'y aurait plus le risque de paralysie du trafic des paiements, paralysie qui peut être catastrophique pour l'économie.
Est-ce que cela ne va pas ralentir l'économie si tout passe par la BNS et que les banques ne peuvent plus octroyer de crédits?
Rien ne passera par la BNS de plus qu'aujourd'hui! En effet, les banques resteront entièrement compétentes, comme c'est le cas aujourd'hui, pour tout ce qui relève de la gestion des comptes de paiements. Sauf que ceux-ci seront gérés fiduciairement en dehors de leur bilan. Elles resteront compétentes aussi pour l'octroi de crédits, avec la même immédiateté. Et elles resteront compétentes aussi pour la gestion de fortune.
La Suisse est réputée pour sa place bancaire. Si on accepte l'initiative «Monnaie pleine», elle deviendrait pionnière en la matière. N'est-ce pas risqué pour notre réputation et nos affaires?
Bien au contraire. Je pense que la Suisse serait un exemple admiré dans le monde entier et très envié. Parce que la Suisse a déjà une réputation historique en matière de sécurité. Certes, la Suisse offrait aussi des garanties grâce à son secret bancaire qui a disparu. Mais la monnaie pleine va apporter beaucoup plus que le secret bancaire et elle sera bien plus transparente. Nous aurons l'argent le plus sûr du monde. En outre, cela ne va pas perturber les relations internationales puisque déjà aujourd'hui le marché des devises internationales fonctionne avec de la monnaie pleine.
Le seul point qui peut nous faire échouer, c'est que nos adversaires (..) peignent le diable sur la muraille pour faire peur aux gens.
Cela poserait quand même des problèmes pour tout ce qui est investissements, non?
Non. Car aujourd'hui 80% de l'argent créé par les banques va dans des casinos financiers. Et ne profite pas aux vrais investissements dans l'économie directe.
Votre initiative semble être une panacée. Pourtant presque personne ne vous soutient sur le plan politique. Pourquoi?
Il faut peut-être s'interroger sur le système actuel, un système qui a été mis en place par des intérêts privés. Ceux-ci ont pu prendre un pouvoir qui dépasse le pouvoir politique et ont donc réussi à mettre à leurs bottes un grand nombre de politiciens et d'organisations.
Néanmoins, vu la complexité du sujet, vous n'avez que peu de chances devant le peuple...
Le seul point qui peut nous faire échouer, c'est que nos adversaires racontent de fausses choses et peignent le diable sur la muraille pour faire peur aux gens. Car la question que pose l'initiative n'est pas une question technique d'économiste. C'est une question politique. Or, c'est un droit que de décider si le pouvoir de la création monétaire doit appartenir à l'Etat ou s'il doit être privatisé.
(nxp)
Le texte de l'initiative officiel:
INITIATIVE MONNAIE PLEINE SUISSE: Commandez -
Tout le matériel d'information est envoyé gratuitement, à l'exception des articles de Boutique et des livres. Après avoir rempli le formulaire de commande et choisi vos articles, cliquez sur ”Envoyer” tout en bas de la page.
Avec mes meilleures salutations
Nouvelle adresse: 23, Av. Edouard Dapples, CH 1006 LAUSANNE. SUISSE